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Ibrahima Traoré : « La Bundesliga est devenue assez homogène »
Ce samedi, le Borussia Mönchengladbach se déplace au Hertha Berlin pour un duel de haute intensité (15h30). Un match qui parlera forcément à Ibrahima Traoré, puisque c'est dans la capitale allemande qu'a commencé le parcours en Bundesliga de l'international guinéen, aujourd'hui solidement installé chez les Fohlen et qui se remet peu à peu d'une série de pépins physiques.
Le week-end dernier, on t’a vu sur le banc contre Schalke. Tu es complètement remis de cette blessure musculaire survenue pendant la préparation ?J’ai encore des douleurs, mais petit à petit, ça va mieux. Je ne suis pas encore à 100% au top de ma forme, j’ai encore des douleurs, mais il n’est pas impossible que je sois là contre le Hertha.
C’est toujours spécial pour toi de retourner à l’Olympiastadion ? On se rappelle que c’est au Hertha qu’a commencé ton odyssée allemande en 2007.Je n’y ai pas disputé beaucoup de matchs de Bundesliga, mais ça reste le club qui m’a permis de me révéler avant de partir à Augsbourg (en 2009, N.D.L.R.). Ça me fait toujours plaisir de revenir à Berlin, mais bon, au fil des ans, c’est de moins en moins spécial.
Ce match face aux Berlinois, c’est LE duel pour la quatrième place : vous êtes à égalité parfaite (deux victoires, un nul, cinq buts marqués, deux encaissés). Tu t’attendais à un tel démarrage de la part de ton ancien club ?
Bon, ce n’est que le début de saison, on a joué seulement trois matchs, mais ils sont allés chercher des points contre des gros (Schalke et Wolfsburg, N.D.L.R.) et ce n’est en rien dû au hasard. Ils pratiquent un football cohérent et semblent s’être débarrassés des difficultés qu’ils avaient l’année dernière. Sur le papier, c’est un adversaire plus facile et on va y aller pour chercher des points. Mais il faudra se méfier de la petite euphorie qui s’est installée là-bas, d’autant qu’ils auront le public avec eux.
Du côté de Gladbach, vous réalisez actuellement le meilleur début de saison depuis sept ans. Qu’est-ce qui a changé cet été ?Déjà, le système de jeu nous correspond mieux. On est passé en 4-3-3, alors qu’on évoluait plutôt en 4-4-2 modulable en 3-5-2 la saison dernière. Et puis surtout, on enregistre un grand nombre de retours de blessures. On a d’ailleurs pas mal changé le staff médical parce que l’année dernière, on arrivait à certains matchs avec dix-onze blessés. Aujourd’hui, on est redescendu à quatre, et la première conséquence, c’est que la concurrence a énormément augmenté, ça aide. L’an passé, l’équipe se faisait parfois toute seule tellement il manquait des joueurs. Maintenant, plus personne ne peut se reposer et celui qui joue sait qu’il n’a plus le droit à l’erreur.
C’est quelque chose dont pourrait pâtir Michaël Cuisance, qui avait été élu joueur de l’année par les supporters ?Qu’il ait disputé autant de matchs la saison dernière (24, N.D.L.R.), ça a été une énorme surprise pour nous, même si on a tout de suite vu ses qualités à l’entraînement. Il n’a eu aucun mal à le montrer en compétition, mais cette année, ça va être plus difficile, car ils sont six à son poste, et le coach doit faire des choix. Pour l’instant, c’est lui qui en pâtit, car il n’a pas beaucoup de temps de jeu (une minute en championnat, dix-sept en Pokal, N.D.L.R.), mais ça n’enlève rien à son potentiel.
Cuisance en train de se faire Thilo Kehrer
Un mot également sur Alassane Pléa, arrivé cet été pour 23 millions d’euros, soit le transfert le plus cher de l’histoire de Gladbach. Ce n’est pas trop dur de débarquer avec un statut pareil ?
Je crois que ça se passe bien pour lui, mais il faut dire qu’il a la chance d’arriver dans un club où l’on est beaucoup à parler français. C’est plus facile pour la communication et donc l’intégration. Aussi, il a vécu toute la préparation avec nous, donc ça lui a donné la possibilité de s’adapter à l’Allemagne, de savoir comment on joue ici, parce que c’est une manière assez particulière. Mais c’est un attaquant complet que je suivais déjà un peu en France. Il travaille bien sur les défenseurs, il est difficile à prendre, il est très précis… Bref, c’est une belle surprise, je trouve que le club a eu raison de parier sur lui.
Qu’est-ce que ça veut dire jouer d’ « une manière assez particulière » ? Aujourd’hui, ça veut tout simplement dire jouer au foot. Avant, on s’efforçait de juste bien jouer et d’avoir la satisfaction d’être la meilleure équipe sur le terrain. Mais les résultats ont péché et malheureusement, on sait que le football est un sport de résultats où la manière est souvent laissée de côté. Maintenant, on essaye d’être moins prévisibles, plus spontanés, de moins garder la balle et de trouver la solution en profondeur plutôt que de revenir en arrière et de casser le rythme. C’est ce qui s’est passé contre Schalke et ça s’est ressenti à la fin (victoire, 2-1, N.D.L.R.).
Gladbach sort de deux saisons moyennes (9e à chaque fois). L’Europe est un objectif sensé cette année ? On s’est fixé un objectif interne, mais on est désormais plus prudents sur ce qu’on communique à l’extérieur. C’est vrai qu’on a été pas mal européens ces dernières années, les attentes des gens sont logiquement grandes par rapport au club et on s’est peut-être un peu laissés dépasser. On a terminé neuvièmes, mais on s’est battus jusqu’au bout pour la Ligue Europa en la ratant de peu, pour toutes les raisons que j’évoquais. Cette année, on a toutes les forces en présence, on démarre bien et on est donc plus sereins par rapport aux attentes des uns et des autres.
Qui sont vos concurrents directs cette année ?
Difficile à dire… Tout change très vite en Bundesliga. Il y a deux ans, on n’aurait pas dit que Leipzig serait un challenger pour l’Europe. Même chose avec Francfort et pourtant, ils sortent de deux finales de Pokal consécutives et sont dans les poules de la C3 cette année. Et puis il y a Stuttgart aussi, promu, relégable à la trêve et qui termine finalement devant nous… Tout ça montre que la Bundesliga est devenue assez homogène. Comme on dit aujourd’hui, il y a le Bayern, il y a le Borussia Dortmund et il y a tous les autres qui peuvent prétendre aux places européennes. Et chaque année, il y a les surprises et ceux qui sont à leur place.
Pour finir, ton entraîneur Dieter Hecking a déclaré en conférence de presse qu’il souhaitait emmener un groupe de 23 joueurs les jours de match, comme cela se fait déjà en Italie, et non plus de 18. Ce serait une bonne idée selon toi ?Symboliquement oui. L’entraîneur aurait tout le monde pour la mise au vert et la causerie. Pour la cohésion du groupe, c’est mieux. Et ça offre plus de possibilités tactiques au niveau des remplacements par exemple. Mais il ne faut pas se méprendre : qu’il y ait sept ou douze remplaçants, à la fin il n’y en a que trois qui entrent.
Propos recueillis par Julien Duez