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Ibrahima Bakayoko, 37 ans et encore faim

Par Mathias Edwards, pas loin de Bordeaux
Ibrahima Bakayoko, 37 ans et encore faim

En 19 ans de carrière, Ibrahima Bakayoko a trimballé son sourire sur les pelouses de Ligue 1, de Premier League, de Liga, de Serie A et du championnat grec. À 37 ans, il n'y avait aucune raison pour qu'il ne fasse pas profiter le championnat de France amateur de ses courses et ses buts. C'est chose faite, depuis janvier dernier et sa signature au Stade bordelais. Un parcours qui méritait bien une rencontre autour d'une salade de chèvre chaud avec « Baka ».

Lassina Diabaté peut trinquer en claquant son gobelet en plastique rempli d’Oasis avec celui de Michel Pavon, plus houblonné. Au sortir de l’exhibition de foot à cinq qu’il vient d’organiser pour lancer une opération commerciale, l’ancien milieu de terrain des Girondins de Bordeaux est tout sourire au bar du Ginga Foot, ce complexe futsal « 100% Brasil » posé au milieu d’une zone industrielle de Mérignac, en banlieue bordelaise. « Je suis ravi du monde qui est venu » , se félicite l’Ivoirien qui a troqué sa houppette peroxydée de champion de France 1999 pour une calvitie naissante qui fait bien rire Johan Micoud. Il faut dire que le plateau était de qualité, ce 5 mars. En plus de Pavon et Micoud, Lilian Laslandes, Kevin Olimpa (actuelle doublure de Carrasso aux Girondins) et… Ibrahima Bakayoko sont venus tâter le cuir pour aider leur ami. L’ancien attaquant de Montpellier et de l’OM a à peu près tout raté devant les cages de hand. Pas une raison suffisante pour effacer le sourire indélébile accroché au visage de celui qui depuis un peu plus d’un mois, à 37 ans, défend les couleurs du Stade bordelais, en CFA. Une fin de carrière inattendue qu’il invite à raconter le lendemain, dans un centre commercial Leclerc.

Les tomates et la crise grecque

« Je n’aime pas trop me déplacer et j’ai du mal à accepter les embouteillages » , explique d’emblée Bakayoko pour expliquer son choix de déjeuner dans la galerie marchande de l’hyper de Saint-Médard-en-Jalles, toujours en banlieue de la capitale girondine. À peine assis dans la brasserie qui accueille les employés des boutiques attenantes lors de leur pause-déjeuner, l’attaquant commande sans consulter le menu une salade de chèvre chaud. « On ne peut pas dire que j’ai déjà mes habitudes ici, mais j’y viens souvent par commodité, c’est à côté de chez moi. » Et « chez lui » , c’est pour l’instant chez Lassina Diabaté, qui l’héberge le temps qu’il trouve une maison pour faire venir sa famille. « Ce serait gênant que je sois à l’hôtel alors que mon ami est là, c’est l’esprit africain » , lâche Baka en croquant son toast recouvert de fromage au miel, avant de laisser échapper un « J’adore ça ! » qui trahit son amour pour la gastronomie méditerranéenne à 8,50 euros. Un goût pour l’huile d’olive et le lait de brebis qu’il a développé en Grèce, où il vient de passer sept saisons, de l’AEL Larissa à l’Olympiakos Volos, en passant par le PAOK Salonique et le PAS Giannina. « Avant d’y aller, je m’étais renseigné sur le pays et on m’avait vanté leur nourriture, qui contient peu de cholestérol. »

J’ai du mal à accepter les embouteillages

En dehors de la gastronomie locale, l’international ivoirien a observé la décrépitude du pays, touché par la crise économique. Lui qui voulait « expérimenter un mode de vie différent » a vu son entourage s’enfoncer chaque jour un peu plus dans les difficultés. « Là-bas, je ne suis pas resté dans un monde de footballeur avec tout à portée de main, je suis allé dans les villages discuter avec les gens. Au fil du temps, j’ai vu des familles touchées par la crise. Certaines ont eu du mal à gérer ça, mais dans l’ensemble, elle supportent assez bien. Ils profitent de la vie, malgré tout. J’en ai vu se contenter de peu, mais être plus heureux que des familles qui avaient les moyens, mais qui étaient stressées. Les gens sont plus heureux dans les villages que dans les villes. Ils vont à la nature, aux champs… Quand ils veulent cuisiner, ils font des tomates et c’est plus naturel. »

Un physique à retrouver

Cette vision de la vie toujours positive, c’est donc aujourd’hui à ses partenaires amateurs qu’il la transmet au Stade bordelais, comme en témoigne Yohan Kakesa, son jeune partenaire. « C’est quelqu’un de super aimable, gentil, ouvert. Il nous fait beaucoup rire, il chambre beaucoup à l’entraînement sur la technique. En plus, c’est vrai qu’il a un accent incroyable et une joie communicative. Il est tout le temps en train de rigoler. » Le jeune milieu de terrain n’a pas été le seul à être surpris de voir débarquer l’international au quatrième échelon national lors du dernier mercato hivernal. Cette arrivée au stade Sainte-Germaine, coincé derrière un Jardiland du Bouscat, toujours en banlieue bordelaise, c’est Lassina Diabaté, encore lui, qui en est à l’origine. Pour faire venir celui qu’il considère « comme un frère » , l’ancien récupérateur resté à Bordeaux pour « une qualité de vie qu’on ne trouve pas ailleurs » compte parmi son entourage Alain Fournier, qui en plus d’être son comptable, préside le Stade bordelais. L’homme a besoin d’un attaquant et Ibrahima Bakayoko est libre depuis la fin de son contrat avec l’Olympiakos Volos. Si Diabaté, qui se félicite que « la colocation se passe bien » affirme que Bakayoko « n’a pas été difficile à convaincre parce que le football reste sa passion et qu’il a encore la flamme » , l’homme se fait tout de même désirer pendant six mois avant de se laisser convaincre.

Quel attaquant peut se vanter d’avoir tout réussi ?

Une absence des terrains que le globe-trotter paye aujourd’hui, son quotidien se résumant à retrouver la forme pour enfin débuter une partie sous ses nouvelles couleurs. Pour cela, il s’entraîne tous les jours, comme un pro. « C’est une habitude. Certains coéquipiers ont un programme adapté, parce qu’ils travaillent à côté, ce que je comprends même si j’ai du mal à l’accepter. Mais j’ai découvert un état d’esprit intéressant avec ces joueurs amateurs » , confie celui qui ne sait pas encore si ce passage chez les amateurs est une parenthèse ou le point final d’une carrière qui l’a vu intégrer le cercle très fermé de ceux qui ont évolué en Ligue 1, en Liga, en Premier League et en Serie A.

« Je suis un acteur »

De ce parcours de routard, Ibrahima Bakayoko, qui confesse une phobie de l’avion, ne tire pas de fierté particulière. Il se félicite simplement d’avoir découvert différentes cultures, qui « enrichissent la vie de tous les jours » . Après des débuts flamboyants à Montpellier, avec entre autres une saison 1996/1997 à 13 buts et quelques matchs joués aux côtés de Xavier Gravelaine – « le partenaire avec lequel je me suis le mieux entendu sur le terrain » – Baka découvre le temps d’une petite saison à Everton la folle ambiance des stades anglais avant de goûter à celle, plus versatile, du stade Vélodrome. À Marseille, où il passe cinq saisons, il est capable du meilleur comme du pire. Et est rapidement pris en grippe par les supporters, comme en témoigne Mathieu, responsable des South Winners : « Les rapports entre Bakayoko et le public marseillais ont toujours été un peu spéciaux. Nous n’avions pas de haine envers lui, c’était surtout du chambrage. Et puis à l’OM, on a toujours eu des têtes de turc et il en faisait partie. Mais on lui pardonnait parce qu’il se débrouillait souvent pour marquer contre Paris. »

De son côté, le joueur qui avoue être nostalgique des passes du plat du pied de 35 mètres d’Ivan de la Peña, regrette que la mémoire collective ne retienne que ses ratés, comme ce coup franc face à Montpellier frappé tel une pénalité de rugby et passé au zapping de Canal+. « C’est vrai qu’il m’arrivait de rater des occasions faciles, mais quel attaquant peut se vanter d’avoir tout réussi ? Cela arrive à tout le monde. Arrêtez de me parler de ce que j’ai raté. Quand vous éduquez votre enfant, insistez sur le positif, pas sur le négatif ! En dehors du stade, les gens m’ont toujours respecté. À Marseille, personne ne m’a insulté ou agressé dans la rue. Au stade, les gens paient leur billet. S’ils ne sont pas satisfaits, ils sifflent, c’est leur droit. J’exerce un métier médiatisé, avec des risques et des contraintes. Je suis un acteur. Et les gens qui n’aiment pas le film l’expriment, jugent. » Ses talents d’acteur, c’est ensuite à Osasuna qu’il ira les exercer. De la Liga, Bakayoko reste marqué à vie par la fulgurance de Ronaldo. En Espagne, il ne plante que quatre fois avant de passer une saison à Istres, puis de faire route vers la Serie A, le championnat où il a « pris le plus de plaisir, professionnellement » . À Livourne, d’abord, puis à Messine et sa lagune « étonnante » qui lui donne envie de découvrir l’Atlantique dès qu’il aura un peu de temps libre. En attendant, « Baka » projette d’abord de visiter l’Ikea de Bordeaux, surtout depuis qu’il a appris qu’il s’agissait du plus vaste de France. Bien évidemment, il est situé en banlieue.

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