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Iban Salvador : « Ce que l’on veut dénoncer, c’est la corruption ! »

Propos recueillis par Adel Bentaha et Jean-Baptiste-Chanet

Malgré une CAN réussie, la Guinée équatoriale est tourmentée par des affaires internes, mêlant corruption, écarts disciplinaires et suspensions en tous genres. Iban Salvador, vice-capitaine de la sélection et principal concerné, raconte.

Iban Salvador : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Ce que l’on veut dénoncer, c’est la corruption !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Retour en arrière. Après avoir terminé première du groupe A de la CAN 2023 en accrochant le Nigeria et en étrillant l’hôte ivoirien (4-0), la Guinée équatoriale est tombée avec les honneurs en huitièmes de finale contre la Guinée de Mohamed Bayo (1-0). Malheureusement pour le Nzalang Nacional du capitaine Emilio Nsue – pichichi de cette 34e édition (5 buts) –, la suite des événements a été beaucoup moins savoureuse : Nsue, le sélectionneur Juan Micha, et son vice-capitaine Iban Salvador ont été suspendus par leur fédération, pour des motifs flous. Ce dernier a accepté de nous donner sa version.

 


Iban, vous sortez d’une belle Coupe d’Afrique des nations avec la Guinée équatoriale. Quel bilan en tires-tu ?

La CAN aurait dû être belle pour nous. On fait nul contre le Nigeria, on bat la Côte d’Ivoire, pays organisateur, et on termine premiers de notre groupe ! Et même si l’élimination a été douloureuse (défaite 1-0 dans le temps additionnel contre la Guinée, NDLR), nous étions fiers d’être sortis avec les honneurs. Malheureusement, cela n’a pas duré.

Tu fais référence à ta suspension par la fédération ?

Je l’ai appris comme tout le monde : sur les réseaux sociaux. (Rires.) C’était le lendemain du match contre la Guinée, on m’a demandé de regarder les infos, et je suis tombé sur le communiqué de la Fédération. C’est fou parce que tu es pris au dépourvu et que tu ne sais pas comment réagir. Qui aller voir ? Que leur dire ? Donc avec Emilio, qui était l’autre joueur cité dans l’affaire, plus le coach, on s’est mis d’accord pour ne pas communiquer avant la fin de la compétition. C’est pour cela que deux jours après, on a fait cette vidéo (un live sur Instagram pour dénoncer les agissements de la Fédération, NDLR).

Il y a une procédure interne en cours pour virer ceux qu’Emilio Nsue a bien nommés “cancers”, et c’est en bonne voie.

Mais tu te dis quoi en lisant ce communiqué ?

Toutes les choses dont on nous a accusés sont fausses, tout simplement. Cela fait dix ans que je suis en sélection. Ma première cape, je l’ai eue à 18 ans, et je n’ai jamais eu le moindre souci depuis. Mieux, notre génération n’a fait que progresser. Et aujourd’hui, on dit de nous que nous foutons le bordel dans le groupe ?! Donc avec Emilio, qui est notre capitaine, nous avons décidé de contre-attaquer, en mettant en lumière les agissements de certains membres de la fédération, qui pensent avant tout à leur situation personnelle.

De ce que l’on a compris dans votre vidéo avec Nsue, la fédération s’en serait prise à vous pour camoufler ses agissements ?

Oui ! Ce que l’on veut dénoncer, c’est le problème de beaucoup de sélections africaines : la corruption. Trop de dirigeants fédéraux utilisent l’argent qui doit normalement revenir au football local, à des fins personnelles. Pendant longtemps, le football en Guinée équatoriale avait mauvaise presse, car la fédération naturalisait des étrangers, au lieu de faire confiance aux joueurs du pays. Il y avait ensuite eu un nettoyage à la fin des années 2010 avec l’arrivée des binationaux et d’une génération vraiment amoureuse du pays. Et là, on retombe dans nos travers, mais si c’est le prix à payer pour que notre football soit encore plus propre qu’avant, alors on continuera à protester.

Que vous êtes-vous dit entre coéquipiers ces dernières semaines ?

On a fait consensus pour ne pas trop s’étaler dans les médias. Il y a une procédure interne en cours pour virer ceux qu’Emilio a bien nommés « cancers », et c’est en bonne voie. Donc c’est pour cela qu’on va moins s’exposer médiatiquement, pour laisser faire la procédure. On a juste décidé de faire quelques entretiens, dont celui-ci, pour mettre en avant nos problèmes, ceux de beaucoup de fédérations africaines et ne pas nous laisser dans l’indifférence.

 

Plus que les autres sélections africaines, la Guinée équatoriale est quasi exclusivement composée de binationaux. Tu n’as pas peur que cette affaire fasse « peur » aux jeunes susceptibles de rejoindre l’équipe dans le futur ?

Au contraire ! Si on fait tout cela, c’est justement pour montrer la vérité à nos jeunes. Vendre les bons côtés du football c’est facile, mais il est tout aussi important d’afficher ce qui est négatif, ce qui est réel. Si l’on veut que nos jeunes choisissent de jouer pour la Guinée équatoriale dans le futur, il faut d’abord nettoyer notre fédération. C’est en laissant les choses en l’état que ces gamins risquent d’être effrayés en arrivant.

D’ailleurs, tu es directement concerné, car tu n’es pas né en Guinée équatoriale, mais en Espagne.

Mon grand-père maternel est équato-guinéen et même si je n’ai jamais vraiment eu de relation avec lui, j’ai toujours été conscient de ces origines. Même si je ne connaissais pratiquement rien de la Guinée équatoriale ou de l’Afrique, je n’avais d’ailleurs jamais regardé un match de CAN. Mais en grandissant, l’envie de représenter le pays de ma mère émergeait doucement. Et en rencontrant Carlos Akapo (également devenu international équato-guinéen), il m’a convaincu d’entrer en contact avec la fédération.

C’est une folie de voir des clubs refuser de signer des joueurs ou les menacer, car ils jouent la CAN. Si cela concernait l’Euro, on aurait déjà trouvé des solutions.

Quel a donc été le contexte de ton arrivée en sélection ?

Avant 2015 et la mise en place de la réforme qui obligeait les joueurs à posséder des origines équato-guinéennes, la fédération naturalisait des Brésiliens, des Colombiens ou des Argentins. Heureusement, une génération de joueurs d’origine équato-guinéenne est arrivée. En rencontrant les dirigeants de la fédération à Valence, je leur ai même demandé d’accélérer les procédures, car j’étais pressé de rejoindre l’équipe. Pouvoir me dire aujourd’hui que j’ai 9 ans d’expérience en sélection est exceptionnel.

Tu as d’ailleurs tout fait pour ta sélection. Au point de t’exiler en Pologne.

J’ai quitté Fuenlabrada en juillet 2023 pour rejoindre Ceuta (Primera RFEF, la D3 espagnole, NDLR). Mais en arrivant là-bas, ils m’ont fait comprendre qu’ils ne souhaitaient pas que je dispute la CAN. Je leur ai dit qu’il était impossible pour moi de renoncer à la sélection. J’ai donc dû trouver un point de chute rapidement à la fin du mercato (le 1er septembre 2023), et ai donc signé au Miedź Legnica, en Pologne. L’avantage ici, c’est qu’il y a une coupure pendant l’hiver, ce qui n’est pas le cas en Espagne. Le problème, c’est que je ne parle pas très bien l’anglais, et encore moins le polonais. (Rires.)

Ce problème des joueurs africains qui sont retenus par leur club ou « mis de côté » est également présent en France, quelle est ton opinion sur le sujet ?

C’est une folie de voir des clubs refuser de signer des joueurs ou les menacer car ils jouent la CAN. Si cela concernait l’Euro, on aurait déjà trouvé des solutions. De plus, c’est le joueur qui a le plus à perdre, car il s’engage dans un projet avec un club, en sachant qu’il perdra du temps pendant la saison, en allant à la CAN.

Pour finir, comment envisages-tu la suite de ta carrière avec le Nzalang ?

Je n’ai que 28 ans, donc je suis loin de la retraite. (Rires.) Je compte bien revenir en sélection avec encore plus d’envie. En mars prochain, c’est une série de matchs amicaux qui nous attend, donc bon, pas très grave si je ne suis pas là. En revanche, au mois de juin, on reprend les qualifications à la Coupe du monde 2026 avec un choc déjà décisif contre la Tunisie, et je compte bien être présent. En espérant, bien sûr, que d’ici-là, les problèmes seront derrière nous.

L’Algérie lance idéalement sa campagne de qualification contre la Guinée équatoriale

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