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Ianis Hagi, Carpates fraîches
Grand artisan du début d'Euro U21 tonitruant de la Roumanie, qui a déjà renvoyé l'Angleterre et la Croatie à la maison, Ianis Hagi est l'une des cautions frisson des Tricolorii qui défient ce lundi soir les Bleuets. Après avoir quitté la Fiorentina sur la pointe des pieds pour rentrer au pays en janvier 2018, le fiston de l'illustre Gheorghe Hagi va vouloir continuer de montrer à l'Europe du foot qu'il est désormais prêt à faire le grand saut.
Ianis Hagi fait donc partie de ces rares types qui savent encore fêter comme il se doit un but. Pas de saloperie de danse Fortnite pour lui, ou de regard de défi vers la foule. Juste une course folle jusqu’à la tribune de supporters, qui se finit les deux genoux dans le gazon et les bras levés vers le ciel. Le fils Hagi vient d’envoyer un caramel pied gauche dans les filets anglais, et sa Roumanie mène deux buts à un. Un match, le second de sa phase de groupes, qu’elle remportera finalement quatre à deux. La France, qui affronte ce lundi les Tricoloriipour leur chiper la première place du groupe C en vue d’une qualification pour les demi-finales de cet Euro U21, ne pourra pas dire qu’elle n’était pas prévenue.
Le bide florentin
Ianis Hagi avait pourtant quitté la lumière des projecteurs continentaux sur un échec. Un fiasco du genre douloureux, qui peut vous bousiller une carrière si vous n’avez pas le crâne un minimum blindé. Après avoir fait ses preuves au Viitorul Constanța entraîné par Gheorghe, son célébrissime papa, le gamin auréolé d’une réputation de numéro 10 virtuose dans un parallélisme évident avec son géniteur débarque à la Fiorentina en 2016. Une équipe qui adore les « fils de » , puisque Ianis retrouve chez les Violets Federico Chiesa et Giovanni Simeone. Problème : quand l’Italien et l’Argentin s’épanouissent déjà en équipe A, le Roumain reste bloqué à l’échelon inférieur en Primavera. Il s’y impose comme l’un des joueurs les plus prometteurs des catégories jeunes, comme en attestent ses statistiques flatteuses (19 matchs, sept buts).
Mais après avoir disputé seulement deux tout petits bouts de rencontres en Serie A lors de l’exercice 2016-2017, Ianis s’impatiente. Les promesses qui lui ont été faites, notamment quant à son temps de jeu dans l’élite italienne, n’ont semble-il pas été respectées. C’est en tout cas ce qu’avance Papa Hagi, qui décide alors de monter au créneau : « Je ne suis pas en colère contre la Fiorentina, mais je suis amer à propos de ce qu’il s’est passé… Lorsque mon fils a déménagé, j’ai été invité à Florence et nous nous sommes entretenus face à face, à la même table, avec les dirigeants du club… En pratique, pourtant, ils n’ont offert aucune possibilité à Ianis. Rien. Avec la Fiorentina, mon fils a fait ses débuts en catégorie A le 23 octobre 2016. Un an plus tard, la Fiorentina gagnait 3 à 0 contre Vérone, mais Ianis demeurait sur le banc. À ce moment-là, j’ai compris que quelque chose n’allait pas… Pioli (l’entraîneur des Violets à l’époque, N.D.L.R.) disait que Ianis était trop pressé, il a toujours parlé de son corps, de sa condition physique, en disant qu’il n’était pas prêt… »
Retour gagnant
Pour relancer une carrière à l’arrêt, Ianis va donc retourner tout droit en Roumanie. Et vers son père, propriétaire du FC Viitorul Constanța, qu’il entraîne aussi depuis 2014. Une position hégémonique, qui permet au Maradona des Carpates de faire plus ou moins ce qu’il veut à Constanta. Le fiston Hagi, transféré pour deux millions d’euros en janvier 2018, est ainsi rapidement nommé capitaine du club. Sauf que Ianis n’est pas qu’un gamin pistonné. Cette saison, en 24 matchs de championnat roumain, il a délivré cinq passes décisives et inscrit sept buts. Le tout en s’imposant parallèlement comme l’une des pièces maîtresses de la Roumanie U21. Une sélection qui s’est qualifiée pour son premier Euro Espoirs depuis 1998, et qui vient de baffer successivement la Croatie et l’Angleterre en début de tournoi.
Deux matchs où Hagi a évolué dans des conditions pas loin d’être idylliques. Que les Tricolorii jouent en 4-2-3-1 ou 4-4-2 à plat, il constitue toujours l’électron libre en retrait de l’attaquant de pointe George Puscas. Un poste de 9 et demi dans lequel il peut exprimer à la fois ses qualités de création, et de finition. La précision de passe et l’adresse face au but de celui qui est capable d’utiliser parfaitement ses deux pieds ont d’ailleurs déjà fait forte impression, depuis le début de la compétition. Quant à son échec florentin, récemment évoqué en conférence de presse, le gamin préfère le cacher d’un voile pudique même s’il jure qu’ « un jour viendra où il parlera aussi de cela » . En attendant, le fiston Hagi tentera de réaliser une promesse d’un tout autre genre, lui qui avait assuré début juin que la Roumanie « serait la surprise du tournoi » . Pour ce faire, il faudra désormais éjecter ce lundi soir la France d’un Euro Espoirs où Hagi et ses Tricoloriisemblent n’avoir peur de personne.
Par Adrien Candau
Tous propos issus de la Gazzetta dello Sport.