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Hutchinson, un jeunot chez le leader écossais
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Celtic Glasgow ne se balade pas en championnat d’Écosse. L’actuel leader, c'est le club de Motherwell, et l’une de ses pépites se nomme Shaun Hutchinson. Âge : 21 ans. Profession : défenseur.
Son club n’a pas eu besoin de débourser 12 millions d’euros pour s’attacher ses services. Pourtant, à 21 ans, Shaun Hutchinson est bien titulaire au sein de son club de Motherwell. Cette équipe du North Lanarkshire vit un début de saison quasi-idyllique. Avec la relégation en quatrième division des Glasgow Rangers, la course au titre est en effet ouverte en Écosse, malgré le statut de favori du Celtic. Or, pour le moment, le leader, c’est Motherwell. Et dans ce club où la plupart des noms sont inconnus au bataillon, un joueur est en train de faire son trou. Il s’appelle Shaun Hutchinson et affiche 1990 comme année de naissance sur sa carte d’identité. Mais le jeune âge de son poulain est loin de rebuter Stuart McCall, le coach du club depuis décembre 2010. McCall voit en lui un futur grand défenseur, et a donc décidé d’en faire l’un de ses titulaires depuis le début de la saison dernière, aux côtés des plus expérimentés Hammel et Ramsden, tous deux âgés de 30 ans. Ce week-end, Hutchinson s’est même transformé en buteur et a scoré lors d’un match un peu fou contre Aberdeen (3-3). Son premier but de la saison et le sixième, déjà, en Premier League écossaise. Mais il sort d’où, ce joueur qui porte le même qu’une dizaine de villes aux États-Unis ?
De Newcastle à Motherwell
Shaun Hutchinson joue en Écosse, mais n’est pas écossais. Ouais. Le gamin est né à Newcastle, au nord de l’Angleterre. Et c’est justement dans les parages qu’il va débuter sa carrière. Son premier club ? Wallsend Boys Club, une équipe réputée dans la région pour révéler de nombreux footballeurs. La preuve : 65 joueurs passés par Wallsend Boys Club sont devenus professionnels. Hutchinson en fait donc partie. Il fait ses débuts à WBC en 2002, alors qu’il n’est âgé que de 12 ans. Il joue cinq années là-bas, avant d’être repéré par un autre club. Non, il ne s’agit pas de Newcastle. C’est la formation écossaise de Motherwell qui établit les contacts pour faire signer le joueur. Shaun accepte de signer en Écosse, dans une ville qui ne se trouve finalement qu’à 200 bornes au nord de Newcastle. On a vu pire, comme dépaysement. Avec ses 17 balais dans les jambes, Hutchinson n’est toutefois pas encore promu en équipe première.
Il se coltine la réserve pendant deux ans, mais devient rapidement l’une des certitudes de l’entraîneur, qui le pousse vers l’équipe première dès la fin de la saison 2008-09. Il dispute alors son premier match officiel avec Motherwell, le 16 mai 2009, avant-dernière rencontre de la saison face à Hamilton Academical (victoire 3-0). Plutôt satisfaisant pendant les 90 minutes qu’il dispute, le défenseur se joint au groupe pro pendant l’été suivant, histoire d’être étudié de près par le coach, l’Irlandais Jim Gannon (rien à voir avec le dernier boss dans Zelda). Quelques entraînements suffisent. Shaun est officiellement intégré à l’équipe première. Il commence alors petit à petit : des apparitions lors des tours préliminaires de l’Europa League, puis des entrées en championnat. Ahurissant : en Premier League, il dispute cinq matchs sur l’ensemble de la saison, mais réussit l’exploit de marquer trois buts, dont deux lors de ses deux premiers matchs. Suffisant pour qu’il devienne le chouchou des supporters. Mais la suite va être un peu compliquée. Bah ouais, ça aurait été trop easy.
Le feeling avec McCall
En effet, Jim Gannon ne mise que peu sur lui lors de la saison suivante. Hutchinson joue peu, voire quasiment pas. Parallèlement, les résultats de Motherwell sont mauvais. En décembre 2010, alors qu’il vient tout juste de fêter ses 20 ans, Shaun est censé partir en prêt à Ayr United, en troisième division écossaise. Finalement, le prêt est annulé à cause… du mauvais temps et du report de nombreux matchs d’Ayr United. N’importe quoi. Du coup, Hutchinson reste, bien déterminé à se faire une place dans l’équipe type. Cela tombe bien : Gannon vient de se faire virer, et c’est Stuart McCall qui est nommé sur le banc de Motherwell. De plus, le défenseur Mark Reynolds se tire au mercato à Sheffield Wednesday, libérant ainsi une place au centre de l’arrière-garde. Un véritable lien se crée alors entre Hutchinson et McCall, qui en fait immédiatement un titulaire indiscutable. Les résultats arrivent : Motherwell se relève en fin de saison et termine sixième. Hutchinson gagne ainsi la confiance du coach, après avoir déjà conquis celle des supporters. Son contrat est prolongé jusqu’en 2014, alors que plusieurs clubs anglais étaient venus tâter le terrain.
La suite est quasiment « logique » . Le défenseur dispute 30 matchs de championnat lors de l’exercice 2011-12, contribuant largement par ses prestations à la troisième place du club, synonyme de qualification pour le tour préliminaire de la Ligue des champions, grâce à l’exclusion des Rangers. L’occasion pour le jeune joueur de découvrir la C1, même si le parcours de Motherwell s’arrête dès le premier tour (double défaite face au Panathinaikos). Et ce début de championnat 2012-13 est encore plus fou : Motherwell vole en tête du championnat écossais et est surtout la seule équipe encore invaincue. Mais une drôle de semaine attend Hutchinson et ses potes. Mercredi, Motherwell se déplacera chez les bannis Rangers en League Cup. Puis, samedi, les Steelmen recevront le Celtic, pour un match qui dira si, oui ou non, cette équipe est capable de lutter pour le titre. Le défenseur britannique, lui, ne se fait pas de soucis. « Peur du Celtic ? Je n’ai jamais eu peur d’aucun adversaire, je ne vois pas pourquoi j’aurais peur du Celtic » , a-t-il affirmé après le nul 3-3 contre Aberdeen. Et tout ça pendant que John Terry annonce sa retraite internationale. Bonne coïncidence, non ?
Eric Maggiori