Salut Hussein, aujourd’hui est un grand jour pour la famille Yatabaré : Sambou reçoit Mustapha au stade Armand Cesari.
Oui, c’est un grand jour pour nous, c’est sûr que ça fait plaisir de les voir se rencontrer. Pour l’occasion, je sais pas encore où je vais regarder le match.
T’hésites entre quoi ?
Personnellement, j’aimerais bien le regarder en famille, pour l’ambiance et tout, un véritable classico, mais les samedis soir, c’est le jour phare pour la chicha (ndlr : Hussein est le propriétaire du Diamant Noir à Beauvais), donc je risque de devoir travailler. Enfin, c’est pas très grave, j’ai plusieurs potes d’enfance qui vont venir voir le match et surtout, j’ai trois télés, donc il y aura moyen de suivre ça attentivement.
Quels sont les antécédents familiaux ?
Ils se sont déjà rencontrés une fois, en 2009, quand Mustapha jouait à Clermont et Sambou à Caen. J’étais venu au stade avec ma mère, mes sœurs et mes autres frères pour les encourager. Franchement, je me souviens que c’était un très bon match, on avait bien profité en famille. Les deux avaient été bons, mais finalement c’est Sambou qui avait gagné 3-1.
Il y a une action particulière qui te revient en mémoire ?
Haha oui, je me souviens qu’à un moment, Sambou avait taclé assez durement Mustapha, qui d’ailleurs était sorti sur blessure ce jour-là. Enfin bon, c’était pas directement lié, mais c’est sûr qu’en tout cas, ils ne se feront pas de cadeaux sur le terrain. Ils vont jouer normalement, comme des pros. Le métier passe avant tout.
Toi aussi, tu es passionné de football : tu joues en CFA à Beauvais. Qu’est-ce que ça fait d’avoir deux frères professionnels ?
Plus qu’un plaisir, c’est une source de motivation. Cela prouve bien que tout le monde peut y arriver. Quand tu vois les footballeurs à la télé, tu te dis que c’est impossible, mais moi j’ai grandi avec eux, je les ai vus évoluer au jour le jour pour arriver au plus haut échelon. Ils sont la preuve que ça peut marcher.
Plus jeune, tu tâtais la balle un peu avec eux ?
Oui bien sûr, on jouait très souvent dans notre quartier du plateau Saint-Jean, à Beauvais, on faisait des cinq-contre-cinq. On jouait en un ou deux buts avant de tourner. Bon, le problème, c’est que moi, j’étais dans le groupe des petits, je n’ai pas le souvenir d’un victoire marquante, c’est un peu trop loin, même si je sais qu’on a dû en arracher une ou deux.
Cela se voyait déjà à l’époque qu’ils iraient loin tous les deux ?
Non, sincèrement, on ne pouvait pas deviner, même si bien sûr, ils avaient déjà du ballon. C’étaient les meilleurs à Beauvais. Je me souviens que tout le monde se battait pour les prendre dans leur équipe.
Et pour toi, on se battait pas ?
(Surpris) Haha non, enfin moi, j’avais 14 ans. Eux, ils étaient déjà grands.
Comment juges-tu la première moitié de saison de Sambou ?
À l’Olympiakos malheureusement, j’ai pas pu voir trop ses matchs, à part en Ligue des champions. Il m’a dit que ça allait bien au début, et puis le coach (ndlr : l’espagnol Michel) a subitement changé d’avis. Il ne lui donnait pas de temps de jeu (ndlr : 5 apparitions en championnat et 3 en C1), c’est pourquoi il a décidé de revenir à Bastia en prêt.
Et celle de Mustapha ?
Il était très bien parti, comme d’habitude, jusqu’à sa blessure qui l’a un peu freiné. Mais là, il vient de marquer contre Paris, ça va le relancer. Il met ses buts (ndlr : 6 en 16 matchs), il fait son boulot, il y a rien à dire, c’est bien.
En tant que footballeur, quelles sont les principales qualités que tu envies à tes frères ?
(Il réfléchit) Je dirais la détermination et l’envie. Individuellement, je trouve que Mustapha a une bonne frappe, j’aime bien son coup de pied et son jeu de tête. Sambou, il a un gros volume de jeu, moi aussi je joue en 6 donc ça m’inspire, j’envie sa technique.
Quelles sont au contraire les lacunes qui leur restent à combler ?
Très honnêtement, je ne sais pas, ils sont au-dessus de moi, donc je ne peux pas me permettre encore de les juger. Ils sont déjà pros, alors que moi, je joue en réserve à Beauvais, je suis en bas de l’échelle.
La plus grosse différence entre les deux ?
Je dirais que c’est au niveau du caractère. Sambou, il s’est calmé, mais avant, c’était un très très gros nerveux (rires). Alors que Mustapha, c’est un mec super calme, toujours posé. Franchement, pour l’énerver, il faut le vouloir.
T’es au courant des charriages avant le match ? Il y a eu des petits messages envoyés ?
Non désolé, je suis pas au courant du tout, la dernière fois que j’ai eu un de mes frères au téléphone, c’était dimanche pour l’anniversaire de Mustapha.
Dis-nous quelque chose qu’on ne soupçonnerait pas sur tes deux frères.
(Il hésite longuement) Bon alors, c’est un secret, mais Mustapha aime les Feux de l’Amour. Il regarde l’émission à haute fréquence, à chaque fois que ça passe, il essaie de regarder, un peu comme ma mère. Quant à Sambou, c’est vraiment quelqu’un qui a le cœur sur la main, mais son péché mignon, c’est son style vestimentaire. Personnellement, je trouve qu’il s’habille bizarrement. Il met de grosses chaussures avec un slim et un long gilet, paraît que c’est la mode chez les footballeurs (rires).
Pour finir, un petit pronostic ?
J’annonce un match nul 1-1. Je vois bien un but de Mustapha pour Guingamp et une passe décisive de Sambou pour Bastia.
C’est gentil, mais ce résultat n’arrangerait personne…
Oui, c’est vrai, mais je peux pas faire autrement.
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