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Huracán sort de la tempête
Alors qu'il sort tout juste de trois longues années et demie en deuxième division et d'une promotion gagnée à l'arrache, Huracán se retrouve à jouer la Copa Libertadores avec ce qui se fait de mieux en Amérique latine. Et surprise, il le fait très bien. De bon augure avant un déplacement dans l'altitude de Sucre et le match de l'année : le Clásico contre San Lorenzo.
Parmi les engagés, il y a Boca, River, Racing, Estudiantes et San Lorenzo, le champion en titre. 14 Libertadores à eux cinq. Et puis il y a Huracán, qui participe aux festivités pour la deuxième fois de son histoire seulement. Un ticket obtenu après quatre victoires aux tirs en but en six matchs de Copa Argentina. Une coupe étrange qui n’intéresse personne au pays, mais sur laquelle Huracán ne crache pas. Et pour cause, en plus du billet pour la Libertadores, elle lui a offert son premier titre depuis 41 ans. C’était en 1973, quand l’équipe menée par le futur champion du monde César Luis Menotti remportait le premier – et unique à ce jour – titre de champion de l’histoire du Globo sous l’ère professionnelle, avec la manière (et un génie : René Houseman). En plus du gain de la coupe, Huracán a obtenu en cette fin d’année dernière le tant désiré retour dans l’élite, après trois ans et demi passés à galérer à l’étage d’en dessous. Et encore une fois, rien n’a été facile. Alors qu’avec la dernière invention de feu Grondona (une D1 à 30 équipes), les cinq premiers de sa poule de dix équipes s’assuraient la montée, Huracán a trouvé le moyen de passer par un barrage, remporté en prolongation contre l’Atlético Tucuman.
Un intérimaire sur le banc
Celui qui a redonné le sourire au club, qui a révélé Lucho González et Javier Pastore s’appelle Néstor Apuzzo. C’est un homme de la maison. Un type qui aurait pu mener une belle carrière de footballeur si la guerre des Malouines n’était pas passée par là. Apuzzo avait 18 ans. Il n’a pas combattu face aux Anglais, mais s’est fait tabasser à l’armée par un sergent. Son foie ne s’en est jamais vraiment remis. Devenu le patron du centre de formation – après avoir notamment travaillé pour le Barça en Argentine -, le club fait régulièrement appel à lui pour jouer aux pompiers. Début novembre dernier, alors que la montée s’éloigne sérieusement, Dario Kudelka quitte le navire. Apuzzo est appelé sur le banc pour un cinquième intérim, mais tout s’est tellement bien passé que le bonhomme est encore là aujourd’hui. Et avec El Cabezon aux manettes, les miracles continuent : en barrage de Copa Libertadores (une sorte de troisième tour préliminaire de la Ligue des champions), le Globo est allé à la surprise générale taper l’Alianza Lima 4 à 0 dans la capitale péruvienne. La qualif’ validée à la maison, Huracán s’est retrouvé dans le groupe du puissant Cruzeiro. La semaine dernière, dans un Mineirão encore bouleversé par le massacre allemand, les hommes d’Apuzzo ont décroché un 0-0 inespéré. « À Belo Horizonte, Huracán a ressemblé à une équipe de coupe et ça me remplit de bonheur » , déclarait le coach, ému, à son retour à Buenos Aires.
L’altitude bolivienne, puis le Clásico
Ce mardi soir, la belle aventure continue en Bolivie, dans les 3000 mètres d’altitude de Sucre, face à l’Universitario. Sans doute la première titularisation pour la recrue phare de l’été, le Rolfi Montenegro, formé au club, passé jadis par l’OM et tout juste jeté comme un malpropre d’Independiente. Apuzzo se doit de faire tourner, malgré un effectif réduit. Le week-end dernier, Lucas Campana, un gamin de la maison qui avait été retrouvé presque mort après un accident de voiture il y a quelques années, a fait ses premiers pas en première division, face à Gimnasia. Bon coup, l’attaquant ayant offert l’égalisation et le point du nul aux gars de Parque Patricios, le quartier du club rouge et blanc, calé au sud de Buenos Aires, aux côtés de Boedo, où réside l’ennemi juré : San Lorenzo. Un ennemi qui n’a cessé de faire la fête ces dernières années, pendant que le Globo tentait de sortir de la tempête : champion en 2013 (sur la pelouse de Vélez, là-même où l’Huracán de Pastore s’était fait voler le titre en 2009), vainqueur pour la première fois de la Libertadores en 2014, et qui plus est béni par le pape. Cela fait beaucoup. Mais le vent semble avoir tourné. Depuis la fin d’année dernière, tout sourit à la jeune bande d’Apuzzo, qui fait le plein de confiance et d’expérience sur la scène continentale. Une fois rentrés de Bolivie, les autres héros du Mineirão auront encore le plus dur à faire : rendre pour de bon aux fans leur fierté en leur offrant le tant attendu Clásico, ce week-end, au Nuevo Gasometro de San Lorenzo.
Par Léo Ruiz