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Hull City, le tigre est en bois
Vainqueur du match d’ouverture face au champion Leicester, Hull City semble être sur les bons rails pour son retour en Premier League. Du moins sur le terrain. Car tout ne tourne pas rond en coulisses. Un recrutement inexistant, un coach qui part à trois semaines de la reprise de la saison, qu’est-ce qui ne va pas ?
« Ce n’est jamais une bonne chose de perdre un manager qui t’a signé et qui a fait tant de bonnes choses pour le club. » Ce tweet, signé Tom Huddelstone, un des cadres de l’équipe, pose le contexte tumultueux de ce club. Steve Bruce, qui était en place depuis 2012, a fait aussi bien la pluie que le beau temps chez les Tigers, les menant à la Premier League deux fois pour une descente. Lors de l’exercice précédent, le coach anglais a réussi à garder un effectif « pouvant jouer la Premier League » pour s’assurer d’une remontée immédiate dans l’élite. Quand la victoire a été obtenue dans « le match à 170 millions de livres » (1-0 contre Sheffield Wednesday en finale des play-offs), il semblerait que l’objectif d’Assem Allam, propriétaire très décrié du club, n’était pas le même que celui de Steve Bruce. Pas d’argent débloqué pour les transferts, un seul joueur expérimenté à l’essai et non conservé en la personne de Peter Odemwingie, et surtout le départ d’un des cadres de la saison dernière, Mohamed Diamé. « Sincèrement, j’étais triste de voir le coach partir, déclare celui qui évoluera à Newcastle cette saison. J’ai passé deux ans à Hull et c’était un coach très important à mes yeux. » La famille égyptienne, en froid avec les supporters du club depuis qu’ils ont voulu changer le nom du club, est à la recherche d’investisseurs à qui vendre le club. « Pourquoi la famille Allam dépenserait de l’argent alors que, bientôt, le club ne leur appartiendra plus ? » pose Simon Chadwick, référence européenne en matière de gestion dans le sport.
Total breakdown
Depuis maintenant quelques semaines, le président des Tigers est en pourparlers avec des investisseurs chinois pour reprendre le club et passer un peu de baume sur le Tigre, mais rien de bien concret jusqu’ici. Surtout que le temps presse pour une équipe qui n’a pu compter que sur treize joueurs pour démarrer sa saison. Pour Simon Chadwick, « il ne faudra pas s’attendre à voir d’énormes fonds disponibles pour acheter des joueurs. Ils ne veulent pas perdre d’argent dans cette aventure. Ils sont là pour essayer d’avoir un retour commercial, mais aussi pour en apprendre un peu plus sur le foot. Ils ne dépenseront pas leur argent comme Abramovitch par exemple. » Conséquence directe de cet imbroglio, Steve Bruce abandonne le navire fin juillet, prétextant un « total breakdown » avec sa direction. Assem Allam et surtout son fils, Ehab, avec qui la friture sur la ligne devenait insupportable. La fronde en tribune ne s’est pas fait attendre et, pour le moment, malgré une manifestation devant le KCOM Stadium avant la première journée, la famille Allam ne daigne toujours pas s’adresser aux supporters.
« L’impression de ne jouer qu’avec des jeunes… »
Côté terrain, Mike Phelan, qui était adjoint de Steve Bruce, a été propulsé à la tête des Tigers pour assurer l’intérim, mais lui aussi se plaint du manque de profondeur de l’équipe : « Il faut qu’il y ait des recrues. Le club ne sera pas en mesure d’avancer en Premier League sans l’arrivée de nouveaux joueurs. » Ce non-recrutement a de grosses conséquences pour le club. Aucun coach ne veut se lancer dans une aventure avec aussi peu de certitudes. L’échec Roberto Martínez, sondé avant de s’engager avec la Belgique, a laissé des traces, et il semblerait que le favori pour reprendre les rênes de l’équipe soit désormais… Steve Bruce himself. Une possibilité qui interviendrait seulement en cas de rachat du club. Car, en l’état, l’aventure semble bien trop casse-gueule pour un coach sain d’esprit. L’effectif du promu est totalement décimé par des blessures à plus ou moins long terme et plusieurs joueurs seraient en partance. Comme Hernandez, courtisé par la Fiorentina notamment, et Maguire qui a reçu une offre de Boro. En off, l’un des derniers cadres de l’effectif avoue avoir trouvé la pré-saison « très bizarre, car très peu de joueurs de la saison dernière étaient présents. L’impression de ne jouer qu’avec des jeunes… » Avec ou sans l’argent de la famille Allam, et en l’absence de recrue de qualité, la saison risque d’être très longue dans cette charmante bourgade qu’est Kingston-upon-Hull. Et comme on dit là-bas : « Clock is ticking. »
Par Babacar Sall