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Hugo Magnetti : « Brest est devenu une équipe très chiante à jouer »
Métronome du milieu brestois, Hugo Magnetti est devenu naturellement un des cadres des Ty-Zefs à seulement 25 ans. Transformation du Stade brestois 29, arbitrage à double vitesse et caractère de cochon, le plus marseillais des Bretons se livre.
Les périodes de trêve, c’est généralement le moment de souffler. Comment tu t’occupes ?
C’est long. On continue de s’entraîner dur, mais là, je vais descendre quelques jours à Marseille. Dès que j’ai deux, trois jours, je saute sur l’occasion. J’en profite pour voir mes proches, mes amis, me ressourcer notamment en jouant au padel. Bon, je ne suis pas très fort, je suis le genre de mec qui a la tenue d’un joueur professionnel et la dernière raquette nouvelle génération, mais qui n’est pas vraiment doué. (Rires.) Cette coupure fait du bien parce qu’après, on enchaîne fort avec six matchs. (Plutôt abordables : Montpellier, Clermont, Strasbourg, Metz, Nantes et Lorient, NDLR.)
Comment juges-tu le début de saison de Brest ?
Sur les dernières rencontres, on a beaucoup de frustration, parce qu’on a enchaîné cinq matchs sans gagner (nuls contre Nice et Toulouse, défaites contre Lille, Paris et Monaco, NDLR), mais on a fait un très bon début de saison quand même. On a eu des décisions en notre défaveur, mais ce que je veux retenir, c’est le nombre de points (15) et le contenu. On est très contents de ça. Maintenant, on n’attend qu’une chose, c’est de reprendre pour inverser cette tendance.
Historiquement, Brest a toujours fonctionné par série…
Oui, mais cette saison, c’est différent. L’année dernière, on avait des moments où on était au top, que ce soit concernant les résultats ou le contenu, puis on s’écroulait. Maintenant, le contenu reste le même quelle que soit l’issue des rencontres. Contre Paris et Monaco, on a fait deux vrais bons matchs, même s’il y a des défaites au bout. Il n’y a pas beaucoup d’équipes en Europe qui, étant menées 2-0 par le PSG, parviendrait à inverser la vapeur comme on l’a fait. C’est ce qui est encourageant par rapport aux dernières saisons.
Récemment, beaucoup de faits de jeu ont émaillé vos rencontres. Cette accumulation a fait sortir de ses gonds Éric Roy et a fait dire à Pierre Lees-Melou que Brest dérangeait. C’est aussi ton sentiment ?
À chaud, on a vraiment eu ce sentiment d’injustice. Maintenant, je ne sais pas si Brest dérange ou pas, mais lors des trois derniers matchs, beaucoup de décisions arbitrales étaient en notre défaveur. Je comprends la réaction de Pierre ou du coach, je suis du même avis qu’eux.
Tu trouves qu’il y a vraiment un arbitrage à deux vitesses ?
Oui, je le ressens. L’exemple de Monaco est criant. Quand on a marqué (but refusé de Jérémy Le Douaron, NDLR), l’arbitre est directement allé voir la VAR pour une faute très légère… Pourtant, au début de saison, ils sont venus nous dire qu’ils allaient vachement laisser jouer cette année, et que les petites fautes n’allaient pas être sifflées. On a eu le cas inverse. Même chose avec la poussette dans le dos de Jérémy (Le Douaron), où l’arbitre ne va pas consulter la VAR… On n’a pas compris, ça nous a beaucoup énervés.
Tu as un gros caractère, que ce soit sur et en dehors des terrains. On l’a vu notamment avec ta réaction à la suite du chambrage de Kylian Mbappé à Francis-Le Blé. C’est l’un de tes plus gros atouts ?
Parfois, c’est plus négatif que positif, surtout quand je parle trop cru. Après, j’ai toujours eu ce caractère, c’est ce qui fait ma force. Mais avec l’expérience, il faut que je le peaufine pour que ça ne me joue pas des tours.
A contrario, quels sont les secteurs où il faut encore que tu progresses, selon toi ?
Il faut que je travaille encore offensivement, mettre un peu plus ma patte. J’affectionne l’aspect défensif et ce poste de milieu de terrain, mais il faut que je fasse plus de stats, et pas que forcément par des buts et des passes décisives, même si j’espère débloquer mon compteur cette saison. Je suis capable d’ajouter ça à ma palette. Dans le football moderne, les datas jouent un rôle important. Je suis parvenu à passer un palier par rapport aux autres saisons, mais il faut faire plus.
Parle-nous de ce palier. Qu’est-ce que ça change ?
Je me sens plus libéré. J’ai vraiment senti cet été par rapport aux autres intersaisons que mon statut avait évolué, que ce soit dans le vestiaire ou sur le terrain. Au moment du départ d’Haris (Belkebla), Bruno Grougi, adjoint d’Éric Roy, a dit qu’il ne fallait pas chercher de remplaçant parce que j’étais là. Cette phrase est restée dans ma tête et m’a boosté. Je savais que le staff allait compter sur moi, alors que lors des dernières saisons, ils auraient cherché un autre milieu sur le marché des transferts. Je suis plus en confiance. Avec mes coéquipiers, on est très complémentaires. On n’a pas besoin de se parler pour se comprendre, c’est bien homogène.
Tu sens qu’avec cet effectif, Brest peut ambitionner de faire bien mieux que les précédentes saisons ?
Depuis que je suis à Brest, individuellement, on a toujours eu de très bons joueurs, mais collectivement, je n’ai jamais eu un effectif aussi fort. On sent qu’on est devenu une équipe très chiante à jouer et à battre, c’est ce qu’on veut.
Comment l’expliques-tu ? C’est la conséquence de plusieurs années de rodage ou la méthode d’Éric Roy ?
C’est les deux. Quand on est un club comme Brest qui arrive de Ligue 2 avec peu d’expérience dans l’élite, il faut du temps pour devenir une équipe « respectée ». Au fil des années, Brest parvient à se maintenir, et les équipes adverses nous voient différemment. Inconsciemment, on a pris de la confiance, et notre entraîneur et son staff font un super travail pour resserrer les lignes et modeler une équipe solide, mais qui propose du jeu. Sous l’ère Dall’Oglio, on était catalogués comme une belle équipe, qui faisait des matchs spectaculaires, mais qui prenait beaucoup de buts et gagnait peu. Avec Der Zakarian, on était plus compacts, mais moins joueurs. Désormais, on allie les deux. Ce mariage fait que l’on est une équipe dure à jouer, et il faut que cela continue.
Montpellier, qui vous a mis les deux gifles la saison passée (7-0 à domicile puis 3-0 à la Mosson), est votre prochain adversaire. Comment abordes-tu cette rencontre ?
On n’en parle pas trop, on ne veut pas se polluer la tête. La raclée que l’on a prise à Francis-Le Blé l’année dernière, face à notre ancien entraîneur (Dall’Oglio), ça nous a fait très mal. C’est ce qui a miné notre bon début de saison et enclenché notre descente vers le bas du classement. Pour ce qui est du match retour (contre un autre ancien coach, Der Zakarian, NDLR), on a été inexistants. Ça reste dans nos têtes, mais il faut passer à autre chose, c’est une autre saison, une autre dynamique, une autre équipe. À nous d’avoir l’esprit revanchard.
En interne, parler du top 10, c’est un gros mot ?
Quand on était premiers ou deuxièmes, on rigolait en disant qu’on allait jouer la Ligue des champions. Avec l’équipe que l’on a, il ne faut pas que l’on se cache. L’objectif numéro 1, c’est le maintien et ça restera le maintien, mais il ne faut pas jouer petit bras. On voit qu’il n’y a pas beaucoup d’écart entre le 17/16e et le 6/7e, donc on garde les pieds sur terre, mais on a la capacité d’être dans le top 10 cette saison.
Depuis 2018, tu as tout connu avec Brest…
C’est une fierté. Je suis content de moi, car je n’ai jamais rien lâché, même quand j’allais jouer avec la réserve, alors que les copains allaient à Geoffroy-Guichard. Après, je suis ambitieux. Je veux continuer à faire plus. Une carrière de foot, c’est difficile. Certains débutent fort et terminent mal, d’autres c’est l’inverse. Perso, j’espère prouver que je peux être un très bon joueur de Ligue 1.
Qu’est-ce qui fait que tu es autant attaché à ce club, qui pourtant est à plus de 1200 km de ta ville natale, Marseille ?
C’est le club qui a toujours cru en moi. Par exemple, Grégory Lorenzi (directeur sportif du SB29), quand j’étais dans des moments plus difficiles, il venait me voir et me rassurait en me disant qu’il me prolongerait malgré mon temps de jeu réduit, car il était certain que j’allais le lui rendre à un moment. Brest est dans mon cœur, aujourd’hui je n’ai pas envie d’ailleurs, mais si j’ai une opportunité d’avoir un meilleur projet, il n’y a pas de limite.
Propos recueillis par Thomas Morlec