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Hugo Lloris, l’heure d’assumer son statut
Depuis le début de saison, Hugo Lloris a vécu une garde à vue, quelques cagades bien senties et une remise en question réelle par les observateurs du Royaume-Uni. La double (triple, même) confrontation face à City est donc l'occasion de fermer des bouches... ou de sombrer.
« Liverpool a fait un bon résultat et a eu de la chance le week-end dernier, avec ce gardien champion du monde qui a laissé tomber un ballon que mon gosse de quatre ans aurait attrapé… » Sur Skyport, Paul Merson n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour moquer Hugo Lloris et sa bourde à Anfield le 31 mars dernier. Mais l’ancien milieu d’Arsenal n’a pas la langue aussi acerbe que l’ancien striker de Marseille et Nancy Tony Cascarino, qui a sorti la sulfateuse pour Talk Sport : « Oui, il a gagné la Coupe du monde. Il était derrière une très bonne équipe de France. En finale, il a fait une immonde erreur. Je pense qu’il en fait plus souvent que la plupart des gardiens du haut de tableau. Est-ce que je pense que Lloris est un gardien qui va soulever trophée après trophée ? Je ne l’ai jamais pensé, je le dis depuis des années. Il n’a jamais été assez bon pour gagner la Premier League. » Comme quoi on peut, à 32 ans, compter 110 sélections, une Coupe du monde, 234 matchs de Premier League dont 84 clean sheets, et essuyer une volée de critiques acides.
Poussé sur le banc par Jermaine Jenas
Car outre-Manche, ce sont les statistiques qui font mal que l’on balance à la figure du gardien formé à Nice : 16 erreurs ayant amené à un but durant ses sept saisons de Premier League, une moyenne de plus d’un but par match encaissé et seulement quatre penaltys arrêtés.
Sur le plateau de la BBC, l’ancien Spur Jermaine Jenas n’a même pas simulé un minimum de solidarité : « Il devrait être au maximum de ses capacités aujourd’hui, mais il paraît plus nerveux que lorsqu’il est arrivé de Lyon il y a sept ans. Quand on parle des meilleurs gardiens du monde, son nom revient toujours. Mais, malheureusement, je ne trouve pas que ses dernières saisons avec lesSpursreflètent ce statut. Lloris a une réputation basée sur ce qu’il a fait par le passé, mais elle est meilleure que son niveau actuel. »
Si bien que pour l’ancien international anglais, il est temps de mettre le Français de côté au profit de son concurrent Paulo Gazzaniga. « À chaque fois que je le vois jouer, il est toujours très bon. Si vous êtes Gazzaniga aujourd’hui, vous vous dites forcément :« C’est le moment de me donner ma chance. »Et je pense en effet, que ça l’est. »
Toujours soutenu par Mauricio Pochettino…
Hugo Lloris en danger ? Même le Times a pris parti contre lui, en affirmant qu’il ne « méritait pas la loyauté de Mauricio Pochettino. » Avant d’accueillir Crystal Palace pour inaugurer le nouveau stade, l’Argentin a préféré soutenir son portier. « C’est mon capitaine. C’est l’un des meilleurs gardiens au monde.(…)Il a été si important dans tout notre parcours sur ces cinq dernières années et il sera certainement l’un des joueurs les plus importants du club pour l’avenir. »
Un soutien comparable à celui de Franck Raviot, l’entraîneur des gardiens en équipe de France, quand on lui demandait s’il avait débriefé la bourde de son protégé en finale du Mondial contre la Croatie. « Je lui ai surtout parlé de sa très brillante Coupe du monde… Il a eu un rôle déterminant, essentiel, dans la performance de l’équipe de France. Effectivement, il y a eu cette anomalie en finale, qui n’aura pas porté conséquence. Il a montré durant cette Coupe du monde qu’il a été le meilleur gardien. Il fait partie du top 5 mondial à ce poste. »
… et par une légende des Spurs
Raviot comme Pochettino semblent affirmer qu’ils prennent Lloris comme il est : avec ses arrêts de classe, et les quelques boulettes qu’il sort régulièrement. Sauf qu’entre une garde à vue pour conduite en état d’ivresse, deux bourdes en Ligue des champions (Barcelone et PSV) et deux autres foirades contre Chelsea et Liverpool en Premier League, la cote du Français est devenue des plus instables en Angleterre. Et contrairement aux autres « top goalkeepers » européens, son palmarès en club est quasi vierge, comme sa présence en quarts de finale de C1. Contre Manchester City, ce ne sera que sa troisième apparition à ce niveau, la première depuis 2010 avec l’Olympique lyonnais. Autant dire que Lloris a tout intérêt à sortir ses plus belles parades contre l’armada de Pep Guardiola.
S’il est brillant, il confirmera son statut. S’il se troue, son avenir à moyen terme devrait s’assombrir à Londres. Mais dans le marasme ambiant, le Français a reçu un soutien de taille : l’ancien gardien vedette des Spurs, Tony Parks, dans le Sun : « Les meilleurs gardiens sont les plus forts entre leurs deux oreilles. Ils ont la résilience face aux erreurs. Comme Ray Clemence ou Hugo Lloris, ils sont un cran au-dessus. Si vous regardez à travers l’histoire, vous verrez Ray Clemence, Peter Shilton, Gordon Banks, Lev Yashin, tous les grands ont fait des erreurs. Hugo sera comme eux. Il fait bien plus d’arrêts et fait plus de bien. » Une telle déclaration, il faut lui donner raison…
Par Nicolas Jucha