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Houssem Aouar a-t-il vraiment perdu son football ?
En 2020, Houssem Aouar martyrisait Leipzig, la Juventus et Manchester City. Des prestations XXL qui lui ouvraient les portes d'un gros transfert qui n'est finalement jamais arrivé. Depuis, le milieu de terrain lyonnais n'est plus que l'ombre de lui-même.
Cela fait plus de deux ans qu’il attend ça. Titulaire d’un bon de sortie depuis l’été 2020, Houssem Aouar devrait enfin composter son ticket cet hiver, pour un départ cet été, alors que son contrat prend fin en juin prochain. Ce mercredi, le Gone ne sera ni sur la pelouse, ni sur le banc de la Beaujoire alors que l’OL y affronte Nantes. Touché au quadriceps après la défaite face à Clermont il y a dix jours (0-1), l’international français (1 sélection) devrait manquer quelques semaines de compétition. Si cette absence n’est pas forcément cruciale dans la saison du club, il y a encore deux ans, cette indisponibilité aurait été une véritable tannée pour les Rhodaniens, alors que le prodige montrait à toute l’Europe qu’il serait le milieu de terrain du futur. Désormais, son avenir s’inscrit loin de la capitale des Gaules, et encore plus loin de l’équipe de France, tandis que les rumeurs d’un changement de nationalité sportive en faveur de l’Algérie se font persistantes.
Avance gâchée
À 25 ans, ce probable passage du Coq aux Fennecs illustre le changement de statut d’Aouar. Sans manquer de respect à l’équipe de Djamel Belmadi, il y a fort à parier que le milieu de terrain pensait laisser la sélection algérienne dans le rétro, lorsqu’il gambadait avec le maillot bleu pour sa seule cape en octobre 2020 face à l’Ukraine (7-1), juste après son Final 8 de folie. Depuis ce dépucelage international, le Houssem Aouar technique, maître du tempo, intelligent dans ses choix et travailleur est porté disparu. Tout comme la Ligue des champions au Groupama Stadium. Le recul de l’OL au sein de la hiérarchie du football français est d’ailleurs étonnamment calqué sur celui du joueur né en 1998 au sein de la hiérarchie des pépites françaises de l’entrejeu. À l’époque, Mattéo Guendouzi, un an plus jeune, vient d’être envoyé en prêt au Hertha Berlin, pendant que Youssouf Fofana (1999) et Aurélien Tchouaméni (2000) commençaient à peine à former une paire redoutable sur le Rocher. Rien que ces trois joueurs de sa génération étaient au Qatar l’automne dernier. Aouar, qui avait pourtant une avance colossale, n’espérait plus être du voyage depuis un moment.
Transferts : Houssem Aouar (OL) d’accord avec Arsenal – @OL :il y aura très peu de départs: pour Houssem Arsenal est bcp trop éloigné de sa valeur: on compte sur lui pour faire un grand match à Lorient et mener l’OL en CL l’année prochaine https://t.co/8SUKIHLcLJ
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) September 26, 2020
Mais voilà, après ce fameux Final 8, où il a largement contribué à emmener l’OL en demi-finales, le Gone n’a pas obtenu ce qu’il voulait : partir dans un gros club. Malgré des entretiens d’embauche plus que réussis face à la Juventus et à Manchester City en Ligue des champions, aucun des deux clubs ne lui a sauté dessus lors du mercato estival 2020. Arsenal a pointé le bout de son nez, proposé une trentaine de millions et alors que le joueur s’était déjà mis d’accord avec les Gunners, les deux clubs ne sont pas parvenus à s’entendre. C’est le début d’une chute pour l’instant sans fin pour celui qui porte le n°8 de Juninho. La saison suivante, il ne joue qu’une heure par match en moyenne, alors qu’il vient d’enchaîner deux saisons à 80 minutes par rencontre.
Mauvais timing
Très discret dans les médias, Aouar n’a offert qu’un bout d’explication quant à cette soudaine baisse de niveau et évoque des pépins physiques. « La saison passée (2020-2021), je joue quoi, deux matchs sans avoir mal ? Statistiquement, c’était correct, mais je n’étais pas épanoui avec mon corps, je bloquais sur les accélérations. J’avais mal. Pour me soigner vraiment, j’aurais dû arrêter longtemps. Donc, j’ai continué. Comme je jouais par intermittence, en rentrant et en sortant de l’équipe, on aurait pu le comprendre et se dire que je manquais de rythme », confiait-il à Libération en avril dernier. Comme il le dit, ses statistiques ne sont pas indécentes (huit buts, quatre caviars), mais après deux exercices où il avait atteint les dix passes décisives, ces quatre offrandes font tache. Avec l’arrivée de Peter Bosz, il gratte un peu plus de temps de jeu (68 minutes par match), mais ses stats ne décollent pas (huit buts, quatre passes).
Aouar est sur courant alternatif et montre que le problème n’est pas que physique, mais aussi mental. Joueur avec tellement de personnalité et d’audace, il s’est transformé en milieu offensif un peu banal. À coté de ça, il n’embrasse pas non plus le rôle de leader qui pourrait lui incomber. Il montre tous les signes d’un garçon qui n’a plus confiance en lui, qui n’a plus envie d’être là, et qui donc fait le minimum syndical. Certainement que sans cette crise du Covid-19, le pouvoir d’achat des grosses cylindrées n’aurait pas été altéré, et le natif de Lyon serait parti conquérir l’Europe. Peut-être même qu’il serait parti au Qatar avec la bande de Deschamps. Mais sans le Covid-19, Lyon se serait peut-être fait sortir par la Juventus de CR7 lors d’un huitième de finale retour « normal » . Alors, oui, Aouar a probablement été victime de ce timing, d’avoir explosé quand les clubs étaient à sec. Sûrement aussi que le milieu de terrain n’a pas oublié comment jouer au foot et qu’au fond, il est encore ce milieu complètement magnétique et chef d’orchestre. D’ailleurs, au moment où la presse l’envoie à l’AS Rome, passer de Lyon au club de la Louve ne ressemble franchement pas à une régression, au contraire. José Mourinho a sûrement une idée derrière la tête.
Par Léo Tourbe