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- J33
- Real Sociedad-Real Madrid (2-0)
Hot Take !
Passé d'un Real à une autre l'été dernier, Take Kubo a rappelé son nom à tout le Madridismo ce mardi soir en marquant le premier but de la victoire de la Real Sociedad face aux Merengues. Une saison seulement après son arrivée à San Sebastian, le Japonais continue sa progression, loin de la pression écrasante du Bernabéu.
Se retenir, puis exploser. Face au Real Madrid ce mardi, le club où il a officiellement passé trois saisons, Take Kubo a marqué, avec la Real Sociedad. Et s’il avait d’abord décidé de ne pas fêter un but qui offrait provisoirement une victoire 1-0 aux Txuri-urdin face au 2e de Liga (score final 2-0), il finira sa célébration sur les genoux, rattrapé par l’émotion. L’ancien de la Casa Blanca est même devenu le premier joueur japonais à marquer un but contre les Merengues en Liga. Un symbole fort pour celui qui, formé à la Masia, vit la meilleure saison de sa vie à la Reale Arena.
L’audacieux Txuri-urdin
Dernière roue du carrosse dans la capitale, le numéro 14 de la Real Sociedad n’avait d’ailleurs jamais enfilé le maillot blanc malgré trois années passées au club. Son retour en Espagne, après avoir été contraint de rentrer au Japon à la suite des sanctions de la FIFA contre le Barça pour non-respect des transferts de mineurs, il l’a passé à sillonner la péninsule : Majorque, puis Villarreal, Getafe et un nouveau passage à Majorque. Avant de quitter définitivement le giron madrilène pour rejoindre la Real Sociedad contre 6,5 millions d’euros. Un chèque sec, sans option de rachat ni clause étrange permettant de le rapatrier pour pas cher. Engagé pour de bon sur un projet au long terme, il découvre à 21 ans un environnement plus sain, où il est titulaire tous les week-ends et joue même quelques matchs de Coupe d’Europe. Placé en électron libre dans le duo d’attaquants d’un 4-3-1-2 réglé à la perfection, il est l’homme chargé de créer la différence, de faire parler son « audace » dans le dernier tiers, terme qui lui est très cher et qu’il évoque souvent pour analyser les performances de l’équipe. Un rôle dans lequel il est vite devenu essentiel, surtout lorsque David Silva manquait à l’appel. En Liga cette saison, il a démarré à 24 reprises sur 31 rencontres, pour ce qui reste aujourd’hui le meilleur bilan de sa carrière : 8 buts et 5 passes décisives.
Au point de pousser Carlo Ancelotti, qui l’a longtemps pris de haut quand il garnissait les rangs du Castilla, à reconsidérer le gamin devenu grand. « Il se débrouille très bien, et nous nous intéressons à lui. Nous verrons dans les prochains mois. Le problème, c’est qu’il y a beaucoup de concurrence ici et qu’il n’y a pas assez de minutes pour tout le monde », a concédé le technicien italien avant cette 33e journée de Liga, qui ne devrait faire que confirmer ces mots après coup. Et l’entraîneur qui l’a pris sous son aile au Pays basque, Imanol Alguacil, n’entend pas voir son petit protégé être dragué d’une telle façon par son ex : « Je le vois comme un Txuri-urdin. Il a plus que prouvé son engagement et son attachement à ce maillot. » Comme Martin Odegaard avant lui, Take Kubo a retrouvé le sourire à San Sebastian, et a même fait oublier les quelques critiques de supporters basques qui préfèrent des joueurs du cru, les faisant aujourd’hui marrer pour son franc-parler.
« Mon nom sera dans les journaux demain »
Comme lorsqu’il bat le record du nombre de buts inscrits par un Japonais dans le championnat espagnol au début du mois face à Getafe et qu’on lui demande quelle sensation ça fait : « La vérité, c’est qu’il y a eu assez peu de Japonais en Liga, non ? Ça ne compte pas pareil si un Espagnol met six buts ou qu’un Japonais en mette six », répond-il entre humilité et manque de media training. Auteur d’un but de renard des surfaces face au Real Madrid ce mardi, en suivant bien une passe trop appuyée de Militão à Courtois, il relativise sa performance malgré une prestation encore très aboutie sur la pelouse d’Anoeta. « C’est une victoire fondamentale, c’était le rival le plus compliqué contre lequel on a joué à la maison. On a très bien pressé, et j’ai réussi à marquer, mais ça aurait pu être n’importe qui », résume-t-il avec les yeux cachés derrière sa mèche au micro de Movistar. Et si l’on en croit ses déclarations lapidaires, marquer contre le Real Madrid n’a pas d’affect particulier pour lui : « C’est un grand club, l’un des plus grands clubs du monde, donc marquer contre eux, c’est toujours sympa. Mais c’est cool parce que je pense que mon nom sera dans les journaux demain ! »
Par Anna Carreau