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Honda, le moteur rechargé
Auteur d'une passe décisive contre la Colombie et du but de l'égalisation pour le Japon face au Sénégal (2-2), Keisuke Honda est devenu le premier Japonais à marquer dans trois Coupe du monde différentes après avoir déjà fait trembler les filets en 2010 et 2014. Un but qui permet d'expliquer le licenciement de Vahid Halilhodžić, qui ne comptait pas vraiment sur le meneur de jeu de Pachuca pour ce Mondial russe.
Une drôle d’ambiance s’est abattue sur le Central Stadium de Iekaterinbourg autour de la 71e minute de ce Sénégal-Japon. Alors que le latéral droit sénégalais pensait faire taire les nombreux supporters japonais venus en Russie en donnant l’avantage aux siens d’une grosse praline sous la barre, il n’en a rien été. La raison ? L’entrée en jeu dans la foulée de leur star : Keisuke Honda. Les Japonais en sont alors convaincus, leur héros va à nouveau jouer les sauveurs comme il l’a fait quelques jours plus tôt en tirant un amour de corner pour le but de la victoire de Yuya Osako face à la Colombie (2-1). Et cela n’a pas loupé. S’il n’a eu besoin que de trois minutes pour distiller sa passe décisive contre les Cafeteros, l’ancien milieu offensif de l’AC Milan a, cette fois-ci, attendu six minutes avant d’entrer en scène. Parfaitement placé, Keisuke Honda a profité d’une bévue du portier sénégalais et d’un ballon de Takashi Inui pour égaliser, devenir le premier Japonais à inscrire un but dans trois Coupe du monde différentes (après 2010 et 2014), et permettre au Japon de croire dur comme fer en une qualification en huitièmes de finale. Rien que ça.
Pas dans les plans de Vahid
Pourtant, Keisuke Honda a failli ne jamais participer à ce Mondial russe. Pas vraiment dans les plans de Vahid Halilhodžić – malgré ses sept buts en qualifications –, celui qui se découvre une seconde jeunesse du côté de Pachuca (Mexique) se voit même écarté des listes de l’ancien sélectionneur de l’Algérie entre septembre 2017 et mars 2018. Craignant, entre autres raisons, que le Japon parte en Russie sans l’un de ses joueurs les plus appréciés par les supporters et son plus gros atout marketing, la Fédération décide de licencier Vahid Halilhodžić à deux mois du lancement de la Coupe du monde. D’autant plus que Keisuke Honda n’est pas le seul à ne pas adhérer aux méthodes de l’ancien coach du PSG, lequel n’entretient pas de bonnes relations avec les autres cadres que sont Shinji Kagawa et Shinji Okazaki.
De là à être la raison principale du licenciement de Vahid ? Possible, à en croire les mots de l’entraîneur relayés par France Football : « Ce sont des joueurs qui ont un statut. Ils n’ont pas joué certains matchs importants, contre l’Australie ou les Émirats, mais nous avons gagné. Les résultats m’ont donné raison. Il paraît que certains joueurs avaient perdu confiance en moi. Mais c’est plutôt moi qui avais perdu confiance en eux. Je voulais une équipe capable de réaliser deux exploits au premier tour et de se qualifier pour les huitièmes de finale. Je cherchais les meilleures solutions, mais je n’avais pas pris de décision définitive sur la liste des 23. »
Juste un supersub, vraiment ?
Vahid parti, Keisuke Honda peut enfin respirer, comme il l’avoue depuis le camp de base du Japon à Kazan dans des propos recueillis par l’AFP : « M’astreindre au type de football proposé par Halilhodžić dans le but d’être sélectionné, ça aurait été une honte pour moi. » Visiblement aussi à l’aise derrière un micro que sur le rectangle vert, Keisuke Honda n’a pourtant pas totalement changé de statut avec l’arrivée d’Akira Nishino sur le banc. Car s’il est bien présent dans le groupe des 23 japonais, Honda n’en reste pas moins le remplaçant de Shinji Kagawa. Ou plutôt son supersub, si l’on se réfère aux deux premiers matchs du Japon dans ce Mondial en Russie, là où sa carrière en Europe a explosé avec ses quatre saisons de haut niveau au CSKA Moscou.
Ses deux entrées en jeu décisives pourraient alors faire (à nouveau) de Keisuke Honda un titulaire au poste de meneur de jeu du Japon. Il n’en faudra peut-être pas moins pour que le Japon remplisse la mission que s’est fixée le meneur de jeu de Pachuca : « Mon objectif était de gagner la Coupe du monde quand j’étais enfant parce que mon père m’avait montré une vidéo de Pelé à la Coupe du monde. Depuis que j’en ai fait mon objectif, je me suis concentré là-dessus. » Compliqué. Même si en général, Keisuke Honda obtient ce qu’il désire. Halilhodžić ne dira pas le contraire.
par Steven Oliveira