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Hleb, le one man show
Milieu de terrain parmi les plus cotés au monde il y a 4 ans après plusieurs saisons réussies en Allemagne puis à Arsenal, Aliaksandr Hleb a vu l’élan de sa carrière brisé net par un cuisant échec à Barcelone. Étape trop haute ? Club inadapté ? Encore aujourd’hui, difficile de comprendre ce qui n’a pas fonctionné… Mais à le voir se refaire la cerise en ce moment chez lui avec BATE Borisov, difficile de ne pas parler de gâchis…
Aliaksandr Hleb en a gros. Depuis son malheureux épisode barcelonais, il ne se passe pas six mois sans qu’il dégaine une déclaration à ce sujet dans la presse. Preuve que le traumatisme reste grand. Et le sentiment de gâchis énorme. Au Guardian avril 2011, alors qu’il est prêté à Birmingham, le joueur dit d’abord toute son amertume de n’avoir jamais pu être dans les petits papiers de son entraîneur chez les Blaugranas : « Le Barça est le plus grand club du monde, même si c’est difficile d’y triompher si tu n’es pas espagnol, ronchonnait-il. C’est arrivé à tout le monde, Thierry Henry inclus. Guardiola ne fait confiance qu’à des Espagnols et je n’ai pas eu l’opportunité de m’exprimer. »
Au Stuttgarter Zeitung en janvier dernier, c’est plus lui-même qu’il décidait cette fois de blâmer. « J’avais trop de colère en moi (de ne pas jouer à l’époque), j’ai mal réagi » . Une autocritique confirmée et développée quatre mois plus tard dans les médias russes, alors qu’il évolue au Krylya Sovetov. « Vexé comme un petit garçon » de ne pas se voir offrir se chance de jouer régulièrement à Barcelone, Hleb avouait avoir bien joué au con. « L’entraîneur me disait de faire un truc et je faisais le contraire pour le défier. C’était comme au jardin d’enfants et je reconnais que c’était ridicule. » Son principal regret ? Avoir fait preuve de trop d’impatience. « Je n’aurais pas dû quitter Barcelone » et accepter les prêts successifs à Stuttgart, Birmingham et Wolfsburg, « j’aurais dû plus me battre pour faire partie des titulaires » . Finalement il y a quelques semaines, lors de sa dernière sortie médiatique, Aliaksander Hleb décidait de charger de nouveau son entraîneur de l’époque Pep Guardiola, « un bon entraîneur » , mais accusé de gagner surtout « car il disposait des meilleurs joueurs du monde » , pas parce que c’était le meilleur technicien. Conclusion : « J’ai plus appris de Wenger que de Guardiola. » Et vlan !
Comme Litmanen, Riquelme ou Ibra
Le flot de paroles sur le sujet, tantôt aigries, tantôt pleines de repentir, sont à la hauteur de la déception générée à l’époque. Car Aliaksandr Hleb et le FC Barcelone, ça aurait dû fonctionner. Quand le joueur débarque en Catalogne en 2008 contre une indemnité de près de 20 millions d’euros, c’est l’un des milieux de terrain les plus cotés du moment. C’est à Stuttgart d’abord qu’il se révèle entre 2001 et 2005, avec notamment sur le CV une deuxième place en Bundesliga en 2003 et un titre de co-meilleur passeur du championnat en 2005. Puis vient l’heure de la confirmation avec Arsenal. Son élégance balle au pied fait des merveilles, son jeu collant parfaitement au style imposé par Wenger. Génial passeur-dribbleur, Hleb est alors un maillon essentiel des Gunners, qui se hissent avec lui notamment jusqu’en finale de C1 en 2006. Deux ans plus tard, c’est à Barcelone que le milieu offensif dit oui, malgré la charge d’un autre grand d’Europe, le Bayern.
Problème : Aliaksandr Hleb débarque dans une équipe au taquet qui n’a pas vraiment besoin de ses services. Il n’est que peu impliqué dans l’historique triplé Championnat/Ligue des champions/Coupe du Roi réussi cette saison-là, la première de l’ère Guardiola. Ce dernier ne lui a-t-il jamais vraiment laissé sa chance ? Hleb a-t-il fait preuve d’impatience ? A-t-il fait les efforts nécessaires pour se remettre en question ? Les torts sont sûrement partagés dans cette affaire. Toujours est-il que le nom du Biélorusse vient s’ajouter à la liste des grands joueurs n’ayant pas réussi à s’imposer en Catalogne : Prosinecki, Litmanen, Overmars, Riquelme, voire Henry et Ibrahimovic… Aujourd’hui, Aliaksandr Hleb est de retour au BATE Borisov, et ses dernières belles prestations en Ligue des champions face à Lille (3-1) et le Bayern (3-1) laissent penser qu’il vaut mieux, bien mieux… Qu’il se console néanmoins : sa carrière restera quoi qu’il arrive plus réussie que celle de son petit frère Vyachelslav, qui n’a jamais su s’exporter hors de Biélorussie, mais aussi celle de son faux frère Michel, génie incompris de l’humour à la française.
Par Régis Delanoë
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