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Hinschberger, the ultimate collection

Par Mathieu Rollinger
Hinschberger, the ultimate collection

L’entraîneur messin jouera peut-être sa dernière partition ce samedi face à Dijon. Après l’ultimatum posé au début du mois par le président Bernard Serin, ce match représente certainement sa dernière chance pour prouver qu’il est l’homme de la situation. Une mission aussi délicate pour lui que casse-gueule pour le club.

Samedi soir dernier, au moment où les projecteurs de Geoffroy-Guichard s’éteignaient, plongeant le stade dans une douce obscurité après une victoire des locaux, l’avenir d’un homme s’assombrissait davantage. Philippe Hinschberger savait alors qu’il ne disposait plus que d’un joker pour sauver sa peau de coach du FC Metz. Et ce match couperet se déroulera à Saint-Symphorien face à un concurrent direct au maintien, le Dijon FCO. Une situation qui a été imposée par son président juste avant la trêve internationale. « Le constat que l’on fait après huit matchs, c’est que le bilan comptable n’y est pas. On n’a aucune excuse à faire valoir, seulement un manque d’efficacité à constater » , déplorait début octobre Bernard Serin au micro de la radio locale Direct FM. Metz était alors dernier du championnat, avec seulement trois points au compteur. Face à l’urgence, il décide de « refaire un point et dresser un nouveau bilan dans deux matchs » .

Pas de pression… mais une deadline

S’il dédouane son coach de l’adaptation difficile des recrues, d’un calendrier peu avantageux et de faits de jeu défavorables, le boss messin exhorte Philippe Hinschberger à redresser rapidement la barre, sous peine de devoir payer les pots cassés. « Licencier l’entraîneur directement n’est pas une option, car je tiens à donner à Philippe Hinschberger toutes ses chances et on fera un bilan dans deux matchs » , ajoutait-il. Pas d’objectifs comptables, pas de ligne directrice clairement définie, mais une deadline fixée à ce 21 octobre. Si le mot n’apparaît pas dans la bouche du président Serin, l’ultimatum est bel et bien posé. Terme piqué au champ lexical de la diplomatie internationale, utilisé généralement dans un contexte de crise, l’ultimatum apparaît comme le dernier recours avant d’éventuelles sanctions. À l’échelle du football, ces sanctions ont tendance à s’appliquer à un seul homme, l’entraîneur, même si le mal est collectif.

« Un président a envie que son entraîneur réussisse, que son club marche. Quand la pression est importante, il est amené à prendre ce genre de décisions » , admet Frédéric Hantz, qui a connu des départs difficiles dont celui de Montpellier en janvier dernier. L’objectif est alors de susciter un choc psychologique censé stimuler tout un groupe. « Ça peut être bénéfique, car cela peut permettre aux joueurs de réagir, affirme Alain Perrin. Il faut transformer un match de championnat en match de coupe. Ça passe ou ça casse. Si l’équipe n’avait pas cet état d’esprit avant, ces discours permettent d’amener l’équipe dans ces dispositions. » Une situation extrême dans laquelle un entraîneur peut aussi trouver des solutions qu’il n’a pu considérer avant d’être face au mur. « Quand tu débutes une saison en club, tu dois avoir une vision sur l’ensemble de l’année. Quand tout se joue sur deux matchs, tu remets tout à plat, car le temps est compté, explique l’ex-Manceau Frédéric Hantz. On donne tout en se recentrant sur le management sportif alors qu’en temps normal, on est amené à gérer d’autres tâches. Finalement, ce sont des semaines passionnantes, avec une intensité incroyable. »

Hantz : « Aucun joueur ne ferait exprès de perdre pour qu’un entraîneur se fasse virer »

Pourtant, le sort d’un technicien dépend beaucoup du soutien dont il dispose auprès de ses joueurs. Même si Frédéric Hantz assure qu’ « aucun joueur ne ferait exprès de perdre pour qu’un entraîneur se fasse virer » , Alain Perrin estime que « tout dépend de ce qu’il se passe dans le vestiaire » . « Le sursaut peut intervenir si les joueurs sont derrière l’entraîneur et vont vouloir se battre pour lui. Si au contraire, il y a déjà des mécontents dans le vestiaire, ils peuvent être tentés de filer. C’est à double tranchant. » À Metz, Philippe Hinschberger bénéficie encore d’un certain crédit auprès de ses joueurs cadres et même auprès de la direction. « Un entraîneur qui a un plus par rapport aux autres : il est grenat, s’investit à 110% pour notre club » , comme l’admet lui-même Bernard Serin. Et c’est de là que peut venir son salut.

Cependant, quel que soit le sort d’Hinschberger, on peut se demander si l’ultimatum est réellement la méthode de management idoine pour permettre à une équipe de ressortir la tête de l’eau. Si pour la direction, il s’agit surtout d’envoyer un signal aux médias et aux supporters pour montrer qu’elle a encore les choses en main, l’effet sur le coach est plus relatif. « Quand tu entraînes en Ligue 1, tu es confronté tous les jours à des violences psychologiques, tu en vis tous les jours. On est tous préparés à ça, assure Frédéric Hantz. Les ultimatums, on se les fixe nous-mêmes. Philippe n’a pas besoin de ça pour savoir que son club est dans une situation difficile. Je crois qu’il n’y a pas un entraîneur qui a peur de se faire virer. Ce que tu ne veux pas, c’est ne pas réussir. C’est en ce sens que Philippe est malheureux. Son souci premier, ce n’est pas de perdre sa place, mais de faire réussir son club. » Un pansement médiatique qui pourrait même empêcher la cicatrisation. « En fragilisant l’entraîneur, on montre qu’il n’y a pas d’unité dans l’équipe dirigeante et technique, alerte Alain Perrin. Si tout le monde a un discours positif, de confiance, de retrousser ses manches, on avance. C’est pour ça que ça doit être une décision qui doit se prendre en interne. »

Engrenage

Pour un club qui cherche à inverser la dynamique, l’ultimatum apparaît donc comme une opération risquée. Qu’en sera-t-il si Hinschberger réussit sa mission ? Une fois la confiance à l’entraîneur renouvelée, le club pourra-t-il réellement repartir sur des bases saines ? « Quand on en est là au mois d’octobre, on peut imaginer que même si on sauve sa tête sur deux matchs, on est déjà dans un engrenage où on ne dépend que d’une série de victoires, déplore Alain Perrin. C’est pour ça que l’ultimatum doit être manié avec beaucoup de précaution. » Un avis que partage son collègue Frédéric Hantz : « Si Metz gagne samedi et qu’ils enchaînent cinq victoires d’affilée, la situation pourra se résorber. Mais si on retombe dans une situation aussi critique un ou deux mois plus tard, les choses ressortiront. Un instant T n’a d’influence que s’il se répète. » À cette heure-ci, avoir droit à une répétition ressemble à un luxe pour le Hinsch’, car cela voudra dire qu’il aura su stopper le compte à rebours avant que la bombe n’explose. Et après, seulement après, il pourra desserrer son nœud de cravate et tremper les lèvres dans un vodka-martini.

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Par Mathieu Rollinger

Propos d'Alain Perrin et de Frédéric Hantz recueillis par MR.

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