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Higuaín et la hantise du grand Catalan
Pas en super forme, Gonzalo Higuaín déteste Barcelone, son adversaire du soir. Outre le fait qu’il soit un ancien du Real Madrid, l’attaquant de la Juventus a du mal à exister quand il rencontre la bande de Lionel Messi. Et voit ses détracteurs en profiter pour lui rappeler son inefficacité lors des grands rendez-vous.
Le doigt est tendu bien haut. Assez, en tout cas, pour qu’il apparaisse au-dessus de la cahute servant de toit au banc des remplaçants. Il est aux alentours de 23h en ce 12 septembre 2017, Barcelone mène 3-0 face à la Juventus, et Gonzalo Higuaín, qui laisse sa place à la 87e minute de jeu à Fabrizio Caligara après une prestation quelconque, ne peut s’empêcher de balancer ce geste aux tribunes du Camp Nou. Un geste pour dire « Fuck ! » à ce Barça qu’il a combattu durant des années à Madrid et qui continue de le faire galérer. Un geste pour dire « Fuck ! » à tous ceux qui le critiquent ouvertement, pour lui rappeler son rendement actuel décevant et celui qui l’accompagne lors des rendez-vous importants. Un geste pour dire « Fuck ! » à sa forme du moment, qui laisse à désirer. Un geste pour dire « Fuck ! » , aussi peut-être, à l’indépendance catalane, actualité qui couvre tous les médias qu’il peut suivre et qui lui rappelle que Barcelone ne se laisse pas dompter si facilement.
¡NO TE LO PIERDAS! ‘PEINETA’ de Higuaín al Camp Nou tras SALIR ABUCHEADO. La IMAGEN YA en #ChampionsTotal en MEGA. pic.twitter.com/hdTPPRqct4
— ChiringuitoChampions (@chirichampions) 12 septembre 2017
Car le topo est le suivant pour l’attaquant : depuis le début de sa carrière, Barcelone représente tout simplement un cauchemar. En 21 confrontations avec le club espagnol, l’Argentin n’a jamais réalisé de passes décisives. Pire : il n’a planté qu’à trois reprises. Soit un ratio d’environ 0,143 but par duel. Inacceptable pour un strikerde sa trempe. Et lorsqu’il l’a fait, ses tremblements de filet n’ont (quasiment) servi à rien. Son ouverture du score au retour de la Supercoupe d’Espagne 2013 ? Inutile, la victoire de la Maison-Blanche (2-1) étant insuffisante pour accrocher le trophée après le 3-2 concédé à l’aller. Celle lors de la 34e journée de Liga en 2009 ? Oubliée, étant donné que le résultat final donne un 6-2 en faveur de l’adversaire. Son pion un an plus tôt, lors de la 36e journée de championnat ? Il y avait déjà 2-0 en faveur des siens après l’heure de jeu passée (succès 4-1).
Un boulet, vraiment ?
Au-delà des statistiques personnelles, Higuaín n’a gagné que cinq fois contre le Barça. Soit moins de 24% du temps. Difficile à digérer quand on s’appelle Pipita. Encore davantage quand on se trouve dans une période de doute et quand on s’en prend plein la gueule en raison de kilogrammes en trop ou d’une efficacité perdue. « Il n’est pas en condition de jouer. Son souci est moins physique que mental, a par exemple balancé l’ex-Turinois Fabrizio Ravanelli au micro de Radio Sportiva en septembre. Je pense que ce joueur a vraiment besoin de repos, d’une semaine de tranquillité. Actuellement, Gonzalo est un vrai poids pour la Juventus. » Il faut dire que le jugement est sévère. Avec dix buts en 17 titularisations toutes compétitions confondues, l’avant-centre, qui a habitué à beaucoup mieux, est certes loin de ses standards. De là à le comparer à un boulet…
Un doigt levé pour sa seule défaite en C1
Ce pénible historique catalan qu’Higuaín doit porter sur son dos devient encore plus lourd lorsqu’il donne le sourire aux détracteurs du Sud-Américain. Lesquels peuvent alors répéter, avec assurance, que l’ancien Madrilène est un homme destiné à s’illuminer dans les petites rencontres. Et, surtout, à briller par son absence dans les grandes. Ceux-là même brandiront avec insistance les arguments classiques justifiant leur jugement : où était le natif de Brest durant la finale du Mondial en 2014 ? Et pendant les finales de la Copa América en 2015 et 2016 ? Que faisait-il une fois les phases de groupes de C1 achevées ces dernières années (deux buts en 23 matchs à élimination directe dans l’épreuve) ?
Que Pipitase rassure. Lui aussi peut aller chercher dans ses souvenirs des statistiques qui parlent en sa faveur. Son récent doublé contre Milan lui a par exemple permis de passer la barre des cent buts en Serie A en moins de temps que David Trezeguet (153 matchs contre 155). Et en Ligue des champions, le problème Barça n’en est plus vraiment un : il n’a perdu qu’une seule fois dans la compétition reine contre les Blaugrana (en quatre occasions). Cette fameuse fois où son doigt s’est levé.
Par Florian Cadu