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Higuaín est-il le problème du Real Madrid?
Contrairement à son équipe, Gonzalo Higuaín réalise un début de saison plus qu’honorable, avec des buts et de belles performances, malgré quelques maladresses. Mais son retour au premier plan coïncide avec la mauvaise période du Real Madrid…
Le Real ne va pas fort. Cristiano, Özil et Benzema ne vont pas fort. Mais Higuaín, lui, ça va. Avec Pepe, l’Argentin fait probablement partie des « deux ou trois » joueurs non visés par les attaques de Mourinho. Pipita est batailleur, impliqué et, comme toujours, il marque. 4 journées, 3 titularisations, 3 buts. Plus un en Supercoupe contre le Barça, et deux en deux matchs avec l’Argentine. Sur le départ en fin de saison dernière, Higuaín a été convaincu par son coach de rester à Madrid, garantie de temps de jeu supplémentaire à la clé. Promesse faite, promesse tenue. Plus affûté physiquement que Benzegol suite à une pré-saison complète, le Breton de naissance a récupéré la place de numéro 1 à la pointe de l’attaque du Real depuis la reprise. Un retour au premier plan qui coïncide avec la mauvaise passe du club merengue. Or, en attendant de voir ce qu’il en est de Modrić, ce changement de hiérarchie en attaque est pour l’instant la seule nouveauté de Mourinho par rapport à la saison passée. Alors, Gonzalo, au-dessus des problèmes ou cause des problèmes de la Maison Blanche ?
À son niveau, mais quel niveau ?
L’année dernière, le Real a perdu 14 points en 38 journées. Cette saison, il en a déjà perdu 8 en 4 journées. Le Mou explique cela par des joueurs moins concernés. Dans l’effectif, on évoque plutôt une pré-saison éprouvante. Higuaín, lui, ne semble concerné par aucune des deux explications. Des appels tranchants, un sens unique du placement, une belle combativité et des buts. Pipita fait le taf. Difficile de lui reprocher quoi que ce soit, hormis une certaine maladresse dans le dernier geste, sans laquelle il serait probablement le héros de ce début de saison. L’Argentin fait ce qu’il sait faire et joue à son niveau, contrairement à ceux qui l’entourent. Contrairement aussi à celui qui est pour l’instant sa doublure, Karim Benzema, muet depuis la reprise. Mais ne serait-ce pas un élément explicatif des mauvaises performances actuelles de ce Real Madrid ? Autrement dit, Higuaín a-t-il vraiment le niveau pour être le numéro 9 de cette équipe ? Ou encore, son profil est-il adapté à l’attaque actuelle du club merengue ?
Cette saison 2011-2012 a été la meilleure de la carrière de Cristiano Ronaldo. Elle a aussi été la meilleure de Benzema. Et la meilleure de l’histoire du Real. Des données qui sont probablement liées les unes aux autres. Dans ce Real, Benzema semble faire pleinement partie du collectif. Il combine avec ses compères de l’attaque, il redescend, se déporte à gauche et laisse par intermittence l’axe à CR7. Il cherche les une-deux, crée des décalages, fluidifie le jeu madrilène. Higuaín n’a pas ces qualités-là. Il est plutôt un élément à part, un spécialiste de l’appel, un tueur qui vient conclure les mouvements de ses partenaires, souvent de bien belle manière. Un vrai 9, en somme. Loin d’être mal à l’aise techniquement, mais évoluant dans un rôle plus limité et dans un périmètre plus réduit.
Fluidité perdue
Des matchs moyens, le Real en faisait aussi la saison passée, surtout hors de ses bases. Mais quand la machine madrilène n’écrasait pas son adversaire, Cristiano Ronaldo sortait le grand jeu et allait prendre les trois points, souvent à lui tout seul. Pour l’instant, le leader de l’équipe est en-dedans. Peut-être parce qu’il est triste, peut-être parce qu’il est fatigué, peut-être aussi parce qu’il est moins à l’aise avec Higuaín à ses côtés. La saison dernière, Mourinho a maîtrisé à la perfection l’équation Higuaín + Benzema = Higuaínzema. En numéro 1, le Français progressait rapidement, exploitait pleinement son talent au milieu de Ronaldo-Özil et le mettait au service de cette superbe machine madrilène. En numéro 2, Higuaín enfilait les pions, comme d’habitude. Une situation viable tant que l’Argentin acceptait son second rôle, ce qui n’était plus le cas en toute fin de saison. The Only One a redistribué les cartes et le Real a perdu sa fluidité. Higuaín n’en est évidemment pas le seul responsable, mais il en est (bien malgré lui) certainement un facteur. À Benzema de lancer sa saison et de reconquérir sa place. De contribuer à la relance de Cristiano, d’Özil et de la puissance du collectif merengue. Ce soir, face à l’ogre de Manchester City, le Bernabéu n’en attend pas moins.
Par Léo Ruiz