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Higuaín-Dybala, la vie de couple à Turin
Recrutés à prix d'or lors des deux derniers mercatos estivaux, Paulo Dybala et Gonzalo Higuaín sont régulièrement présentés comme la nouvelle doublette offensive qui ramènera la Juventus vers les sommets européens. Car à la Juve plus que n'importe où ailleurs, l'attaque est une affaire de couples.
C’est un dicton qui définit la Juventus depuis 50 ans : « La Juve, c’est dix ouvriers et un génie » Une maxime qui retranscrit l’identité du club bianconero mais qui manque d’exactitude. Car à Turin, les aspirations offensives des Juventinireposent généralement non pas sur un, mais sur deux hommes. Un couple signature que la Juve tente de ressusciter avec l’émergence de sa doublette Dybala-Higuaín. Mais pour que leur idylle fonctionne aussi bien que celles de leurs illustres prédécesseurs, les deux Argentins vont devoir faire ça dans les règles. Car à la Juve, les duos qui durent n’échappent pas à certaines caractéristiques immuables.
Un esthète et un assassin
Plutôt que d’empiler les artistes devant, la Juve a souvent préféré miser sur l’alchimie créée par l’addition de talents très différents. Pour ne pas dire stylistiquement opposés. Avec des magiciens porteurs du numéro 10, de Platini à Baggio en passant par Del Piero, dont les passes laser et les dribbles chaloupés doivent alimenter en munitions des snipers au style beaucoup plus dépouillé. Des types qui n’hésitent pas à faire le sale boulot en inscrivant des buts de salopards. Leurs noms ? John Charles, Filippo Inzaghi ou encore David Trezeguet. Face au Barça, le Bon c’est Dybala, qui va devoir rayonner entre les lignes. Tandis qu’Higuaín devra se muer en Truand des surfaces. Tout en gardant en tête les saintes paroles de David Trezeguet: « L’esthétique du but n’a aucune importance. Le but c’est de l’amour. Peu importe qu’il soit moche ou beau du moment qu’il fait plaisir aux gens. » Amen.
Se révéler aux yeux de la grande Europe
2 mars 1983. Le duo Platini-Boniek explose bien au-delà des frontières de la Botte lors d’un quart de finale de C1 où la Juve sort Aston Villa, champion d’Europe en titre. Lors du match aller, une passe téléguidée du Français envoie le Polonais sur orbite, qui conclut d’une frappe de poney pour permettre à la Juve de l’emporter en terre anglaise (1-2). 5 mai 1993. La doublette Vialli-Baggio tue le suspense de la finale aller de la coupe UEFA , en roulant sur Dortmund (1-3). Vialli, en lévitation, envoie notamment un caviar pour Baggio qui conclut face aux cages. 14 mai 2003. Après s’être inclinée au Bernabéu (1-2), la Vieille Dame renverse le Real Madrid des Galactiques en demies de C1 grâce à un irrésistible duo Del Piero-Trezeguet. Après un centre de Nedvěd, Il Pinturicchio remise de la tête pour le Français qui assassine Casillas du gauche. Avant que l’Italien ne s’offre un festival pour planter une seconde banderille. De tous temps, les grandes doublettes de la Juve ont su s’offrir rapidement un match référence en Europe. Gonzalo et Paulo ne pourront pas y échapper s’ils veulent que leur idylle marque les consciences des tifosi.
Être au top du hip hop national
« L’Italie, c’est le pays des stats. Il fallait que je marque le plus de buts possible. C’est comme ça que tu gagnes le respect des autres. » Dixit David Trezeguet. Le duo mythique composé du colosse gallois, John Charles, et du feu follet argentin, Omar Sivori, l’avait bien compris. En plus de remporter trois fois le Scudettoentre 1957 et 1962, l’un et l’autre ont obtenu le titre de Capocannoniere, en 1957 pour Charles et 1960 pour Sivori. Un titre que Platini a décroché pendant trois saisons, de 1982 à 1985, en s’appuyant sur les courses et sacrifices de son compère d’attaque, Zbigniew Boniek, ce qui vaudra au Français de déclarer en 1985 que « le prochain meilleur buteur du championnat évoluera dans l’équipe de Boniek » . Classe. Le duo Del Piero-Trezeguet, lui, connaît son apogée sur le plan statistique lors de la saison 2007-2008 : la Juve vient de remonter en Serie A après le scandale du Calciopoli, l’Italien et le Franco-Argentin ont la trentaine passée, mais ils se hissent au sommet du classement des buteurs, avec respectivement 21 et 20 buts marqués. Un bilan largement à la portée de Pipita Higuaín, alors que Dybala doit encore passer la barre des 20 pions sur une saison de Serie A pour s’inscrire dans les pas de ses aînés.
Devenir potes pour la vie
C’est encore Pavel Nedvěd qui résume le mieux l’esprit Juve sur la question : « La Juve est un club élitiste mais aussi familial. » Du coup, les couples de Bomberde la Vieille Dame sont plutôt du genre à s’envoyer des douceurs. L’amitié qu’entretenaient Omar Sivori et John Charles en est un exemple édifiant. L’Argentin n’avait pas assez de compliments pour parler de son frère de surface : « J’aimerais bien que tout le monde comprenne que, pour moi, John compte encore plus que tous les autres. Vous ne trouverez pas d’homme plus honnête que lui. Avant de le voir comme un footballeur, je l’admire en tant qu’être humain. » Cœur avec les rayures. Une affection sincère qui caractérise également la relation qui anime Platini et Boniek, toujours proches aujourd’hui, comme en témoigne le soutien du second après la suspension du Français à la suite du scandale de la FIFA de 2015. Alessandro Del Piero avait, lui, rendu un hommage élégant à son compère d’attaque, David Trezeguet lorsque celui-ci avait annoncé son départ de la Juve. Heureusement, Higuaín et Dybala semblent avoir déjà compris qu’à la Juve, la bromanceentre attaquants est de rigueur : « La vérité, c’est qu’Higuaín et moi, nous sommes déjà très bons amis. J’avais déjà eu la chance d’apprendre à très bien le connaître en équipe nationale » , avance Paulo. On sait désormais pourquoi Nico’ Anelka ne pouvait que se viander magistralement du côté de Turin.
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Par Adrien Candau
Tous propos issus de Tuttosport, La Gazzetta dello Sport et La Stampa.