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- AS Monaco–St-Jean/Beaulieu
Hichem Ferreri, un champion du monde à St-Jean
Ce dimanche, le petit poucet de la Coupe de France, l’Entente St-Jean/Beaulieu défie l’AS Monaco. Parmi les joueurs du club de DHR, un champion du monde ConIFA, Hichem Ferreri. Présentation d’un mec qui en veut, jusqu’à se fritter avec Julien Sablé.
La JSSJB espère ne pas avoir à attendre les feux de la St-Jean pour briller. Le club azuréen en aura l’occasion dès ce 3 janvier en affrontant l’AS Monaco en 32es de finale de la Coupe de France. Pour y arriver, elle peut compter sur neuf joueurs formés à l’OGC Nice, dont Hichem Ferreri. Le joueur de 23 ans défendra les couleurs du petit club de DHR après 17 ans passés au centre de formation des Rouge et Noir. « J’y ai vécu beaucoup d’excellents moments, j’étais capitaine de la réserve, je jouais beaucoup de matchs, on a réussi à monter en CFA, j’y ai côtoyé des gens extra. Même s’il y a un goût d’inachevé parce que je n’ai pas joué avec l’équipe une, je n’ai pas de regrets » , avoue le milieu de terrain.
S’il n’a pas connu la Ligue 1, le Niçois a fréquenté le monde professionnel de très près. Pendant deux ans, il s’est entraîné tous les jours avec eux, étant notamment pris sous son aile par Fabián Monzón. Rien que ça. « On avait un peu le même style de jeu, ça s’est fait naturellement » , déclare celui qui a connu des débuts remarqués à l’entraînement. Pour sa première, le latéral de formation s’est embrouillé avec Julien Sablé, alors capitaine des Aiglons. Si ce n’est pas le caractère, que lui a-t-il manqué pour franchir le pas ? « Quand Claude Puel est arrivé, j’ai fait un entraînement avec lui, puis il ne m’a plus jamais fait sortir de la CFA. Mon profil ne lui convenait pas. À partir de là, c’était difficile » , analyse le jeune homme.
Champion du monde et approché par Malmö
Dans l’impasse, l’ex-joueur de quartier qui a grandi à l’Ariane veut montrer l’étendue de son talent ailleurs. Mais des problèmes familiaux viennent doucher ses espoirs. Après trois mois sans fouler les terrains, il fait des essais. À court de forme et de temps, c’est finalement à Mouans-Sartoux, en DHR, qu’il tente de se relancer. Après quelques mois, cap sur l’Entente St-Jean/Beaulieu. « C’est l’un des meilleurs clubs amateurs de la côte. La structure y est très pro, on a un manager, un kiné… Le club regroupe beaucoup d’anciens des centres de formation de la région : Monaco, Nice, Cannes. » Une structure tellement proche du professionnalisme qu’Hichem vit du football. « Je suis payé, j’arrive à vivre de ma passion. C’est super » , avoue le chanceux.
Jouer en DHR, en vivre et être sélectionné pour une Coupe du monde, impossible ? Non, et Hichem Ferreri en sait quelque chose. Avec la Selecioun, une équipe de joueurs nés dans le Comté de Nice, il a participé à la Coupe du monde et à l’Euro ConIFA (ConIFA est une organisation qui regroupe des États, minorités, régions ou nations non affiliées à la FIFA désirant participer à des compétitions internationales, ndlr). « Pour les gens, ça n’a aucune signification, mais pour nous, ça en a une. On a monté l’équipe en une semaine, on est allés jouer le Mondial en Suède et on l’a gagné avec la manière en rendant les Niçois fiers. » Après quatre matchs en sept jours, l’international niçois marquera le tir au but décisif en finale pour permettre aux siens de remporter ce titre inédit. Et si un an plus tard, l’équipe devra se contenter de la deuxième place à l’Euro, ces sorties internationales lui ouvriront des portes. « J’étais en négociation avec Malmö et Ostersunds, malheureusement, ils voulaient que je reste après le tournoi, mais on avait déjà des billets retours non échangeables. » Une carrière se joue sur des détails… Le joueur de caractère a l’occasion de reprendre le train en marche dès aujourd’hui sur le Rocher, et il ne voudra pas le rater.
« Avec la Populaire Sud, on n’est jamais déçus »
« On veut montrer nos capacités, prendre une revanche sur nos passés mal terminés avec les pros » , annonce le compétiteur qui ne perd pas espoir de décrocher un contrat avec des clubs de haut niveau. Pour cet amoureux de foot, il n’y a pas d’autres alternatives. « J’en suis fou, heureusement qu’il y a des matchs à regarder chaque jour avec la Ligue 2, les Coupes d’Europe et les championnats. Entre ça et FIFA, ça rendait folle ma copine au début. Maintenant, elle regarde avec moi. » Cette étape désormais franchie, elle est même devenue sa femme et a donné naissance à leur fille il y a quelques jours. Une fin d’année 2015 parfaite entre vie privée et terrains, avec ce tirage idéal. « Tout nous oppose avec l’ASM, c’est les amateurs contre les riches. On en avait marre de battre des CFA, jouer une L1, c’est le gros lot » , avoue le gourmand aux dents longues.
Pour arriver à triompher au Louis-II, l’admirateur de Javier Pastore ( « pour moi, c’est le talent à l’état pur, un des meilleurs du monde » ) et ses coéquipiers pourront compter sur un coach qui les transcende et un public acquis à leur cause, la Populaire Sud des voisins niçois ayant appelé ses membres à venir soutenir le petit poucet. « Avec eux, on n’est jamais déçus, c’est le meilleur public de France » , savoure déjà celui qui a connu un OGC Nice en Ligue 2, à la fin des 90’s. « La philosophie n’est plus la même. Mais elle n’a pas changé avec Claude Puel, l’homme qui est à l’origine de ça, c’est Manu Pirès. C’est lui qui incarne le Gym d’aujourd’hui » , analyse-t-il. Il pourra peut-être lui dire directement au prochain tour…
Par Nicolas Kohlhuber