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Hicham M’Laab : « À Bergerac, nous sommes une équipe de clébards »

Propos recueillis par Quentin Ballue
7 minutes
Hicham M&rsquo;Laab : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>À Bergerac, nous sommes une équipe de clébards<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Dix jours après le scalp de l'AS Saint-Étienne, le Bergerac Périgord FC, leader de son groupe de N2, retrouve le stade Francis-Rongiéras de Périgueux pour un quart de Coupe de France contre Versailles. Dans ses rangs, Hicham M'Laab, passé par le centre de formation du Stade rennais puis par les réserves du RC Lens, du FC Nantes et du Paris Saint-Germain. Auteur du tir au but de la qualification contre Metz en 32es de finale, l'attaquant de 31 ans, éducateur à la ville, rêve de voir l'épopée se prolonger. Pourquoi pas jusqu'au Stade de France. Une enceinte qui ne lui est pas inconnue puisqu'il y avait marqué en 2008 lors de la finale de Gambardella remportée par les Rennais 3-0 contre Bordeaux.

Comment tu vis cette saison fantastique de Bergerac ?Comme un rêve éveillé. C’est historique pour le club et pour les joueurs. On arrive à allier la coupe et le championnat, c’est super. On vit un truc de malades. C’est une aventure que je souhaite à tout joueur amateur. Être leader de N2 et jouer pour une place dans le dernier carré d’une des plus belles compétitions de France, quel kiff !

Pas trop déçu de tirer Versailles, un autre club de N2, en quarts ?Comme tout le monde, il y a une petite déception parce qu’on joue cette compétition pour tomber des gros. Après, ça nous donne aussi plus de chances d’accéder à la demi-finale. C’est du 50/50 alors que quand tu joues une Ligue 1, tu pars outsider. Là, c’est comme un match de championnat et tu te dis : « Putain, je peux être en demi-finales de Coupe de France ! » Après, tu es à 90 minutes du Stade de France… C’est pas mal non plus. Maintenant, il n’y a plus qu’à transformer ce rêve en réalité.

Tu es passé par le Stade rennais, Lens, Nantes et le PSG. Tu considères ça comme une fierté ou il y a toujours la frustration de ne pas avoir décroché de contrat pro ?Je suis un privilégié parce que ce sont de grands clubs. Ça m’a enrichi en tant qu’homme et que joueur. Ça m’a certainement permis, aujourd’hui, d’aborder les matchs un peu plus sereinement, de mieux gérer la pression. Chaque club m’a fait grandir. Ces quatre aventures étaient différentes, mais toutes extraordinaires.

Tu as aussi failli signer à l’OM en 2013.C’est vrai. J’aurais pu faire l’OM et le PSG, c’est original. (Rires.) Des contacts se sont noués. Je ne saurais pas dire pourquoi ça ne s’est pas fait, mais c’était flatteur d’être demandé par un club aussi prestigieux.

Beaucoup de gens que j’ai côtoyés dans le monde du foot me disent que je suis un gâchis. J’ai peut-être oublié de travailler à certains moments.

Pendant la saison 2015-2016, avec le FC Nantes, tu es entré deux fois en jeu en Ligue 1 et tu étais sur la feuille de match à plusieurs autres reprises, notamment contre l’OL et l’OM. Que représentait cette expérience dans l’élite ?C’était l’aboutissement de toutes mes années d’effort. Si j’y réfléchis un peu aujourd’hui, j’ai un peu de regrets. Beaucoup de gens que j’ai côtoyés dans le monde du foot me disent que je suis un gâchis. J’ai peut-être oublié de travailler à certains moments. Aujourd’hui, c’est ce que je m’efforce de dire à mes petits frères et à ceux qui me demandent des conseils. Sans le travail, on n’a pas grand-chose. Quand on arrive là-haut, on se croit peut-être arrivé, mais il faut continuer le travail invisible et être rigoureux pour mener une carrière dans le foot.

Tu as l’impression d’être passé à côté de quelque chose ?Si je te disais non, je mentirais un peu. Quand tu entends beaucoup de coachs te dire que tu es, dans le bon sens, « un petit con », c’est que tu as raté quelque chose. Avec mes qualités, j’aurais pu faire des choses. J’en garde à l’intérieur une forme de micro-déception. Si j’avais été un peu plus à l’écoute ou un peu plus travailleur, peut-être que… Mais on ne le saura jamais. Pour autant, je ne prends jamais rien comme une revanche. Mon parcours est comme ça, j’ai toujours fait les choses avec mon instinct et j’en suis heureux. Partout où je suis passé, j’ai appris quelque chose. J’ai commis des erreurs, j’ai parfois été impatient, mais je ne suis pas du tout revanchard, au contraire. Si j’en suis là, c’est le destin.

À quoi ressemble ton quotidien à Bergerac ? Il est assez simple. Entraînement comme un footballeur semi-professionnel, match le week-end, et je coache mes pitchouns le mercredi et le jeudi. Quand on joue à domicile, j’essaie de les accompagner et d’aller les voir le week-end, ça me tient énormément à cœur. J’essaie de leur transmettre ce que j’ai appris.

Le plus souvent, mes pitchouns me demandent si je me suis entraîné avec Neymar et Mbappé. Je n’ai pas fait un million d’entraînements avec eux, j’en ai fait trois ou quatre, mais oui j’ai eu cette chance.

Est-ce qu’ils voient aussi en toi quelqu’un qui a joué en Ligue 1 ?Oui, ils me posent beaucoup de questions sur mon parcours. Ils sont impressionnés, parce que c’est leur rêve. J’ai un rôle de grand frère, je leur dis surtout de prendre du plaisir. C’est le plus important à leur âge.

Quelle est la question qu’ils te posent le plus ?Il y en a tellement… Le plus souvent, ils me demandent si je me suis entraîné avec Neymar et Mbappé. Je n’ai pas fait un million d’entraînements avec eux, j’en ai fait trois ou quatre, mais oui, j’ai eu cette chance de voir deux des meilleurs joueurs du monde en action.

Avec la saison que réalise Bergerac et cette épopée en Coupe de France, tu espères encore atteindre le foot pro ?À mon âge ? (Rires.) J’ai 31 ans, j’en aurai 32 le 27 février. J’ai un parcours atypique, qui sait ! Je n’ai pas envie d’arrêter tout de suite, je veux repousser mes limites. Pourquoi pas, mais le monde amateur m’a appris à rester terre à terre. Je kiffe, l’essentiel est de prendre du plaisir sur le rectangle vert et d’entrer sur le terrain comme un enfant. Quand je vois le plaisir de mes 7-8 ans à aller sur le terrain quand il pleut, qu’il fait froid ou qu’il y a du soleil, je m’inspire de ça pour continuer à prendre mon pied moi aussi.

Quelle est la force de cette équipe de Bergerac ?On a une âme d’équipe. En rigolant, le coach dit que nous sommes des clébards. C’est un terme qui nous tient à cœur maintenant parce qu’on se tue les uns pour les autres. Cette unité est travaillée au quotidien, on essaye de prendre énormément de plaisir ensemble. On a fait des olympiades en début de saison, tu rigoles, tu crées une forme d’unité puisque tu as besoin de l’autre pour avancer.

Votre entraîneur Erwan Lannuzel avait aussi raconté que vous aviez fait votre version d’Un dîner presque parfait pendant la présaison. Ouais, ça aussi, c’était un truc original et marrant à faire. On était par groupe de 5-6 joueurs, chaque soir on avait un menu à réaliser et on se notait. C’était assez cool. Moi, j’avais préparé un couscous, pour faire un clin d’œil à mes origines et à ce que ma maman me fait régulièrement quand je rentre à la maison. Toutes ces petites choses font de nous un groupe uni.

De temps en temps, il faut se sacrifier. Des fois, je boude dans mon coin quand il faut défendre, mais derrière, ça amène un résultat, et on voit où on en est aujourd’hui.

C’est l’une des explications de votre solidité défensive ? (Bergerac n’a toujours pas pris de but dans son parcours, NDLR.) Bien sûr. Sortir deux équipes de Ligue 1 (Metz puis Saint-Étienne) et une de National (Créteil), sans prendre de but, ce n’est pas commun. Même nous, les attaquants, on est contents de ne pas prendre de but. C’est gratifiant. Je suis un attaquant, donc j’aimerais gagner des matchs 5-3, mais c’est aussi kiffant de ne pas prendre de but. Le coach a réussi à nous sensibiliser et à nous faire comprendre que c’était important de défendre. Dans le foot moderne, il n’y a plus de joueur qui ne défend pas.

Ce ne sont pas Mbappé et Neymar qui t’ont appris à défendre ?(Rires.) Ça n’a jamais été dans mon ADN non plus, on me l’a beaucoup reproché dans le passé. Avec l’âge, j’ai réussi à comprendre que c’était important pour l’équilibre d’équipe. De temps en temps, il faut se sacrifier. Des fois, je boude dans mon coin quand il faut défendre, mais derrière, ça amène un résultat, et on voit où on en est aujourd’hui.

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