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Hervé Renard : « Je ne pouvais pas faire mieux en Afrique »

Propos recueillis par Gaspard Manet
7 minutes
Hervé Renard : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je ne pouvais pas faire mieux en Afrique<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après avoir soulevé la CAN avec la Côte d'Ivoire en janvier dernier, Hervé Renard revient en France. Celui qu'on surnomme le « Sorcier Blanc » a décidé de poser ses valises à Lille. Et comme d'habitude, elles sont remplies d'objectifs.

Pouvez-vous nous dire comment s’est faite votre venue à Lille ?

Lors du mois de mai, le LOSC m’a contacté pour savoir si je voulais prendre les rênes de l’équipe première. À ce moment-là, je leur ai demandé : « mais vous comptez vous séparer de votre entraîneur, car il me semble qu’il est encore sous contrat ? » Ce à quoi on m’a répondu, qu’effectivement, il y allait avoir une séparation entre les deux parties. Ensuite, on m’a expliqué le projet du club, qui est un peu différent de ce qui s’est fait ces dernières années car il faut bien avoir conscience que les moyens ne sont plus les mêmes.

Vous n’avez pas hésité dans votre prise de décision ?

Non, pas du tout. Je me suis renseigné sur le club, je connaissais le stade pour y être venu jouer avec Sochaux. On m’avait également dit beaucoup de bien du domaine de Luchin (ndlr : le centre d’entraînement du LOSC), ce que je confirme après l’avoir vu puisque c’est vraiment un endroit fantastique. Je pense que c’est un club où il fera bon vivre, et on pourra travailler dans des conditions optimales, même s’il y aura sûrement des moments un peu moins faciles que ce que le LOSC a pu connaître notamment en 2011 ; mais bon, c’est le football, c’est comme ça. Aujourd’hui, il est évident que l’attaque n’est plus constituée de Hazard, Gervinho et Sow. Après, on reste quand même l’un des meilleurs budgets de Ligue 1, le septième il me semble, donc l’objectif sera de se situer dans ces eaux-là, et pourquoi pas mieux.

Aviez-vous d’autres possibilités ?

Oui, j’en avais pas mal à travers le monde, pour ne pas être très précis, car ça ne sert à rien de rentrer dans les détails. Mais je n’avais pas envie de donner à ma carrière une direction uniquement dictée par l’aspect financier. Et je pense que Lille était le meilleur projet, du moins celui qui me correspondait le mieux.

Qu’est-ce qui a fait pencher la balance en faveur du LOSC, au final ?

L’envie de travailler dans de belles infrastructures, déjà. Et puis l’envie de travailler dans un club sérieux avec des gens très professionnels.

Pour vous, revenir en Ligue 1 était une priorité ?

Non, pas spécialement. J’ai toujours dit que j’étais à la tête d’une sélection classée 20e au rang mondial et que je ne serais revenu que pour un projet qui me semblait cohérent. Il était hors de question d’aller n’importe où juste pour revenir en Ligue 1. Je suis à un moment de ma carrière où j’avais envie d’autre chose, je pense que je ne pouvais pas faire mieux en Afrique, même si j’y reviendrai un jour.
J’ai beaucoup de complicité avec Serge, donc il a sûrement livré un sentiment personnel qui ne colle pas tout à fait à la réalité.

Votre départ de la sélection ivoirienne s’est-il bien passé ?

Oui, très bien. Ça s’est passé en toute tranquillité, grâce à la compréhension de la Fédération ivoirienne. D’ailleurs je les en remercie.

Pourtant, il y a quelques jours, Serge Aurier a déclaré : « Le problème, c’est que la Fédération n’a rien fait pour le garder. On ne lui a pas donné tous les moyens pour travailler. Quelque part, on l’a forcé à prendre cette décision. »

J’ai beaucoup de complicité avec Serge, donc il a sûrement livré un sentiment personnel qui ne colle pas tout à fait à la réalité. En toute sincérité, je n’ai pas envie de polémiquer à ce sujet, ça s’est bien passé, c’est l’essentiel. J’ai vécu des moments exceptionnels, avec des joueurs exceptionnels, c’est qu’il faut retenir.

Vous revenez fort de votre succès à la CAN, est-ce que cela va changer quelque chose dans votre mode de fonctionnement. Dans votre façon d’appréhender votre nouveau rôle d’entraîneur ?

Oui, bien sûr ça change quelque chose par rapport à il y a encore quelques années. Je suis plus libre, maintenant. J’ai passé beaucoup d’années à essayer de faire mon trou, j’ai connu quelques succès, donc forcément ça permet d’appréhender les choses de façon plus sereine.

En Afrique, vous avez glané une certaine légitimité, mais est-ce qu’en France vous vous sentez encore dans la peau de celui qui a des choses à prouver ?

Aux yeux des gens, forcément. Après, c’est une question que je ne me pose pas. C’est loin d’être quelque chose qui me perturbe, en tout cas. J’avais plusieurs possibilités, comme je le disais, et j’ai choisi celle qui me paraissait la plus passionnante. Je ne fais pas mes choix par rapport au regard des gens.

C’est la deuxième fois que vous allez diriger une équipe en Ligue 1, mais c’est la première fois que vous commencez une saison. Y-a-t-il de l’appréhension ?

Non, aucune. Je ne suis pas quelqu’un de stressé par nature. Je connais les responsabilités qu’on m’a données, et je sais ce que j’ai à faire. Je me suis déjà mis à travailler et je vais faire mon travail du mieux possible, comme d’habitude. Il y aura sûrement des moments difficiles, où des gens vont faire des commentaires, mais ce n’est pas mon problème.

Vous avez essayé de faire venir des joueurs que vous avez côtoyés en sélection ivoirienne ?

La plupart ne sont même pas accessibles, donc ça ne sert à rien d’essayer (rires). C’est impossible. Faire venir des joueurs comme ça, à part pour le PSG, c’est à des années-lumière de ce qui peut se faire dans le championnat de France. On est souvent très sévère avec notre championnat mais on oublie de prendre en compte tous les paramètres. Quand vous regardez les budgets des clubs de Premier League, il n’y a rien de comparable. Les gens disent que la Ligue 1 est faible, mais ce n’est pas vrai. Après, c’est certain que si vous regardez un derby de Manchester, vous aurez du mal à regarder un match de Ligue 1 entre deux équipes de seconde partie de tableau, mais ce n’est pas comparable. Il faut comparer ce qui est comparable, c’est tout.
On verra bien ce qui arrivera, mais je n’aucun doute sur le fait que cette aventure sera belle.

Il va quand même y avoir du mouvement sur le marché des transferts ?

Oui, il faudra recruter en étant intelligent, pour se tromper le moins possible. Il faut essayer de ne pas dépenser de l’argent inutilement. Pour ça, il faut essayer de trouver des joueurs qui pourront, plus tard, avoir une valeur marchande qui sera bénéfique au club. Il faut bien analyser tous les paramètres avant de recruter quelqu’un.

La prolongation de Mavuba, par exemple, c’est de votre fait ?

On m’a demandé mon avis, bien sûr. Je l’ai donné, mais je crois qu’on avait tous le même avis sur le sujet et c’est une très bonne chose pour le LOSC qu’un garçon comme Rio ait prolongé. Ça fait sept ans qu’il est ici, il est le capitaine de l’équipe, c’est important de garder ce genre de joueur. D’autant que lorsque l’on veut essayer de miser sur la jeunesse, il faut toujours avoir des cadres pour maintenir le bateau à flot.

La ville de Lille, vous connaissiez avant de signer ?

Non, pas trop, mais j’en ai entendu beaucoup de bien. D’après ce que les gens disent, c’est une ville agréable à vivre. J’espère que j’aurais le même avis sur la question (rires).

Quand on fait un choix comme celui-ci, est-ce que la ville a une réelle influence sur le choix ?

Oui, bien sûr. C’est toujours important. Je dirais que ce n’est pas le critère primordial mais ça a une réelle importance, ça fait partie de toutes les petites choses qui vous font prendre une décision.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour cette nouvelle aventure ?

De faire mon travail le mieux possible et d’être récompensé du travail que je fournirai. Et si je ne mérite pas quelque chose de bien, c’est comme ça, mais j’aurais fait le maximum quoi qu’il arrive. On verra bien ce qui arrivera, mais je n’aucun doute sur le fait que cette aventure sera belle. Le football, c’est ma passion, donc je mesure tous les jours la chance que j’ai, ce n’est que du bonheur. Quand on fait un métier comme celui-ci, il y a tellement de personnes qui voudraient être à notre place, il faut savoir savourer.
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