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Hervé Renard : « J’aurais peut-être pu faire un numéro de clown ! »

Propos recueillis par Alexandre Doskov
Hervé Renard : « J’aurais peut-être pu faire un numéro de clown ! »

Lorsqu'il n'est pas en train de remporter une CAN, Hervé Renard file au cirque admirer son fiston animer la soirée. Car son renardeau est depuis quelques années le Monsieur Loyal du cirque Gruss, et son père ne manque jamais une occasion d'aller l'applaudir. En piste avec le sélectionneur du Maroc pour un entretien chapiteau.

Bonjour monsieur Renard ! Alors, votre fils est le Monsieur Loyal (le maître de cérémonie, ndlr) du cirque Gruss. Avant que votre fils n’y travaille, vous connaissiez le milieu du cirque ?Non, pas du tout. Je connaissais pour y avoir été dans ma jeunesse, mais on va dire que les cirques qu’on a vus durant notre jeunesse, enfin la mienne surtout, ce n’est pas du tout ce qui se fait aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est un vrai spectacle. Il y a des choses un peu similaires, mais ça a beaucoup évolué. Maintenant, j’y vais chaque année parce qu’ils changent de spectacle tous les ans, donc je vais voir mon fils une ou deux fois par an. C’est vrai que ce sont des beaux spectacles, c’est quelque chose qui est à voir, surtout quand on est en famille, c’est génial.

À votre époque, c’était plutôt du cirque de campagne, plus traditionnel ?Oui, bien sur. Mais bon, j’habitais à Aix-les-Bains, donc il y avait quand même des beaux cirques ! Les noms, vous les connaissez. Zavatta, Pinder… Il y a trente ans, c’était ça ! (Rires)

Et ça fait combien de temps que votre fils travaille au cirque Gruss ?Je me suis séparé de sa maman quand il était assez jeune, il habitait Pégomas, et puis chaque année il y a un cirque qui venait juste en bas de chez lui. Je pense que sa passion est venue du fait que ce cirque soit juste en bas de chez lui. Et puis il a commencé parallèlement à jouer au foot, il était gardien de but. Il avait même eu une proposition pour entrer à l’OGC Nice, il avait quatorze-quinze ans. Mais il avait cette passion pour le cirque, il avait des maquettes. Il avait notamment les maquettes des camions Arlette Gruss. Petit à petit, il a continué ses études, mais comme le cirque Gruss venait chaque été dans la région, je pense qu’il s’y est encore plus intéressé. Il s’est pris de passion pour le Monsieur Loyal de l’époque, Michel Palmer. C’est un peu lui qui l’a pris sous son aile. Puis, un jour, mon fils n’était pas bien vieux, il avait dix-neuf ans, monsieur Palmer a laissé la place et on lui a proposé de prendre sa succession. Il m’a appelé, il m’a dit : « J’ai eu cette proposition » , il avait fait une année après le bac, puis il a arrêté.

C’est un record de précocité pour un Monsieur Loyal d’un grand cirque, non ?Peut-être, oui. Quand il a commencé, il avait dix-neuf ou vingt ans. Il a arrêté pendant un an, il a fait un break, il est venu avec moi en Zambie. Il a coupé, car je pense que… Enfin, c’est mon avis personnel, mais je pense que quand on n’est pas né dedans, c’est un milieu différent de tous les autres milieux.

Quand on est père et qu’on voit son fils se diriger vers cette carrière, ça ne fait pas peur ? On a en tête cette caricature des parents qui disent à leur enfant d’arrêter ses délires et d’aller faire « un vrai métier » .Non, moi, je suis fier. Il fait ce que je fais. C’est-à-dire que sa passion, il en a fait son métier. Ce n’est même pas un métier en fait, c’est une passion.

Dans le dernier spectacle, il y a une dame d’origine brésilienne, elle joue très bien au football. Elle jongle et tout, c’est fantastique, elle est impressionnante. Et en plus de ça, elle est très belle !

Le costume rouge de Monsieur Loyal lui va bien ?Ouais, ça lui va bien ! Il joue bien de la guitare, il chante. Mais il le fait de moins en moins dans les spectacles, parce qu’il est avant tout là pour faire la transition, c’est dommage.

Et vous, le costume, vous l’avez déjà essayé ?(Rires) Non ! Non non ! Il le porte beaucoup mieux que moi !

Depuis que vous coachez les Lions de l’Atlas, est-ce que les lions sont devenus votre animal de cirque préféré ?Boarf… De toute façon, c’est toujours majestueux de voir des lions. J’ai aussi eu la chance de les voir en vrai, dans la jungle sauvage, ou dans le bush comme on dit en Zambie, très tôt le matin, au lever du soleil. C’est exceptionnel ! Et ce qu’arrive à faire le dompteur avec ce lion, c’est ahurissant…

Vous connaissez la différence entre le lion de l’Atlas du Maroc, le lion de la Téranga du Sénégal, et le lion indomptable du Cameroun ?Déjà, les lions de l’Atlas, ils sont dans les montagnes, donc c’est différent. Et au Cameroun ou ailleurs en Afrique sub-saharienne, ce sont des lions qui sont certainement différents. Après, je ne suis pas un grand spécialiste ! Mais bien sûr, il y a plusieurs sortes de lions.

Quand vous allez au cirque, vous avez le droit d’aller dans les coulisses ? Ça donne quoi ?Oui, j’ai visité l’envers du décor. Et c’est ce qui, sincèrement… Bon, j’espère que ça ne va vexer personne, mais c’est ce… Ce qui me fait le plus douter… Ce qui me laisse le plus de doutes quant à sa carrière, parce que je ne sais pas… Moi, je ne me sentirais pas capable de vivre pendant vingt, ou vingt-cinq ans comme ça quoi ! Souvent, je lui pose la question. Le fait de vivre dans un espace assez restreint, de ne pas avoir de domicilie fixe… Dans une vie sentimentale, ce n’est pas évident non plus. Il y a beaucoup de choses. Après, il suffit de s’adapter. Dans la vie, à partir du moment où on trouve son compte… Mais ça m’interpelle, parce que je pense que j’aurais beaucoup de mal à le faire.

Mais ce côté itinérant, cette instabilité, ça fait aussi partie de votre vie d’entraîneur. Surtout vous qui êtes un coach qui a beaucoup bougé.Oui, mais c’est différent, on n’est pas dans les mêmes conditions. L’hiver, au cirque, quand il faut aller prendre la douche et que vous arrivez le dernier, il n’y a que de l’eau froide… (Rires) Ce n’est pas facile ! C’est l’envers du décor ! En revanche, je pense que si un jour il arrêtait, la scène lui manquerait. Le fait d’être sur le devant de la scène, là, toujours au contact du public, je pense que ça lui manquera énormément.

Mais au-delà de ça, aller dans les coulisses d’un cirque, c’est aussi voir les costumes, les animaux, les acrobates qui se préparent. Il y a un côté rêve de gosse, non ?Oui, après, moi, je regarde ça avec un regard différent. Ce sont des athlètes ! Parce que les acrobates, les différents numéros qu’on peut voir, même les motos, ce sont des athlètes. Déjà, il y a très peu de place pour l’entraînement parce qu’il y a des spectacles quasiment quotidiennement, donc c’est vraiment intensif. C’est un don de soi énorme, c’est contraignant, et c’est exceptionnel ce que certains arrivent à faire. En plus du risque ! Dans le dernier spectacle, il y a une dame d’origine brésilienne, elle joue très bien au football. Elle jongle et tout, c’est fantastique, elle est impressionnante. Et en plus de ça, elle est très belle !

Quand il faut changer de ville, je ne sais pas si vous vous êtes renseigné, mais avec les camions, il faut tout monter, tout démonter, tous les gens qui participent, c’est exceptionnel. On ne s’imagine pas, mais je me suis penché un peu sur la question, c’est quelque chose de phénoménal.

Quand vous allez voir le cirque de votre fils, vous avez un statut particulier. Père du Monsieur Loyal, et figure connue du monde du football. Comment êtes-vous accueilli ?Je suis super bien reçu. Mais j’essaie de me faire le plus petit possible. Et comme tout père, je suis fier de mon fils. Quand il arrive sur scène, quand je le vois, quand je découvre le numéro, pour moi c’est un moment plein d’émotions. Je suis un père, donc je le regarde avec des yeux différents.

Et vous, si vous aviez dû faire du cirque, vous auriez été bon dans quel numéro ? (Rires) Non, moi je n’aurais rien pu faire !

Pourtant, vous allez l’air en forme. Je suis sûr que vous feriez un bon trapéziste.(Rires) Oh la la ! Non ! C’est trop difficile pour moi. J’aurais peut-être pu faire un numéro de clown ! Bon, c’est plus les clowns d’antan, mais ils sont bons, c’est sympa ce qu’ils font.

Et entraîner des équipes de football africaines qui ont souvent des surnoms d’animaux, ça ne vous donne pas une âme de dresseur ?Non, non, pas du tout ! Mais oui, je reste en admiration devant ce qu’ils font. Et pour revenir sur l’envers du décor, quand il faut changer de ville, je ne sais pas si vous vous êtes renseigné, mais avec les camions, il faut tout monter, tout démonter, tous les gens qui participent, c’est exceptionnel. On ne s’imagine pas, mais je me suis penché un peu sur la question, c’est quelque chose de phénoménal.

Votre numéro de cirque favori, si vous ne deviez en retenir qu’un, ce serait lequel ?De ceux que j’ai vus cette année, c’est celui de la Brésilienne qui jongle. Chaque année, il y a des spectacles différents, mais je garde celui-là. Même si, athlétiquement, ce n’est peut-être pas le plus contraignant, mais ce qu’elle réussit à faire avec des ballons, c’est exceptionnel. Parmi mes joueurs, il y en a qui ne pourraient pas faire ce qu’elle fait ! Allez voir, c’est pas possible ! En plus, je préfère la regarder elle que mes joueurs. Elle est plus élégante, hein. (Rires)

En Afrique, il y a des cirques aussi ?Oui, il y a un cirque au Maroc notamment. Je suis passé à Casa, et j’ai aperçu le cirque Amar. Sincèrement, je n’y suis jamais allé, mais il y a des cirques aussi je pense en Afrique du Sud. J’avais vu un cirque à l’étranger, c’était en Chine, le Cirque du soleil. C’était quelque chose à voir aussi.

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