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« Humainement, Jean-Louis Gasset est ce qui se fait de plus rare dans le foot »

Propos recueillis par François Goyet et Jérémie Baron

Ex-éternel numéro 2 devenu le pompier préféré des clubs de l’Hexagone, Jean-Louis Gasset continue de repousser l’âge de la retraite puisqu’il a accepté, à 70 balais, de venir au chevet du club de son cœur, le MHSC. Ceux qui l’ont côtoyé racontent les secrets de cette longévité, avec des papillons dans le ventre... sauf peut-être chez Luis Fernandez.

« Humainement, Gasset est ce qui se fait de plus rare dans le foot »

Émerse Faé : « On était comme un père et son fils »

Son adjoint (2022-2024) puis successeur en équipe de Côte d’Ivoire

« On était comme un père et son fils. Dans le contrat qu’on avait “signé”, il était là pour me préparer à récupérer l’équipe. Quand on voit la carrière qu’il a eue, pour moi c’était un modèle. On avait commencé l’aventure ensemble. C’est lui qui a monté ce groupe, c’est lui qui l’a façonné pendant un an et demi. Et le fait qu’il parte en plein milieu de la compétition n’enlève rien au rôle qu’il a eu dans ce succès (à la CAN 2023, NDLR). Sa décision de quitter le navire, c’était avant tout parce qu’il s’était rendu compte qu’après la défaite face à la Guinée équatoriale, ça aurait été compliqué de continuer avec lui. De suite, après le match, il a donné sa démission au président de la Fédération. Il a pris sa décision seul.

Comme s’il voulait mettre la responsabilité sur lui pour qu’après son départ, le peuple soit derrière nous.

Émerse Faé

C’est lui qui a estimé que c’était la meilleure chose pour que le pays réussisse sa CAN, que ça nous libérerait, et qu’on ne pouvait pas se permettre de jouer avec le peuple à dos. C’est comme s’il voulait mettre la responsabilité sur lui pour qu’après son départ, le peuple soit derrière nous. Avec Jean-Louis, vous apprenez sur la manière de structurer des stages et des séances. Mais là où vous apprenez le plus, c’est sur le management. Il a tellement de vécu, d’expérience. Même en partant, alors qu’on était tous dans l’émotion, dans la déception, il m’a embrassé et, sans entrer dans les détails, il m’a encore donné un conseil qui m’a été très utile pour la suite. Humainement, Jean-Louis, il est ce qui se fait de plus rare dans le foot. Il est d’une honnêteté, d’une bienveillance et d’une générosité… »


Stéphane Ruffier : « Il te chambrait, alors qu’il venait de te pourrir dix minutes plus tôt »

Fan numéro 1 de Jean-Louis, 57 matchs sous ses ordres avec Sainté (2018-2019)

« Quand il est arrivé, il a redonné confiance à tout le monde et on a fait une deuxième partie de saison exceptionnelle, on a failli finir européen. L’année d’après, il a pu construire ce qu’il voulait et on a vraiment fait une belle saison (quatrième place, NDLR). Il aime ses joueurs, il te fait comprendre qu’il tient à toi et qu’il a confiance en tes qualités. Chez nous, il a fait revenir Yann M’Vila, qui n’était pas bien sportivement, pas bien dans sa vie. Et il l’a remis dans la lumière, il lui a redonné le sourire, l’envie de jouer au football. Et Yann lui a rendu. Il a une relation avec ses joueurs que je n’ai pas vue chez les autres entraîneurs. Même le joueur qui joue moins, il a envie de se battre pour lui. Mais attention, parfois il pétait les plombs, hein ! Il nous mettait plus bas que terre, mais c’était toujours au bon moment, dans le bon tempo. Et après, c’était fini.

Quand je me séparais de la mère de mes deux filles, que je ne voyais pas mes enfants, il a énormément été là pour moi.

Stéphane Ruffier

Un jour, il avait poussé une bonne gueulante et en sortant du vestiaire, il me prend le bras et me dit « Alors, j’en jetais aujourd’hui, t’as vu ça un peu ? Il n’était pas bon, le discours ? » Il parlait, il rigolait, il te chambrait, alors qu’il venait de te pourrir dix minutes plus tôt. Parce que pour lui, il fallait le faire. Ça remettait les compteurs à zéro. Il s’est entouré de Ghislain Printant, qui est aussi une personne extraordinaire. Et Fabrice Grange aussi d’ailleurs. Combien de fois on est rentré à la mi-temps d’un match où on était en difficulté, et il disait « Oh les gars, calme ! On va gagner le match. Je vous explique. On va faire ça, ça, ça, ça, on va marquer comme ça. » Et en deuxième, ça se passait comme il l’avait dit. Donc il a aussi une énorme connaissance du football. C’est aussi quelqu’un qui fait très attention à toi, à ta vie, aux problèmes que tu peux avoir en dehors du foot. Il a été important pour moi. Quand il a repris l’équipe, c’est un moment de ma vie où je me séparais de la mère de mes deux filles, je ne voyais pas mes enfants. C’était un moment compliqué et il a énormément été là pour moi. Il a su avoir les bons mots. Et il a fait ça avec Romain (Hamouma) aussi d’ailleurs. Même quand ça va moins bien, ça n’est pas un mec qui t’accable. »


Gérard Gili : « Une grande fidélité »

L’un des premiers entraîneurs dont Gasset a été l’adjoint, 101 matchs au MHSC entre 1992 et 1994

« On était passionnés par notre travail et on était contents de travailler ensemble. Je me souviens de quelqu’un d’une grande fidélité et avec lequel on pouvait engager un dialogue très constructif à chaque fois. Il y a des adjoints qui sont adjoints en attendant de prendre la place du numéro un. Ce n’était pas son cas. Et ça se ressentait. Il a fallu qu’il apprenne à être numéro un, qui est un poste complètement différent : le numéro un est exposé, il y a un devoir de communication, on a affaire à la presse, il faut qu’on explique nos choix, ce n’est pas tout à fait son point fort. En tant que numéro deux, il était un peu caché. Et petit à petit, il a pris l’habitude, et avec son humour de Montpelliérain, il a su faire face à toutes les situations.

Même au repas chez lui avec sa femme, on continuait à parler foot.

Gérard Gili

Communiquer devant la presse, au quotidien, ça n’est pas ce qu’il aime le plus. En revanche, il aime parler de foot, de tactique, d’efficacité dans les entraînements. Il aime le travail de terrain. J’ai le souvenir qu’on restait très longtemps tous les deux dans le bureau, le soir, et puis on s’apercevait qu’il était 21 heures passées, alors que l’entraînement s’était terminé à 18. La conversation et la passion nous avaient amenés très loin dans la soirée, et à ce moment-là, il me disait « Bon, allez, viens à la maison. » Donc j’allais manger chez lui, avec son épouse Andrée, et même là pendant le repas, on continuait à parler foot. Des soirées de complicité très rares. Montpellier, il y est né. Il a baigné là-dedans, dans cette ambiance. Il connaît tout des secrets du club, de la mentalité des supporters. »


Luis Fernandez : « Je ne le vois pas comme un numéro un, plutôt comme un numéro deux »

N+1 de Jean-Louis au PSG (2001-2003) puis à l’Espanyol Barcelone (2003-2004), laissé en « vu » depuis

« Quand je suis revenu au Paris Saint-Germain, Loulou Nicollin, que je connaissais, souhaitait que je le prenne avec moi. C’est comme ça que je l’ai récupéré, parce que Pierre Alonzo avait un petit problème de santé. Après, Jean-Louis est parti avec Laurent Blanc et n’a plus donné signe de vie. (Gasset a d’abord été entraîneur du FC Istres de janvier 2005 à juin 2006 avant de rejoindre Blanc à Bordeaux à l’été 2007, NDLR.) Avec moi, tout ce qu’il avait à faire, il le faisait bien. Dans ce qu’on mettait en place, les animations, les échauffements, c’était parfaitement bien orchestré. C’est quelqu’un qui est très calme, très posé. Je ne le vois pas comme un numéro un, plutôt comme un numéro deux. Il va accompagner quelqu’un, lui apporter son expérience, l’aider dans le quotidien avec les joueurs. C’est un peu plus comme ça que je le perçois. Le rôle qu’on lui avait confié quand je l’ai pris avec moi, ça lui allait parfaitement bien. Il n’y avait pas de problème, il travaillait bien ; ce qu’on peut éventuellement lui reprocher, c’est l’oubli. Pendant leurs quatre ans à Paris, on est allé manger avec Laurent Blanc deux ou trois fois. Mais lui n’est jamais venu. »


Grégory Tafforeau : « Des causeries qui vous mettent la chair de poule »

33 matchs sous Gasset en Ligue 2 avec le SM Caen (2000-2001)

« C’est quelqu’un à qui on a fait appel à l’époque où on était en crise. Ça a marché puisqu’on a réussi à relever la tête et à se maintenir. Il n’est pas resté très longtemps non plus au club, mais il a rempli sa mission avec succès. Il a pris le temps de bien discuter avec chacun, de nous rassurer et d’instaurer un climat de confiance. On avait besoin d’être valorisé, et dans sa façon de faire, l’humain est très important. Il avait réussi à nous remettre en confiance et peut-être aussi un peu à dédramatiser la situation. On en fait très peu, des entraîneurs qui, lors des causeries, peuvent vous mettre la chair de poule. Jean-Louis Gasset est un de ceux-là. Ce n’était pas forcément des causeries très animées : sans forcément hausser le ton, c’est quelqu’un qui trouve les mots. Numéro deux, c’est peut-être un rôle qui lui convient mieux. Après attention, pour en avoir beaucoup entendu parler, c’était certes un des adjoints de Laurent Blanc, mais dans le coaching, il faisait beaucoup. Mais un numéro un doit toujours mettre des barrières avec son groupe. Et lui justement, il a ce rôle de confident, dans le dialogue avec les joueurs. »


David Bellion : « Il m’a fait vivre le football que j’aime »

108 matchs avec le duo Blanc-Gasset aux Girondins (2007-2010)

« Si tu m’avais demandé quand j’étais jeune d’imaginer mon entraîneur idéal, dans ma manière d’aborder le football, je t’aurais dit Jean-Louis. C’est quelqu’un qui me convient énormément, très affectif, extrêmement cultivé sur le football et sur la vie en général. C’est un homme doté d’un charisme assez exceptionnel, de par son timbre de voix et son humour. Il est à la fois marrant et cynique, un humour un peu à la Gaspard Proust ou à la Jean Yanne dans les films. Ses anecdotes, sa manière d’avoir des expressions percutantes. Il m’a fait vivre le football que j’aime.

Il a toujours su bien m’utiliser, sur le terrain, mais surtout humainement, à la manière de Sir Alex Ferguson.

David Bellion

Il a toujours su bien m’utiliser sur le terrain, mais surtout humainement, à la manière de Sir Alex Ferguson que j’ai aussi eu la chance de côtoyer : sa manière de parler, de boire un café avec ses joueurs, de demander des nouvelles… Avec Jean-Louis, les joueurs ne sont pas des pions qu’il déplace dans une partie de bataille navale. Et c’est ça qui nous a permis de réussir à Bordeaux : le titre de champion de France en 2009, ce n’est pas le plus important pour moi. Le titre, c’est anecdotique, le plus important c’est l’expérience de vie incroyable qu’on a vécue pendant trois ans grâce au duo Blanc-Gasset. Ce que je dis, c’est sincère, car je n’ai pas toujours beaucoup joué sous leurs ordres, notamment la deuxième saison. »


Franck Silvestre : « Il était capable d’aller taper une pétanque avec nous »

Une quarantaine de matchs en tant que capitaine de Gasset à ses débuts de numéro 1 à Montpellier, saison 1998-1999

« Je me rappelle un Jean-Louis extrêmement posé, avec une vraie culture du football : il sait de quoi il parle. Lui, ce qu’il aimait, c’était animer les séances d’entraînement. C’est un homme de terrain. Il pose un cadre tactique clair par rapport à l’équipe que tu joues le dimanche, il connaît parfaitement les points forts et les points faibles de l’adversaire. Mais la qualité première de Jean-Louis, c’est qu’il est extrêmement humain, il sait comment manager ses joueurs avec amour : il était capable d’aller taper une pétanque avec nous à la fin de l’entraînement, d’aller boire un verre avec un joueur.

Moi, j’allais me taper le cul par terre pour Jean-Louis.

Franck Silvestre

Après, quand il fallait rentrer dedans, je me souviens qu’il n’était pas le dernier. Moi, j’allais me taper le cul par terre pour Jean-Louis, parce que je savais tout ce qu’il m’apportait. Comme il ne crie pas souvent, il suffisait juste que Jean-Louis hausse un peu le ton pour qu’on ressente sa colère. Quand j’ai entendu Laurent (Nicollin) annoncer le départ de Michel (Der Zakarian), dans ma tête ça a tout de suite tilté : il n’y avait que Jean-Louis pour essayer de sauver Montpellier. La construction du club de Montpellier, c’est son père (Bernard) avec Loulou Nicollin, hein ! La mentalité de Jean-Louis, c’est qu’on ne touche pas à la famille. Donc si le club est touché, tu touches directement à la famille. »


→ Hervé Renard : « Un monsieur du football français »

Confrère et vieille connaissance de Gasset

« J’ai beaucoup d’estime pour lui. Je l’ai connu il y a très longtemps parce qu’il était entraîneur de la réserve de Montpellier, et j’ai joué à Vallauris. Lorsqu’il avait été nommé en Côte d’Ivoire, le président de la Fédération m’en avait parlé et j’avais dit que c’était quelqu’un qui avait du charisme, qui allait bien s’intégrer en Afrique. C’est un monsieur du football français et j’aime bien sa façon d’être : quand il a quelque chose à vous dire, il n’y va pas par quatre chemins et il y va direct. Il a montré que les entraîneurs français n’étaient pas plus bêtes que les autres. »

Bradley Barcola, sucré et pétillant

Propos recueillis par François Goyet et Jérémie Baron

Propos de Gérard Gili, Hervé Renard, Émerse Faé, Stéphane Ruffier, Luis Fernandez et Grégory Tafforeau recueillis par JB, ceux de Franck Silvestre et David Bellion recueillis par FG.

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