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Hervé Renard : et les Bleues dans tout ça ?
Arrivé sur le banc de l'équipe de France féminine en mars 2023, Hervé Renard a été sollicité pour reprendre les rênes de l'Algérie, éliminée de la CAN, mais aussi pour une mission commando avec la Côte d'Ivoire. Si cela ne se fera pas dans l'immédiat, la simple évocation de cette possibilité questionne sur ses réelles intentions avec les Bleues.
L’actualité autour de Hervé Renard est florissante ces derniers jours, après l’élimination précoce de l’Algérie sortie dès le premier tour de cette Coupe d’Afrique, et l’éviction de Jean-Louis Gasset comme sélectionneur après l’humiliation subie par la Côte d’Ivoire face à la Guinée équatoriale (0-4). Le nom du « sorcier blanc », double vainqueur de la CAN avec la Zambie (2012) et la Côte d’Ivoire (2015), est annoncé un peu partout : comme successeur de Djamel Belmadi, après que ce dernier a été remercié de son poste de sélectionneur par la Fédération algérienne, puis comme pompier de service pour sauver la face du pays organisateur et être sur le banc dès le huitième de finale des Éléphants, ce lundi 29 janvier face au Sénégal.
Une situation inédite et ubuesque
S’il fallait une nouvelle fois rappeler au monde entier que le football féminin n’était qu’un « football de seconde zone », Hervé Renard et la FFF n’auraient pas pu mieux s’y prendre. Comme l’ont révélé L’Équipe et RMC Sport,la Côte d’Ivoire souhaite se voir « prêter » le sélectionneur des Bleues jusqu’à la fin de la compétition. Une première dans l’histoire du football et surtout une demande improbable, puisque Hervé Renard est déjà sous contrat jusqu’à la fin des Jeux olympiques qui auront lieu du 26 juillet au 11 août prochain. Mais le ridicule de la situation ne s’arrête pas là. La 3F s’est même donné le temps – quelques heures – d’étudier cette option, avant de couper court aux spéculations, comme l’a révélé Le Figaro. Selon le quotidien, Hervé Renard s’était même « senti flatté et intéressé » par cette proposition de pige. Il s’est même permis de répondre personnellement à ces appels du pied, au micro de Canal+ : « Les négociations n’ont pas abouti favorablement, c’est que cela ne devait pas se réaliser. J’aurais adoré, mais le destin en a choisi autrement. » Ou comment s’essuyer les pieds sur la mission qu’il a à la tête de l’équipe de France féminine.
HERVÉ RENARD À CANAL+ 🚨
« Les négociations n’ont pas abouti favorablement, c’est que cela ne devait pas se réaliser. J’aurais adoré mais le destin en a choisi autrement » pic.twitter.com/HFJdcgGuXt
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) January 25, 2024
Arrivé en grande pompe en mars dernier à la tête des Bleues, il portait l’espoir que le football féminin français évolue enfin après le retard pris face aux voisines européennes, notamment espagnoles et anglaises. Peu après sa nomination, dans les colonnes de L’Équipe, il assurait : « Je suis là pour gagner des matchs, mais je suis aussi une sorte de VRP pour le football féminin. Je me suis aussi donné cette mission. Attention, tout cela ne fonctionne que si on a des résultats. » Moins d’un an plus tard, il n’en est déjà plus rien. Après une Coupe du monde que l’on peut qualifier de décevante, puisque les Tricolores ont, une fois de plus, échoué à briser le plafond de verre des quarts de finale, celui qui voulait s’inscrire dans la durée avec ce groupe laisse transparaître à travers l’hésitation du jour qu’il ne devrait donc pas s’attarder à Clairefontaine, quels que soient les résultats aux Jeux olympiques.
Un timing qui interroge
Outre la situation inédite, de telles rumeurs questionnent le sérieux du personnage et ses réelles ambitions et motivations pour la sélection tricolore. Il est utile de rappeler que dans moins d’un mois, les Bleues disputeront les demi-finales de la Ligue des nations face à l’Allemagne (le 23 février prochain). Un tournoi important pour accrocher les derniers tickets pour Paris 2024, ce qui ne concerne pas la France, qui est le pays hôte des JO, et donc qualifiée d’office, mais qui aura l’avantage de servir de répétition générale avant le tournoi olympique. Et puis, comme l’armoire à trophées des Tricolores est garnie des coupes du Tournoi de Chypre (2014), de la SheBelieves Cup (2017) et des trois éditions du Tournoi de France (2020, 2022, 2023), un premier succès européen ne serait pas de trop. Pourtant, plutôt que d’aller superviser ses joueuses engagées en Ligue des champions cette semaine ou en Coupe de France ce week-end, le principal intéressé a préféré se rendre en Côte d’Ivoire pour suivre la CAN.
Le fait que le duo fédéral formé par Philippe Diallo et Jean-Michel Aulas ne soit pas allé frontalement à l’encontre de ces allégations et qu’il ait discuté de cette possibilité avec ses homologues ivoiriens, alors que le développement du football féminin français est l’un des axes principaux de sa politique, interroge également. Le successeur de Noël Le Graët à la tête de l’institution du football français avait d’ailleurs déclaré à l’issue du match entre la France et l’Autriche (2-0) en décembre dernier que « La Ligue des nations est un objectif » afin de « se projeter avec sérénité sur 2024 ». Avec tant d’incertitudes, la sérénité est désormais un lointain souvenir pour les Bleues.
Par Léna Bernard