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Hervé Milazzo : « Jouer contre Grenoble sera une fête »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
7 minutes
Hervé Milazzo : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Jouer contre Grenoble sera une fête<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Pour ce seizième de finale entre le Grenoble Foot 38 et l’ASC Biesheim, un seul homme fait la jonction entre les deux clubs : Hervé Milazzo. Entraîneur du pensionnaire de National 3, l’ancien capitaine emblématique du GF38 veut faire fi du passé et créer à nouveau l’exploit.

Bonjour Hervé ! Raconte-nous un peu le parcours de ton équipe depuis votre entrée dans la compétition.Nous avons démarré l’aventure en septembre dernier contre Bergheim. Le match s’est bien déroulé, puisque nous avons gagné 8-1. Ensuite, deux matchs compliqués sont arrivés : d’abord contre Furdenheim, où nous avons été poussés en prolongation en infériorité numérique. Nous sommes passés par la toute petite porte… Ensuite, c’était contre Kronenbourg que nous avons connu une grosse sueur : à la 87e minute, notre gardien arrête un penalty alors que les deux équipes sont à égalité. L’an dernier, Kronenbourg nous avait éliminés en Coupe de France et Coupe d’Alsace… Mais nous avons une nouvelle fois gagné en prolongation. À partir de ce moment-là, on s’est mobilisé pour faire quelque chose dans la compétition. C’est là que nous avons battu Sarreguemines (N3), Trémery (N3), Lyon-Duchère (N1) et Fleury-Merogis (N2) en 32es de finale.

Fleury-Merogis était le leader de sa poule de National 2. Dans quel climat s’est déroulée la rencontre ?On s’est déplacés pour faire un gros match, et c’est ce qu’on est parvenus à faire. On était costauds, difficilement mis à mal… Ils avaient le ballon hein, mais ils ne parvenaient pas à être dangereux. De notre côté, on parvenait à les faire douter en contre. Le nombre d’occasions était à peu près égal, et nous arrivons à marquer un but à un quart d’heure de la fin. Ensuite, deux arrêts décisifs de mon gardien Kehi Vauvenargues nous permettent d’accéder aux seizièmes de finale. Nous avons été très bien reçus par le club de Fleury, et le bus nous a permis de rentrer chez nous à quatre heures du matin. Dans une ambiance joyeuse, bien sûr ! (Rires.)
Quelle était ta réaction au moment où tu as vu que tu allais rencontrer le GF38 ? Un peu comme toutes les équipes amateurs, on espérait accueillir un gros poisson de Ligue 1, c’est une évidence. Cela fait plaisir aux bénévoles, aux dirigeants de club… L’objectif premier, c’était d’atteindre les 32es de finale, car le club n’avait jamais connu ce stade de la compétition. Le second, c’était d’accueillir une Ligue 1. Bon, ce sera Grenoble… C’est un petit signe du destin pour ma part. En plus, on était assis à côté avec Max Marty (directeur sportif du GF38, ndlr) au moment du tirage. On se connaissait bien, on s’est rappelé des anecdotes sur l’ancien temps ! Jouer contre Grenoble, ce sera une fête.

Le coach avait décidé de nous rassembler dans un Campanile pour l’avant-saison. Cela nous a permis de créer du lien entre tous les joueurs, et nos femmes pouvaient aussi participer. C’était très agréable.

Vous avez aussi battu Lyon-Duchère (N1) pendant la compétition. Est-ce que tu penses que Grenoble est encore un niveau au-dessus de cette équipe ? J’avais vu des matchs de Lyon-Duchère avant de les jouer, j’ai aussi vu des matchs de Grenoble… Sans faire offense à Lyon-Duchère, Grenoble paraît plus fort. Le classement de National 1 est d’ailleurs là pour le prouver. (Grenoble est actuellement troisième derrière Rodez et le Red Star 93, ndlr.) Ils viennent de perdre à domicile contre Boulogne, mais, à l’extérieur, le club reste sur une seule défaite en treize déplacements… Donc voilà, on sait que si on veut avoir une petite chance de passer, il va falloir être concentrés à 300% et réaliser un match exemplaire.
Ton histoire avec la Coupe de France est tout de même particulière… En 1995, avec Mulhouse contre Saint-Lô en seizièmes de finale, ton gardien est expulsé en prolongation et tu le remplaces jusqu’aux tirs au but. Et là, tu sors trois penaltys et tu qualifies ton équipe. Ça te faisait quoi d’être le héros de ton équipe à 19 ans ? Pfff… C’était énorme. Avant la séance, mon coach de l’époque, Bernard Genghini, vient me voir et me dit : « Fais ce que tu veux. Le seul conseil que je te donne, c’est sur les joueurs à l’aise techniquement. Normalement, ils vont avoir tendance à ouvrir leur pied. » Selon les mecs auxquels je faisais face, je plongeais du côté où ils frappaient du plat du pied. Avec de la réussite, j’ai pu en arrêter trois. Après, tu t’imagines bien, toute l’équipe m’a sauté dessus, j’ai répondu à une horde de journalistes… Mais encore une fois, Genghini avait trouvé les mots justes pour me faire redescendre sur Terre. « Hervé, le jour où tu auras autant de journalistes autour de toi quand tu seras un joueur confirmé, tu pourras te dire que tu as fait une belle carrière. » Cette phrase, je m’en souviendrai toute ma vie.
Ton aventure à Grenoble démarre en 1999, après le dépôt de bilan du Mulhouse FC. Sans cette faillite de ton club formateur, serais-tu parti ? Non, je ne pense pas. Tout simplement parce que j’étais encore sous contrat et que c’était une époque où j’étais titulaire en deuxième division. Donc à moins d’une offre d’un club de standing supérieur, je n’aurais pas quitté Mulhouse.

Je me rappellerai toujours de ce feu d’artifice à Lesdiguières pour célébrer la montée du National en Ligue 2… Rien que d’en parler, ça me donne des frissons !

Ton arrivée à Grenoble se fait alors que le club est en National, où Alain Michel souhaite t’associer à Cyrille Courtin dans l’axe central. Est-ce que tu t’es tout de suite senti à l’aise dans le vestiaire ? Mon intégration s’est bien passée grâce à deux choses : la première, c’est que je connaissais Raphaël Camacho des catégories de jeunes de l’équipe de France. C’était un mec avec qui j’avais de bons rapports depuis un moment déjà. La deuxième chose, c’est que le coach avait décidé de nous rassembler dans un Campanile pour l’avant-saison. Cela nous a permis de créer du lien entre tous les joueurs, et nos femmes pouvaient aussi participer. C’était très agréable. Et dans l’équipe même, il y avait les deux Grenoblois, Olivier Saragaglia et Alain Colacicco. Avant les entraînements du matin, on allait dans un bar partager le café pour rigoler tous ensemble, puis on revenait prendre une bière avec les plus fidèles supporters après l’entraînement. C’était humain.

Lors de l’édition 2000-2001 de Coupe de France, vous atteignez les quarts de finale de la compétition contre Troyes au stade Lesdiguières (défaite 4-2, ndlr). Est-ce que c’est la plus grosse déception de ta carrière ?
Ça en fait partie, c’est clair. Dans ma carrière, j’ai fait deux quarts de finale, tous les deux perdus. Un contre Guingamp avec Mulhouse, puis celui-là. Sur le match, on fait jeu égal avec eux, mais à partir du moment où le coach adverse fait entrer Mamadou Niang à dix minutes de la fin, on était à bout de souffle. Quand on fait un match pareil dans une aussi grosse ambiance, c’est une déception, forcément. Mais je dirais qu’il n’y a pas de regret parce que le talent d’une Ligue 1 finit par faire la différence… Ce match reste un super souvenir, j’ai même gardé l’écharpe de la rencontre faite pour l’occasion !
Quel message as-tu envie d’adresser au GF38 avant cette rencontre ? En tant que joueur, je garde deux clubs dans mon cœur : Mulhouse – parce que ça reste mon club formateur – et le GF38 qui est devenu mon club d’adoption. À Grenoble, j’ai construit une famille, car mon fils est grenoblois, j’ai mûri. Sportivement, c’était aussi sensationnel de vivre ces émotions. Je me rappellerai toujours de ce feu d’artifice à Lesdiguières pour célébrer la montée du National en Ligue 2… Rien que d’en parler, ça me donne des frissons !

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Propos recueillis par Antoine Donnarieix

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