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Hervé et Patrick Revelli : « Les frères Hernandez doivent profiter de ces instants partagés en Bleu »

Propos recueillis par Léo Tourbe
Hervé et Patrick Revelli : « Les frères Hernandez doivent profiter de ces instants partagés en Bleu »

23 mars 1974. Face à la Roumanie, au Parc des Princes, Hervé et Patrick Revelli jouent ensemble pendant 25 minutes. Dernier des deux bouts de match que les frères ont partagés sous la tunique de l'équipe de France. Depuis, plus aucune fratrie n'a arboré conjointement le maillot bleu. Quarante-sept ans plus tard, avant que Lucas et Theo Hernandez n'éclipsent leur accomplissement, les frères Revelli reviennent sur cette particularité qu'est d'accompagner son fraternel en sélection.

Qu’est-ce que ça vous a fait de savoir que vous alliez jouer avec votre frère en équipe de France ?Hervé Revelli (l’aîné né en 1946, 30 sélections) : Ah beaucoup de fierté ! On y pensait souvent, à cette possibilité d’être sélectionnés ensemble. Moi, j’avais fait le plus dur en étant sélectionné de mon côté, il ne manquait plus que lui. Patrick Revelli (le cadet né en 1951, 5 sélections) : En ce qui me concerne, j’ai surtout pensé à mon papa. Il a toujours été dans le football, il a toujours été passionné. Il était mineur de fond, donc vous imaginez un peu la joie qu’il a pu avoir quand il a appris que deux de ses enfants ont été sélectionnés avec les Bleus.Hervé : Oui, les parents, je me rappelle, ils étaient très heureux de voir deux de leurs fils en équipe de France. Patrick : C’est sûr que de retrouver Hervé, c’était la cerise sur le gâteau !

Comment s’est passée l’intégration de Patrick au sein du groupe ?Hervé : À l’époque, on avait une ossature très stéphanoise en équipe de France, donc on se connaissait tous. Ça n’a pas été très compliqué pour lui, on jouait tous dans le même club ou presque. Moi, en revanche, c’était plus difficile quand je suis arrivé, car j’ai dû faire avec des joueurs de différentes formations.Patrick : C’était une bonne ambiance, très familière, les autres joueurs étaient super sympas avec nous et même très contents pour nous !

On avait l’habitude, on était tous les jours à l’entraînement ensemble, on jouait dans la même équipe le week-end, pour nous c’était juste une question de changer de couleur de maillot. Du vert, on passait au bleu.

Est-ce que Hervé pouvait se comporter comme un grand frère aux rassemblements ? Patrick : Pas vraiment ! On avait l’habitude, on était tous les jours à l’entraînement ensemble, on jouait dans la même équipe le week-end, pour nous c’était juste une question de changer de couleur de maillot. Du vert, on passait au bleu. C’est pas comparable avec les frères Hernandez dans la mesure où il y en a un qui joue d’un côté et l’autre de l’autre et ils se retrouvent maintenant pour représenter leur pays. Si j’avais joué en Italie, et Hervé en Allemagne, se retrouver en France pour représenter le maillot tricolore, je pense que ça aurait été largement différent de ce que l’on a connu.

Ça vous a fait quelque chose d’échanger des passes ?Hervé : Oui, forcément ! Surtout qu’on jouait à côté l’un de l’autre ! Les Hernandez seront peut-être l’un derrière l’autre, mais nous, on était vraiment à côté. Ce qui était génial, c’est qu’on savait ce que l’autre allait faire. Pas seulement parce qu’on est frères, mais surtout parce qu’on a beaucoup joué ensemble. C’est aussi une des différences avec les Hernandez, qui jouent dans des clubs différents.Patrick : Les affinités, on ne les a jamais travaillées, c’est l’instinct familial, je pense. On s’est toujours trouvés les yeux fermés, c’est vrai. Pas besoin de se parler. Quand on était gamins, il avait 14 ans et moi 9 ans, on jouait dans les prés tout autour de la maison, à la cité minière des Moulières, à Mimet (Bouches-du-Rhône), là où je suis né. On jouait déjà ensemble dans les champs, on se connaissait déjà par cœur.

Petits, vous étiez-vous fixé cet objectif de jouer ensemble à un tel niveau ? Patrick : Non pas du tout ! On a cinq ans d’écart, donc on n’a pas les mêmes objectifs, on n’a pas la même vision des choses, on avait chacun notre vie à côté. Moi quand j’étais petit, je pensais plutôt à faire du vélo et être coureur cycliste !

Je me doutais que si Patrick et moi avions une forme tip-top, alors on avait de bonnes chances d’être sélectionnés ensemble. Mais je n’ai jamais poussé auprès de Ștefan Kovács.

Hervé, avez-vous poussé auprès du sélectionneur de l’époque pour qu’il prenne votre frère ? Hervé : Ah non ! On ne pose pas ce genre de question à Ștefan Kovács ! (Rires.) Je savais juste qu’à l’époque, il y avait beaucoup de roulements. C’était plus simple qu’aujourd’hui : si t’es bon, tu joues, sinon non. Comme il prenait beaucoup de joueurs, je me doutais que si Patrick et moi avions une forme tip-top, alors on avait de bonnes chances d’être sélectionnés ensemble. C’est tout ce que je me suis dit. Mais je n’ai jamais poussé sa candidature auprès du sélectionneur.
Patrick : Je ne pense pas avoir été favorisé grâce à mon frère. À la résidence de l’équipe nationale (qui n’était pas Clairefontaine, mais à Vichy, NDLR), il y avait des chambres dans le château, et des chambres au-dessus des écuries. Si on avait une chambre du château, on savait qu’on était titulaire, si on était dans les chambres au-dessus des écuries, on était remplaçant. Moi, j’étais aux écuries ! (Rires.)

Vous qui avez connu le sélectionneur avant l’arrivée de Patrick, a-t-il changé de comportement avec vous deux ? Hervé : Pas vraiment. Il nous a seulement dit que s’il nous sélectionnait tous les deux, ce n’était pas juste pour nous faire plaisir. Ștefan était un grand entraîneur, il a entraîné l’Ajax Amsterdam, donc il savait gérer.

Vous auriez des conseils pour les frères Hernandez ?Patrick : Je n’ai pas de conseils à leur donner. Je crois qu’ils sont assez grands, et leurs carrières respectives démontrent qu’ils n’ont pas besoin de conseils. Ils savent très bien mener leur barque, et je leur souhaite le meilleur en équipe de France, à tous les deux.Hervé : Peut-être leur dirais-je de profiter. On a eu cette chance inouïe de jouer en équipe nationale, et il faut vraiment profiter de ces instants parce qu’on ne sait jamais ce qui peut se passer. Patrick : J’en ai parlé avec Georges Lech, que j’ai connu chez Adidas, et c’est vrai qu’il aurait aimé lui aussi être sélectionné avec son frère, Bernard. Ça fait plaisir de représenter son pays avec un membre de sa famille, ça c’est clair.

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