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  • Bundesliga – J26 – Hertha/Bayern

Hertha, le goût des choses compliquées

Par Régis Delanoë
4 minutes
Hertha, le goût des choses compliquées

A cause d’un hiver incroyablement mal géré, le Hertha Berlin se retrouve en bien mauvaise posture en bas de tableau de Bundesliga, menacé d’une relégation un an seulement après avoir retrouvé l’élite. Le club de la capitale n’y arrive décidemment pas.

Avant il y avait deux capitales en Europe à se serrer les coudes, à serrer les dents et à manger les moqueries des autres grandes villes du continent, Londres, Madrid, Rome, voire Moscou, Amsterdam, Bruxelles ou Athènes. Compagnons d’infortune, Paris et Berlin pouvaient se soutenir dans leur incapacité à détenir en leur sein un club de football performant sur la durée. Mais ça, c’était avant. Depuis que le Qatar s’est immiscé dans les affaires du PSG, ce dernier semble en mesure de faire enfin rayonner Paris sur la France du foot, en attendant peut-être un jour de conquérir l’Europe. L’axe franco-allemand des capitales européennes de la lose footballistique brisé, Berlin se retrouve désormais seul couillon à ne pas être foutu d’avoir un club digne de son nom. Parce que ça se confirme encore cette saison : inutile de compter sur le Hertha, alors là sûrement pas.

Guéguerre de cour d’école

Petit historique très rapide. Le Hertha est le club historique de Berlin-ouest (l’est étant traditionnellement acquis à la cause de l’Union Berlin), participant traditionnel de la Bundesliga mais incapable de jouer les premiers rôles. La dernière fois que les Herthaners ont bien cru pouvoir enfin conquérir le titre, c’était en 2009, lorsqu’à quelques journées de l’épilogue de la saison, ô miracle, ils se retrouvent en tête. Mais ils finissent par se vautrer lamentablement pour échouer à la place du con, la quatrième. En 2010, c’est la cata, avec la relégation en 2. Bundesliga. Un mal pour un bien semble-t-il, puisque sous la houlette de Markus Babbel, le club berlinois retrouve le goût de la gagne la saison dernière, remporte fort logiquement le championnat et gagne le droit de retrouver l’élite un an seulement après la relégation.

Jusqu’ici tout va bien, donc. L’intersaison l’été dernier semble même plutôt bien gérée avec, à vue de pif, un recrutement intelligent (Kraft, Ottl, Torun, Ben-Hatira…) et une entente cordiale entre Markus Babbel et le manager de l’équipe Michael Preetz. Les premiers résultats sont d’ailleurs très honnêtes pour un promu, avec un positionnement dans le ventre mou durant l’automne. C’est beau, trop beau pour le Hertha. Forcément, ça finit par partir en sucette. La crise débute par une dispute de cour d’école entre Babbel l’ambitieux, qui aurait fait part dès cet automne à ses dirigeants de son désir de se trouver un club de plus haut standing en fin de saison, et Preetz le vexé, qui aurait vécu l’affaire comme une trahison. Après des jours de brouilles qui font le régal de la presse, Preetz et le président Werner Gegenbauer finissent par avoir la peau de leur entraîneur, prié de quitter son poste en décembre.

Le roi Otto à la rescousse

Michael Skibbe, faiseur de miracle avec le modeste club d’Eskisehirspor en Turquie, est appelé à la rescousse pour le remplacer au pied levé, mais son arrivée coïncide avec des résultats sportifs catastrophiques. Mi-février, il est débarqué après seulement cinq matchs à la tête de l’équipe, soldés par cinq défaites : quatre en championnat et une élimination en coupe. Du ventre mou, le Hertha s’enfonce doucement mais sûrement vers le bas de tableau et les places de relégable. Il y a pourtant d’incontestables talents dans cette équipe, comme en atteste le début de saison. Déjà présent en D2 la saison passée, le Brésilien Raffael, la Colombien Adrian Ramos et le grand espoir allemand Pierre-Michel Lasogga forment notamment un trio offensif séduisant… qui n’a pourtant que très peu trouvé le chemin des filets depuis le début de la phase retour. Le problème, c’est qu’il semble bien que la crise extra-sportive de décembre ait eu des répercussions sur le moral de l’équipe, et donc fatalement sur ses performances sur le terrain. On peut aisément comprendre l’incompréhension de l’effectif à voir partir celui qui les avait fait remonter en élite la saison passée.

Après Babbel et Skibbe, un troisième entraîneur est donc arrivé il y a un mois au chevet du Hertha. Il s’agit d’Otto Rehhagel, maître es-missions impossibles, vainqueur de la Bundesliga 1998 avec le promu Kaiserslautern et champion d’Europe 2004 avec la Grèce. Agé de 73 ans, comme Guy Roux, le roi Otto est le doyen des entraîneurs en Europe, loin devant Alex Ferguson et ses 70 printemps. Il a bien sûr été appelé pour sa grande expérience de la Bundesliga, qu’il a connue en tant que joueur dès sa création en 1963… sous les couleurs du Hertha Berlin. Quasi 50 ans après il est donc de retour avec un CDD de six mois à la clé et une mission : maintenir le club en élite. Histoire d’éviter d’être encore plus la risée de l’Europe.

Hertha Berlin / Bayern Munich : samedi, 18h30

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Par Régis Delanoë

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