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Hernanes, le Prophète devenu amulette
S’il semble moins virevoltant que l’an dernier, le Brésilien Hernanes demeure un joueur décisif pour la Lazio. En effet, cette saison, à chaque fois qu’il a marqué, son équipe a gagné. La Roma a intérêt à l’avoir à l’œil.
Rabotnicki. Cesena. Fiorentina. Roma. Vérone. Atalanta. Chievo. Milan. Voilà les huit victimes du Brésilien Hernanes cette saison. Huit victimes, dont deux frappées aussi bien à l’aller qu’au retour (Rabotnicki et Cesena), avec à la clef, dix victoires. Ni plus, ni moins. A défaut de briller dans le jeu, comme la saison dernière, Hernanes fait briller son équipe. Pourtant, à chaque fois qu’il marque, rien ne laisse penser que la Lazio peut s’imposer derrière. Comme contre Cesena, par exemple, où il inscrit d’un missile du pied droit, sous la barre, le premier but laziale, alors que son équipe est menée 2-0. Au final, la Lazio s’imposera 3-2. Idem lors du derby aller. Totalement fantomatique depuis le début du match, Hernanes prend ses responsabilités et tire le pénalty qui peut permettre aux siens d’égaliser. Il ne faillit pas, et la Lazio gagne finalement 2-1. Une véritable amulette. Petit retour en arrière. Lorsqu’il débarque à Rome, en début de saison dernière, Hernanes se traîne derrière lui cette réputation de « Prophète » . Les médias italiens, toujours dans les bons coups, ne ratent pas l’occasion de lui demander une prophétie pour le premier derby qu’il disputera. Hernanes, un peu naïf, prédit qu’il marquera un but pour l’affrontement contre la Roma. Quelques mois plus tard, au moment du derby fatidique, il rate une énorme occasion, et la Lazio s’incline finalement 2-0. Depuis, le milieu de terrain a arrêté les présages. Parler moins pour gagner plus. Un nouveau concept.
Le chiffre 13
Demain, c’est le derby. Un match extrêmement important pour la Lazio puisque, en cas de victoire, les biancocelesti prendraient dix points d’avance sur leurs ennemis giallorossi. En revanche, une défaite ferait mal au moral et à la course à la troisième position. D’où l’importance du résultat. « L’important, c’est de gagner le derby, affirme Hernanes dans une interview à la Gazzetta dello Sport. Ce serait fondamental pour la course à la Ligue des Champions. Après, peu importe le buteur décisif : si c’est moi, parfait, moi je serais tout autant heureux que cela soit Klose qui la mette au fond. Dans ce cas-là, j’espère être le passeur décisif » . Or, Hernanes n’a peut-être pas consulté les almanachs. Demain, c’est la Roma qui reçoit. Et lorsque la Roma reçoit la Lazio, elle ne perd pas. La dernière victoire de la Lazio « à l’extérieur » remonte à la saison 1997-98. Depuis : treize années au cours desquelles les biancoblù ont collectionné huit défaites et cinq nuls, dont quatre revers lors des quatre dernières saisons. A ce stade là, une amulette serait peut-être la meilleure solution pour rompre le tabou. Un tabou ? N’allez pas dire ça à Hernanes, il n’y croit pas. « Cela reste un match. Gagner est loin d’être une mission impossible. Et de toutes façons, nous n’avons pas le choix : il faut prendre des points pour défendre notre position derrière le Milan AC et la Juve » avance le joueur. Porte-bonheur, et optimiste à la fois. Joli combo.
Un homme et un coach
Lors des derniers jours, la Lazio a été plutôt secouée par la démission d’Edy Reja, et finalement sa décision de rester au club, au moins jusqu’à la fin de la saison. Hernanes, qui est très attaché à son coach, n’a jamais vraiment cru à un départ. Du moins, il n’a pas voulu y croire. En mode autruche. « L’entraîneur qui reste avec nous est la victoire la plus importante. Reja est le vrai « capitaine » de la Lazio. A l’intérieur du vestiaire, c’est un précieux point de référence. J’espère avoir la chance de disputer la prochaine Ligue des Champions avec lui sur le banc » assure-t-il. Néanmoins, il semble que cette prophétie là ne se réalisera pas. En effet, l’an prochain, Reja ne devrait plus être sur le banc de la Lazio. Le président Lotito a déjà préparé le terrain, en nouant des premiers contacts importants avec Gianfranco Zola. Une nouvelle qui peut laisser dubitative, tant les résultats de Reja, depuis son arrivée au club, sont convaincants. Le vieux technicien frioulan navigue sur une moyenne de 1,73 points pris par match (en 78 rencontres), ce qui en fait tout simplement la deuxième meilleure moyenne de l’histoire derrière Eriksson, qui n’avait toutefois pas le même effectif à disposition. Un succès contre la Roma, demain, et c’est tout le peuple laziale qui pardonnera à Reja ses quatre derbys perdus. « Nous n’avons aucune raison d’avoir peur de la Roma, martèle Il Profeta. Nous devons juste pratiquer notre football. Nous avons déjà prouvé que nous étions en mesure de remporter des rencontres importantes. Rappelez-vous de Lazio-Milan » .
Santos, Curva Nord et Diego Fuser
A la veille du match, donc, Hernanes se prépare. Les derbys, il en avait fait sa spécialité lorsqu’il jouait à Sao Paulo. Contre les Corinthians, Santos ou encore Palmeiras. En octobre 2009, il avait d’ailleurs été le phare de son équipe lors d’une historique victoire sur la pelouse de Santos (3-4), au cours de laquelle il avait inscrit un but et délivré deux passes décisives. Arrivé en Italie, il espérait reproduire ce genre de prestations lors du match que toute une ville attend, deux fois par an. Buteur à l’aller sur pénalty, mais aussi l’an dernier lors d’une défaite 2-1 en Coupe d’Italie, sur pénalty aussi, il attend désormais son premier but sur action. Un but qu’il rêve déjà d’aller fêter sous la Curva Nord, le virage sous lequel il a inscrit 80% de ses buts cette saison. En attendant, Hernanes prépare son match, sans prophétie, sans prédiction, sans pronostic. Il laisse désormais le soin aux autres de s’en charger. « J’aimerais tellement disputer le derby à nouveau, pour revivre ces émotions uniques. Qui sera décisif ? Hernanes. Un joueur qui peut inventer un geste décisif à n’importe quel moment » . L’affirmation est signée Diego Fuser, ancien capitaine de la Lazio, qui a remporté quatre derbys sur quatre lors de la saison 1997-98. Et ça, Hernanes, même dans ses augures les plus folles, n’oserait le prédire.
Eric Maggiori