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Hernanes, la vraie recrue de la Lazio ?
Étincelant lors de sa première saison à Rome, le Brésilien Hernanes a eu du mal à confirmer l’année dernière. Mais l’arrivée de Vladimir Petković lui a, semble-t-il, redonné confiance. Tant mieux pour les Biancocelesti.
On peut difficilement faire mieux, en matière de porte-bonheur. Au Brésil, Hernanes avait acquis le surnom de « Prophète » . Prophète de quoi ? On ne sait pas trop. Arrivé en Italie, il est devenu « il Profeta » , mais surtout « l’Amulette » . Car le joueur avec une coiffure de « garçon de première communion » (c’est comme ça que le surnomme affectueusement Guido De Angelis, le commentateur officiel de la Lazio) a une particularité. Lorsqu’il marque, la Lazio gagne. Tout le temps. Sans exception. L’an dernier, huit buts en championnat, un en Coupe d’Italie, deux en Europa League. Bilan : onze victoires à la clef. Cette saison, on est reparti sur les mêmes bases. Buteur lors de la première journée sur la pelouse de l’Atalanta (succès 1-0), le milieu de terrain s’est offert un doublé, le week-end dernier, sur le terrain du Chievo, pour une nouvelle victoire 3-1. Trois buts en trois journées : cela faisait longtemps que l’ancien de São Paulo n’avait pas scoré avec une telle régularité. Depuis sa première saison à Rome, en fait. Débauché 15 millions d’euros par le président Lotito lors de l’été 2010 (le deuxième plus gros transfert de sa présidence, derrière Mauro Zárate), Hernanes a été un véritable phare pour son équipe dès ses premiers pas sur les pelouses de Serie A. Plus discret l’an dernier, souvent remplacé en cours de jeu, le numéro 8 est en train de retrouver toutes ses sensations. Mais à vrai dire, ce n’est pas vraiment une surprise. Car cet été, le Prophète avait lui-même prédit que cette saison allait être la sienne.
La clef du jeu
Dimanche dernier, il a clairement été le joueur de la journée en Italie. Un doublé magnifique, une implication sur le troisième but de Klose, Hernanes a gagné à lui seul la confrontation face au Chievo. Décisif, c’est le mot. Et c’est justement ça qui avait cruellement manqué au joueur la saison dernière, où il s’était contenté de faire le taf au milieu de terrain et de ne jamais trembler lorsqu’il s’agissait de tirer des pénaltys (les deux pénos inscrits lors des derbys de Rome, entre autres). Mais à part ça, Hernanes avait souvent l’air d’un fantôme sur la pelouse, un corps étranger qui semblait répondre au fameux « Vorrei ma non posso » . En vf : « Je voudrais faire mieux mais je n’y arrive pas » . Il faut dire qu’Edy Reja, le coach des Biancocelesti, a souvent été sans pitié avec lui. Sur les 38 matchs de championnat, le Brésilien n’en a disputé que 5 dans leur intégralité. Le reste du temps, il était systématiquement remplacé aux alentours de l’heure de jeu. Ce qui a même fini par l’agacer, alors que le gaillard n’est pas franchement du genre à s’énerver ou à créer des polémiques.
Conséquence : à la fin de la saison, Hernanes se pose la question. Et s’il fallait partir ? D’autant que quelques clubs sont à la fenêtre, comme la Juve, Milan ou Tottenham. Pendant que le joueur se prend des vacances pour réfléchir à son avenir, Vladimir Petković débarque à Formello. Un nouveau coach, qui pose ses bagages sans faire de bruit, mais avec déjà des intentions fermes. La première ? Redonner du jeu à une Lazio régulièrement ennuyeuse avec Edy Reja, et qui, pendant deux ans et demi, a basé ses grandes victoires essentiellement sur le courage et le cœur. La seconde ? Recruter Hernanes. Presqu’un paradoxe, mais pas tant que ça, quand on y pense bien. À la reprise des entraînements, Petković apprend à connaître ses nouveaux joueurs et focalise son attention sur le Brésilien. Il sait, au fond de lui, que la clef du jeu laziale, c’est lui. Le trousseau lui est confié.
Hernanes-Klose, duo gagnant
Les résultats ne tardent pas à arriver. Repositionné au poste de milieu offensif gauche, exactement là où il exerçait avec brio à São Paulo, Hernanes retrouve ses marques, comme s’il ne les avait jamais perdues. Faut-il y voir un symbole : c’est lui qui inaugure officiellement la saison de la Lazio, en marquant un but extraordinaire (frappe de 30 mètres pleine lucarne) contre les Slovènes de Mura 05, en tour préliminaire de l’Europa League. Il récidive donc contre l’Atalanta (moins beau, un but du genou), puis le doublé déjà cité face au Chievo, match au terme duquel la presse italienne s’enthousiasme d’avoir « retrouvé le vrai Hernanes » . De quoi faire sourire les tifosi du club qui, cet été, n’ont pas franchement été gâtés. Pendant que la rivale giallorossa recrutait pratiquement chaque jour un nouveau joueur (Balzaretti, Destro et Leandro Castán), eux ont dû se contenter des arrivées d’Ederson et de Ciani, en plus des retours de prêt de Zárate et Floccari. Alors, dans ce contexte, oui, le renouveau de Hernanes peut être considéré comme une véritable aubaine.
Une aubaine, tout comme son entente avec Miroslav Klose. Les deux joueurs parlent la même langue (c’est une image, hein, on ne préfère pas imaginer Hernanes en train de parler allemand), et sont présents sur 86% des buts de leur équipe depuis le début du championnat. Si ce n’est pas l’un, c’est l’autre, et si ce n’est ni l’un ni l’autre, c’est Candreva qui allume une roquette de 35 mètres. Propre. Ce soir, à 20h45, la Lazio accueille le Genoa, trois jours après avoir été chercher un excellent nul 0-0 sur la pelouse de Tottenham. Une nouvelle preuve de maturité, pour prouver à tous que cette équipe, 5e en 2011 et 4e en 2012, n’est pas juste un effet de mode ou un tube de l’été (enfin, de la fin d’été, plutôt). Hernanes, lui, sera bien là. Le Prophète a choisi de ne lâcher aucune prophétie quant au résultat. Il préfère se fier à du concret. Un concret qui dit que, quand il marque, son équipe gagne. On ne pourra pas dire que les défenseurs génois n’étaient pas prévenus.
Eric Maggiori