ACTU MERCATO
Henry, un ami qui veut du bien
L'arrivée avortée de Thierry Henry à Bordeaux est plus qu'un coup dur pour le développement des Girondins. Elle fait naître quelques inquiétudes quant au profil des Américains censés reprendre le club en octobre.
Ils faisaient semblant de continuer à y croire, depuis dimanche soir. Malgré la brève de Paris Match annonçant la réponse négative de Thierry Henry aux sollicitations des Girondins de Bordeaux, et sa confirmation par le Canal Football Club. Mais cet été bordelais étant placé sous le signe du rebondissement, les supporters bordelais, sans vraiment se l’avouer, s’étaient fait une raison : annoncée comme imminente il y a quelques jours, l’arrivée de Thierry Henry au Haillan n’aura pas lieu. L’arrêt définitif des négociations entre l’ancien Gunner et le club au scapulaire a officiellement été sifflé ce matin par Stéphane Martin à l’AFP.
GACP refroidit Henry
Officiellement, GACP (General American Capital Partners), le fonds d’investissement censé mettre la main sur le FCGB en octobre, aurait été réticent aux demandes de l’adjoint de Roberto Martínez en sélection belge, qui exigeait le renfort de plusieurs recrues d’ici le 31 août, un salaire de 2 millions d’euros par an, et un rôle de manager, à l’image de ce qui se pratique en Angleterre, son pays d’adoption. Officieusement, les raisons du désaccord seraient beaucoup moins glamours. Après s’être renseigné sur la nature des repreneurs américains, et leurs projets concernant les Girondins, l’entourage de Thierry Henry aurait stoppé net toutes négociations. Ce qui n’aurait absolument rien de rassurant pour le club six fois champion de France.
Un mois après son annonce, l’enthousiasme suscité par le rachat du club par le fonds d’investissement américain est chaque jour un peu plus douché. Et le sourire de Joseph DaGrosa, qui mène le projet, de plus en plus discret. Car si le souhait de Thierry Henry de recruter du lourd d’ici trois jours peut légitimement sembler difficile à valider, et que ses exigences financières ont été jugées trop importantes, c’est le refus de GAPC de voir « Titi » enfiler un costume de manager qui interpelle. Pour les Américains, il serait en effet hors de question que quiconque, en dehors des hommes qu’ils souhaitent mettre en place une fois leur arrivée effective, ait son mot à dire sur le recrutement. Champion du monde ou non. GAPC possède son propre réseau d’agents et autres intermédiaires, à qui il confierait l’entière responsabilité de la gestion des transferts. C’est d’ailleurs ce dernier élément qui aurait rendu très méfiant Thierry Henry, au point qu’il mette un terme aux discussions.
Les Américains inquiètent
Thierry Henry ne serait pas le seul à avoir été échaudé par la manière dont GAPC a mené les négociations. Nicolas de Tavernost, le président de M6, futur ex-propriétaire des Girondins, qui a soufflé le nom de Henry aux Américains, serait plus que déçu par la tournure que prennent les événements. Ses mots lâchés en zone mixte après le succès bordelais face à Monaco dimanche dernier sonnent d’ailleurs comme un sérieux avertissement : « Je ne veux pas lâcher le manche tant que je n’ai pas d’assurances sur l’avenir de l’équipe professionnelle. Nous avons mis des engagements précis dans les contrats, je veux qu’ils soient respectés. Je n’ai pas de doutes, mais comme en foot, tant que la 94e minute n’est pas passée, les choses ne sont pas faites. » À l’écouter, il serait donc très prématuré de planter la bannière étoilée sur le toit du château du Haillan.
C’est aujourd’hui entre les mains de la mairie de Bordeaux qu’est l’éventuel débarquement des troupes américaines sur la plaine des sports du Haillan. Fin septembre, le conseil municipal devra voter le transfert du loyer du Matmut Atlantique, qui s’élève à 3,8 millions d’euros par an, de M6 à GACP. Mais il se murmure que là encore, les Américains rechigneraient à mettre la main à la poche, en faisant le forcing pour faire baisser le tarif. Une éventualité totalement irrecevable pour Alain Juppé et l’ensemble des élus, qu’ils soient issus de la majorité ou non. Histoire de semer encore plus le doute, parce que c’est possible, France 3 Nouvelle-Aquitaine révèle ce matin qu’un rendez-vous entre Joseph DaGrosa et le maire de Bordeaux, qui devait se tenir jeudi prochain, a tout simplement été annulé.
Le retour de « Cavegol » ?
En attendant, l’équipe première des Girondins de Bordeaux n’a toujours pas d’entraîneur, et l’intérim pour l’instant réussi du soldat Bédouet a été prolongé. Mais ce dernier n’a ni la vocation ni le souhait de poursuivre l’expérience bien longtemps. Le hic pour le préparateur physique est que la liste des candidats de standing ciblés pour succéder à Gustavo Poyet se réduit chaque jour un peu plus. Avant Thierry Henry, Rémi Garde et Laurent Blanc ont poliment décliné l’offre. Claudio Ranieri réclamerait un salaire totalement déraisonnable pour un club comme Bordeaux, et Ricardo, déjà victime de deux AVC, aurait été refusé par M6. Selon une information de France 3 Nouvelle-Aquitaine tweetée hier soir, ce serait désormais avec Hervé Renard que Bordeaux serait entré en contact, tandis que d’après Mercato365, les dirigeants bordelais envisageraient de faire confiance à un attelage tout en tatouages et cheveux longs, composé des Argentins Matias Almeyda et Fernando Cavenaghi. Enfin un peu de sexy dans le feuilleton le plus haletant de l’été.
Par Mathias Edwards