Henry au Barça: Titi mangé par les Grosminets ?
Après moultes supputations en tous genres, et ce depuis presque deux ans, Thierry Henry rejoint enfin le FC Barcelone. Un transfert qui apparaît comme un fatalité tant le désormais ancien Gunner semblait ne pas avoir accompli son fatum en terre d'Albion. Chronique d'un échec annoncé ?
Henry au Barça, c’était INELUCTABLE. Ecrit depuis longtemps. Titi aurait en effet pu finir sa carrière à Arsenal. Problème : plus de thunes dans la Maison Canon pour cause de Stade des Emirats, donc pas de « budget darons » pour renforcer et encadrer la classe biberon (talentueuse mais pas tueuse). Or, Titi veut gagner la Champions League, trophée ultime qui manque à son CV. C’est d’ailleurs pour ça que Pat Vieira était parti à la Juve et Thuram au Barça : pour tirer l’Europe par les (grandes) oreilles… Le départ de David Dein, boss d’Arsenal dont le fils est pote avec Titi, a accéléré les choses.
Donc, Henry devait partir. Ni dans un autre club anglais, ni en Italie, encore moins en France…Alors en Espagne, soit au Real, soit au Barça, les deux clubs les plus prestigieux du monde. L’attirance sincère pour le Barça (Nou Camp, Rikjaard… Cruyff) a décidé du choix. Henry au Barça, c’est aussi LOGIQUE.
De la même façon que Zidane et Ronaldo au Real, hier, ou Kaka (voir Nasri ?) au Real demain, c’est logique et inéluctable. Le Real et le Barça ont toujours été la destination ultime des stars du ballon rond. Car question « amour, gloire et beauté » seul le Milan AC peut par moments s’aligner.
Plus généralement, la Liga espagnole joue gros sur le marché mondial de la médiatisation, devancée dangereusement par l’Angleterre qui impose sa Premier League (donc sa puissance financière) à toutes les chaînes TV du monde. L’Espagne se doit de reprendre la main, notamment en débauchant les stars de Premiership. N’est-il pas question que Cristiano Ronaldo, Drogba, voire Fabregas, Steven Gerrard ou Lampard ne débarquent à terme en Espagne ? Pour la plupart d’entre eux, y compris Steven Gerrard (faussement lié « à vie » aux Reds), la migration vers le Sud n’est plus qu’une question de temps.
L’arrivée de Thierry Henry au Barça, le final grandiose Barça-Real (plus glamour que MU- Chelsea) ainsi que le désastreux Chelsea-Liverpool (soporifique et fermé, en demies de C1), amorcent la tendance « Ibérique + » sur le rival anglais. En conclusion : si Joan Laporta (victime du syndrome galactoc ou du syndrome Ocean 13 avec pléiade de stars ?) a fait une grosse connerie, cette connerie était inéluctable et logique. Même Rijkjard est prêt à l’assumer. De quelle « connerie » parle-t-on ? Evidemment, celle d’arriver ou non à faire jouer ensemble Eto’o, Messi, Ronaldinho ET Henry.
Sans nous défausser, on peut toujours se reporter sur l’excellent débat initié par sofoot.com avec ses internautes chéris. L’essentiel y est : débats technico-tactiques sur le placement des quatre as sur le terrain et des potentielles querelles d’ego monumentales. A ce propos, on peut se douter que les succès NBA de Tony Parker vont gonfler un peu plus à l’hélium l’ego-trip de son pote Henry… Question gestion des ego, toujours, on peut aussi craindre que dans ce gigantesque « marché aux melons » barcelonais, les stratégies commerciales qui s’y superposent n’arrangent guère les choses. Eto’o (Puma), Ronaldinho (Nike), Henry (Reebok) et Messi (Adidas), ça donne en perspectives : guerre des images, guerre des exclusivités, performances survendues, titularisations « exigées » … On espère que Francky Rijkjaard aura autant de poigne avec les stars et leurs sponsors que le général Schwarzkopf avant que la tempête du désert ne s’abatte sur le Nou Camp. Les naïfs qui s’imaginent qu’on peut « faire tourner » l’effectif en laissant parfois sur la touche une des quatre idoles ignorent qu’au Barça le statut de remplaçant équivaut à une déflagration atomique égale à 10 000 fois Hiroshima…
Voilà. Dans ce mercato cartoonesque (Titi et les Grosminets), déplorons le départ quasi programmé de Deco Droopy ( « You know what ? I’m unhappy » ), bouffé par le molosse Yaya Touré. Sinon, le grand vainqueur potentiel de ce remue-ménage tactique « en retrait-en pointe-dans l’axe-côté gauche-neuf et demi ou 10 » , c’est Bip-Bip Messi, a priori guère menacé. Sur son flanc droit l’autruchon supersonique en a d’ailleurs profité cette saison pour bétonner la côte. A moins qu’un coyote ne vienne lui piquer sa place…
Henry au Barça… Chronique d’un échec annoncé ? « Time will tell”, disait Bob Marley. “Qui vivra cochon”, disait mon charcutier…
Par Chérif Ghemmour
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