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Henrique : « Je ne voulais pas être payé »
Après plusieurs mois d'indisponibilité, à cause d'une tendinite contractée en jouant au tennis, et «qui s'est aggravée jusqu'à détériorer les adducteurs des deux côtés», Carlos Henrique (1,88 m ; et 78 kg) revient à la compétition. Un évènement pour le "boucher bordelais", énigme préférée de Jean Tigana...
Carlos, après plusieurs mois d’absence pour cause de blessures, es-tu encore dans le coup ?
Je me sens bien et de mieux en mieux chaque jour. J’ai joué en CFA 2 (avec la réserve bordelaise, à Blagnac NDLR) le week-end dernier. C’était un bon match, et même si le niveau est loin de celui de la Ligue 1, ça fait plaisir. J’étais prévu pour jouer quarante-cinq minutes, mais au final j’ai disputé l’intégralité du match.
En raison des absences de Ciani et Sané (suspendus), es-tu prêt pour affronter Lille, le leader de L1, samedi ?
Dans ma tête, je vais me préparer pour jouer encore en CFA 2, mais si le coach a besoin de moi pour donner un coup de main, même si je ne suis pas à 100%, je peux aider !
Peux-tu nous dire pourquoi Bordeaux va se faire exploser dans le Nord ?
Mais non ! C’est plutôt bon signe que des personnes pensent ça, parce que l’on aura envie de montrer à tout le monde qu’elles n’ont pas raison. Ce sera un match très difficile et si les gens pensent que Bordeaux va connaitre un craquage (sic) là-bas, je crois que les joueurs seront très motivés pour démontrer le contraire…
Oui, mais après un Bordeaux-Arles-Avignon aussi pourri (0-0)…
C’était une rencontre très compliquée face à une formation déjà rétrogradée, et qui n’avait rien à perdre…
Imaginons que tu te retrouves face à Moussa Sow (meilleur buteur du championnat, 20 buts) ; quelle(s) méthode(s) utiliseras-tu pour l’arrêter ?
Je pense que Lille, ce n’est pas lui, mais un tout qui marche très bien, même s’il est très bon. Ils ont de très bons éléments, et c’est ce qui fait la différence. Il faudra donc faire attention à tout le monde.
Il n’est pas rare d’entendre les gens te surnommer “le boucher” ; ça te dérange ?
Je n’ai pas grand-chose à répondre, si ce n’est que quand j’entre sur un terrain, j’ai un caractère fait pour ne pas perdre ! Je suis un défenseur, pas un milieu de terrain… Alors pour moi, le principal, c’est de ne pas prendre de but. Donc, peu importe la manière ! Laurent (Blanc) m’avait dit d’être le plus méchant possible, sans l’être pour faire mal, bien sûr, mais pour être le plus rigoureux derrière. Je pense comme un défenseur, pas comme un attaquant brésilien qui fait des passements de jambes : je dois être costaud !
On te compare parfois aussi à Pépé, du Real Madrid…
Oui, j’ai déjà entendu ça (Rires) ! C’est lui aussi un pur défenseur. On ne va pas le voir faire des passes de soixante mètres… Non, il joue pour l’équipe, à l’image d’autres dans le même style, et chaque grand club européen possède : Samuel à l’Inter ou Puyol au Barça, des joueurs plus rudes… Il y en a besoin derrière.
A Bordeaux, il semble que tu sois un vrai mystère pour Jean Tigana (deux fois remplaçant, quatre vingt-huit minutes de jeu). Comment le vis-tu ?
Oui, c’est vrai… Je comprends tout à fait ça. Je pense même que si c’était moi le coach, je me dirais la même chose ! Tout ce qui m’est arrivé a été très embêtant pour tout le monde et surtout pour moi. Maintenant, c’est du passé.
Estimes-tu avoir quelque chose à prouver ?
Oui, à tout le monde… Aux supporters, à ma famille, à moi, aussi, et au président, qui m’a encore accordé sa confiance la semaine dernière. Je dois montrer que je suis là.
Christophe Dugarry a déclaré lundi que les Bordelais avaient des salaires trop élevés et des contrats trop longs, en te visant notamment ( « Il est où Henrique ? » ). Tu lui réponds quoi ?
Fernando (Menegazzo) m’a dit ça… Aujourd’hui je suis là, mais je crois qu’il ne savait pas ce que j’ai vécu cette saison. Ça a été vraiment très difficile pour moi, une période de rechute, la pire de ma carrière. Mais je ne lâche rien et je veux dire à Christophe, que j’apprécie énormément et qui, en tant que pur Bordelais, doit être fâché de notre saison, que je n’étais pas prêt pour jouer. Je vais dire aussi que comme j’étais blessé, et soigné au Brésil, j’ai demandé au président de ne pas me payer (pendant la durée de l’indisponibilité, NDLR).
Et il a dit quoi ?
Il a refusé, indiquant que ce n’était pas de ma faute si j’étais blessé. Mais cette situation, qui m’a énormément gêné, me donne aujourd’hui encore plus envie de montrer. Pourtant, je sais que ce sera très dur, au début.
Quel est ton avenir ?
Je vais rester à Bordeaux et y faire mes deux ans de contrat (juin 2013). Ça fait cinq ans que je suis là, ma famille y est bien aussi, et je ne pars pas d’ici !
Justement, à l’image de Wendel qui a dernièrement rappelé qu’il aimerait bien porter le maillot de l’Équipe de France un jour, pourrais-tu toi aussi avoir cet objectif ?
J’avoue n’avoir pas pensé à ça. J’ai fourni tous les documents pour obtenir la nationalité française, mais après, pourquoi pas. J’aime ce beau pays, et mon fils préfère la France au Brésil, alors…
Laurent BRUN, à Bordeaux.
*Dans l’émission « Les Spécialistes » , sur Canal +.
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