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Henrikh Mkhitaryan, il était un diable de Manchester United
Élément le plus dangereux de la Roma, qui compte énormément sur lui pour remporter la Ligue Europa, Henrikh Mkhitaryan retrouve en demi-finales de la compétition un Manchester United où il a passé moins de deux saisons entre 2016 et 2018. Un passage chez les Red Devils plutôt court, mais qui a fait grandir l'Arménien pour devenir le joueur qu'il est aujourd'hui.
4 mai 2017, Friends Arena de Solna, en Suède. La deuxième mi-temps de cet Ajax Amsterdam-Manchester United ne fait que commencer, mais Henrikh Mkhitaryan vient déjà de mettre un terme à sa finale de Ligue Europa. Dans un style peu académique qui ne lui ressemble pas vraiment, l’Arménien se retrouve à la retombée d’un corner et joue de sa souplesse pour envoyer la quille au fond des cages d’André Onana. Le deuxième but de la soirée en faveur des Red Devils, qui s’emparent de la première C3 de leur histoire. Un trophée qui, aujourd’hui, est également le dernier soulevé par les bras du milieu de terrain offensif.
Une des raisons pour laquelle le bonhomme, actuellement dans le dernier carré de la même compétition, a la dalle et compte bien aller de nouveau jusqu’au bout de l’épreuve en 2021. D’autant que le joueur de 32 ans s’est arrêté en finale avec Arsenal en 2019, et qu’il n’a désormais plus beaucoup de temps pour embrasser des coupes. Avec la Roma, dont il est l’un des éléments indispensables cette saison (troisième homme le plus utilisé après Gianluca Mancini et Lorenzo Pellegrini, meilleur passeur avec neuf assists ou encore deuxième meilleur buteur en Serie A avec neuf réalisations après Jordan Veretout), le moteur de la Louve qui a des chansons à son honneur en Italie s’apprête donc à retrouver son ancien club dans le dernier carré de la Ligue Europa. Avec détermination, mais sans cacher une certaine tendresse pour son ex-employeur.
« Très dur, sous Mourinho »
Car s’il a finalement été plutôt bref, ce séjour de même pas deux ans à Manchester n’en a pas moins été intense. Recruté pour plus de 40 millions d’euros au Borussia Dortmund en juillet 2016 avant d’être envoyé à Londres en échange d’Alexis Sánchez en janvier 2018, Mkhitaryan trouve tout de même le temps de laisser quelques beaux souvenirs. Un chef-d’œuvre intitulé coup du scorpion contre Sunderland, par exemple, quelques mois seulement après son arrivée. Et trois titres (une League Cup et un Community Shield, en plus de la C3), qu’il n’a pas oubliés. « J’ai remporté trois trophées avec le club, ce qui était incroyable. Vous savez, certains joueurs évoluent à United depuis des lustres et ils n’ont rien gagné… », souligne ainsi le protagoniste, dans les colonnes de l’Athletic.
Surtout, le natif d’Erevan a énormément progressé à MU malgré ses difficultés à s’adapter lors des premières semaines ou à répondre aux exigences de son entraîneur sur le moyen terme. Sous José Mourinho, « c’était très dur, mais j’ai aussi beaucoup appris, témoigne-t-il, toujours dans le même média. J’ai appris à défendre, à aider l’équipe. Il ne s’agissait pas seulement de marquer des buts et de faire des passes décisives, il s’agissait plutôt de faire gagner l’équipe. Peu importe qui marquait, qui faisait la passe. Nous devions gagner ensemble, être toujours heureux d’avoir gagné. À cette époque, il était l’un des coachs les plus titrés au monde. J’ai eu du mal, mais j’ai passé un très bon moment. » À tel point que le monsieur a gardé contact avec certains Mancuniens, « comme Paul Pogba, David de Gea, Juan Mata, Marcus Rashford ou Éric Bailly, précise-t-il encore. Nous nous envoyons des messages, pas tous les jours ou tous les mois, mais nous le faisons quand il y a une occasion. Il y a toujours une raison pour se féliciter les uns les autres. »
Des pâtes pour retrouver les jambes
Loin d’être incontournable à United (39 titularisations en Premier League, contre 26 présences sur le banc), Mkhitaryan a cependant mûri lors de son passage mancunien. En prenant pleinement conscience de la valeur du collectif et des sacrifices louée par le Special One, comme il l’indique, mais aussi en développant sa capacité à être décisif. Si bien qu’après une pige gâchée par les blessures à Arsenal, l’ambidextre a ressuscité à Rome où il est impliqué sur 37 pions en 66 matchs (à titre de comparaison, il plafonnait à 25 en 63 rencontres à MU).
« Je suis amoureux de cette ville. Le premier jour où je suis venu ici avant de signer le contrat, ils m’ont fait leurs pâtes et je suis tombé amoureux à cause de ces pâtes, kiffe maintenant l’ailier. J’ai bien performé. Pourquoi ? Cela dépend de la façon dont nous jouons, je suis très à l’aise avec notre système. Nous pratiquons un football très offensif avec beaucoup d’espace devant, c’était la même chose au Shakhtar Donetsk et au Borussia Dortmund. » Preuve qu’on peut trouver le bonheur grâce à la souffrance d’hier. Et qu’il est possible de faire souffrir celui qui nous a fait grandir ?
Par Florian Cadu