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Henri Bedimo, adroit mais pas à gauche
Arrivé à Lyon en 2013, Henri Bedimo n'est aujourd'hui plus le latéral gauche titulaire du onze de Bruno Génésio. Délaissé au profit de Jérémy Morel, l'international camerounais a appris à cirer le banc de touche. Reste à savoir pourquoi.
C’était le 28 février dernier. L’Olympique lyonnais sortait le grand jeu pour infliger au Paris Saint-Germain sa première défaite en Ligue 1 en un an (1-2). Ce soir là, Henri Bedimo était titulaire sur le flanc gauche de la défense, comme deux semaines plus tôt, face à Caen. Avant ça, il fallait remonter au mois de décembre dernier, et une lourde défaite face au même PSG (5-1) pour trouver un match plein du Camerounais. Un changement de situation brutal après deux saisons pendant lesquelles il avait rapidement acquis un statut d’intouchable. Mais l’arrivée de Jérémy Morel est venue bouleverser la hiérarchie de manière inattendue. Du coup, le temps de jeu de Bedimo cette saison est réduit à peau de chagrin : douze matchs dont dix titularisations sur le flanc gauche de la défense. Un joueur qui en pousse un autre sur le banc, rien d’exceptionnel. Sauf quand le premier est moins bon que le second, et qu’une histoire de prolongation de contrat vient s’immiscer dans le sportif. À Lyon, ce n’est pas la première fois, et sûrement pas la dernière.
Henri devrait bosser à plein temps
Lorsque l’Olympique lyonnais décide, à l’été 2015, de renforcer son effectif en attirant à Gerland l’ancien Marseillais Jérémy Morel, les moqueries fusent. Pour s’en défendre, les Gones ont un discours bien précis : Morel est recruté pour jouer dans l’axe, et pas à gauche, où Bedimo tient la baraque. Il faut dire que Marcelo Bielsa avait réussi à faire du latéral un défenseur central solide pendant quelques mois. Un choix contestable, donc, mais pas inexplicable. Et le début de saison lyonnais confirme cette théorie. Jusqu’à la sixième journée de championnat, Bedimo ne manque que deux matchs. Tout bascule ensuite, et Fournier décide de titulariser Morel à gauche, relayant Bedimo à un rôle de remplaçant (de luxe). Un choix sportif, sans doute, qui n’a pas vraiment porté ses fruits. Car c’est peu dire que Morel est loin d’être convaincant sur le côté gauche, et que son association avec Mathieu Valbuena, devant lui, n’est pas une franche réussite.
Des performances médiocres qui poussent à se poser quelques questions, d’autant plus que lors de ses trop rares retours sur le flanc gauche, Bedimo a souvent convaincu. Et notamment lors de la victoire face au PSG (2-1) au Parc OL, pendant laquelle le Camerounais avait livré une solide prestation. Mais depuis, plus rien. C’est le silence radio, l’encéphalogramme plat à nouveau pour Henri qui est retourné aux côtés des jeunes sur le banc de touche. Loin d’être amer, le latéral refuse de s’étendre sur la question, préférant la lucidité aux commérages, comme souvent. « On a fait appel à moi, j’ai répondu présent. L’essentiel, c’est qu’on finisse le plus haut possible, de préférence en Ligue des champions. Cette saison est compliquée pour moi comme pour le club, vu le début de saison ce qui s’est passé. Mais j’en ai vu, et j’en verrai encore » , expliquait-il en conférence de presse début mars. Mais les commérages ont tout de même réussi à rattraper le défenseur.
Fin de contrat, fin d’aventure ?
Tout ceci serait confiné à la sphère sportive si Henri Bedimo n’était pas en fin de contrat en juin 2016. Seulement voilà, en janvier dernier, Bedimo aurait refusé de discuter d’une éventuelle prolongation. « Alors que c’était d’abord son souhait, il ne veut pas discuter. Donc on va certainement avoir à prendre des décisions » , expliquait Jean-Michel Aulas en conférence de presse. Et si la décision avait été de mettre monsieur Bedimo à l’écart, en préparant tranquillement un petit départ cet été. Bruno Génésio a beau affirmer qu’il n’est en aucun cas question d’une punition, difficile de ne pas voir le lien entre le probable refus du Camerounais et son manque de temps de jeu cette deuxième partie de saison. D’autant que l’OL a connu quelques cas similaires par le passé. Même si elle était plus compliquée, et que les torts semblaient partagés, la gestion du cas Gomis avait plus ou moins commencé de la même manière.
Alors, est-ce vraiment obligatoire de mettre au placard un joueur qui refuse de prolonger malgré son niveau sportif ? Rien ne justifie, en tout cas sur le plan sportif, les titularisations répétées et indiscutables de Jérémy Morel, qui n’a finalement été que très peu utilisé dans l’axe. Quoi qu’il en soit, l’avenir de Bedimo à l’OL semble s’assombrir de jour en jour. Mais ce n’est pas lui qui mettra le feu au poudre : « Si je m’ouvre dans les médias, cela va apporter des tensions, et par respect pour le vestiaire, je m’y refuse. Aujourd’hui, le club a plus besoin d’avoir l’union sacrée et de faire bloc pour atteindre l’objectif, car on a énormément de retard » , expliquait-il début mars en conférence de presse. Il serait bien dommage que l’aventure Bedimo à Lyon s’arrête sur cette saison blanche, d’autant plus au regard de ses saisons précédentes.
Par Gabriel Cnudde