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Hellas Vérone/Napoli, sept ans après
Il y a sept ans, quasiment jour pour jour, le Napoli et le Hellas Vérone s’affrontaient en Serie B. Aujourd’hui, les deux équipes trustent le haut de tableau en Serie A. Historique de deux reconstructions réussies.
Du 13 janvier 2007 au 11 janvier 2014, il ne s’est écoulé que sept ans. Pas forcément grand-chose sur l’échelle d’une vie. Pourtant, dans l’histoire de certains clubs, sept années peuvent représenter un monde. C’est le cas pour deux équipes de Serie A qui s’affrontent aujourd’hui : le Hellas Vérone et le Napoli. Il y a sept ans, à cette heure-ci, les deux formations étaient en train de préparer un match de deuxième division. Le Napoli est alors quatrième de Serie B, tandis que le Hellas Vérone galère à la 20e place du classement (sur 22 équipes). Au San Paolo, devant 33 000 spectateurs, le Napoli s’impose finalement 1-0 grâce à un but de Bucchi, sur pénalty, à quelques minutes de la fin. Une victoire qui fait bondir les Napolitains à la deuxième place du classement, et qui enfonce le Hellas encore un peu plus dans la zone de relégation. Si, à ce moment-là, on avait dit aux supporters veronesi que leur équipe retrouverait le Napoli sept années plus tard, et qu’il s’agirait d’un choc entre le troisième et le cinquième de Serie A, probablement que personne n’y aurait cru. Et pourtant…
Match pour ne pas mourir
Pourtant, c’est bien le cas. 2013 a clairement été l’année du Napoli et du Hellas Vérone, et 2014 semble débuter sur les mêmes bases. Les chiffres, bien souvent, ne mentent pas. Sur l’année civile 2013, le Napoli et le Hellas ont respectivement pris 78 et 71 points (42 en Serie B, 29 en Serie A). Seule la Juventus, avec 89 points, a fait mieux (la Roma en a également pris 71, comme le Hellas). Preuve absolue que ces deux formations sont en pleine bourre. Mais comment en sont-elles arrivées là ? La courbe de croissance, si l’on veut parler en termes techniques, n’a évidemment pas été la même pour les deux. À la fin de cette fameuse saison 2006-07, date de la dernière confrontation entre Napolitains et Veronesi, le Napoli a assuré sa remontée parmi l’élite. Le Hellas, de son côté, va connaître une fin de saison dramatique. Après avoir cravaché pour accrocher les barrages pour ne pas descendre, les Gialloblù s’inclinent 2-1 lors du play-out aller contre Spezia, et ne parviennent pas à inverser la tendance au match retour. 0-0, relégation en Serie C1, une première pour eux depuis 64 ans.
Pendant que le Napoli, grâce aux investissements d’Aurelio De Laurentiis, retrouve le plus haut niveau du championnat italien, Vérone, lui, doit tout reprendre à zéro. Les tifosi du Hellas ne le savent pas encore, mais ce sont quatre années de galère qui les attendent, dans l’enfer de la Serie C1 (ensuite renommée Lega Pro 1). Le club n’a plus d’argent, ne peut plus investir, et n’a surtout plus la superbe pour attirer de bons joueurs. La saison 2007-08 va marquer un point très fort de l’histoire. La saison est catastrophique, et le Hellas termine à la 17e position. Un an après, il faut donc à nouveau disputer des barrages, cette fois-ci pour ne pas descendre en Serie C2. Une véritable désolation, lorsque l’on sait que, vingt ans plus tôt (1985), le Hellas Vérone était sacré champion d’Italie. Le match aller pour ne pas mourir se dispute le 18 mai 2008, au stadio Bentegodi, face à la Pro Patria. Vérone parvient à s’imposer 1-0 grâce à un but de Morante à la 94e minute. Au retour, la Pro Patria mène rapidement 1-0. À ce moment-là, Vérone est virtuellement en C2, car en cas d’égalité sur l’ensemble des deux matchs, avantage à l’équipe qui a terminé à la meilleure position au classement, à savoir la Pro Patria. La quatrième division se rapproche lentement, mais à la 88e minute, Zeytulaev inscrit le but qui sauve tout un peuple. Le point de départ du nouveau Hellas.
Noyau dur, jeunes et vieux briscards
Car après cela, les choses vont aller en s’améliorant. L’année suivante, Vérone termine septième, et celle d’après, seule une défaite face à Pescara lors des play-offs l’empêche de remonter en Serie B. Ce n’est que partie remise. Au terme de la saison 2010/11, le Hellas retrouve enfin la Serie B après avoir remporté la finale des barrages face à l’ennemi juré, la Salernitana. Tout cela pendant que le Napoli grandit année après année. De fait, les Napolitains retrouvent d’abord l’Europe, puis passent un nouveau cap avec l’arrivée de Walter Mazzarri. Le coach toscan trouve le bon système pour faire fructifier au mieux les aptitudes de ses joueurs et, au moment où le Hellas remonte en Serie B, le Napoli, lui, se qualifie pour la Ligue des champions, pour la première fois depuis l’époque de Maradona. L’année suivante, le Napoli fait un joli parcours en C1, et remporte la Coupe d’Italie. Le Hellas, de son côté, s’incline en demi-finale des play-offs face à Varese. Mais là encore, ce n’est que partie remise. L’équipe de Mandorlini obtient enfin sa promotion en Serie A à la fin de la saison 2012-13. Une remontée directe, sans même besoin de passer par les barrages. La fin d’un calvaire qui aura duré plus de dix ans.
Or, retrouver l’élite est une chose. S’imposer immédiatement comme l’une des certitudes de la Serie A en est une autre. Au cours des dix dernières années, seules quelques équipes revenues du purgatoire sont parvenues à obtenir des objectifs importants au cours des années qui ont suivi leur remontée : la Juventus et le Napoli. Et si le Hellas Vérone venait soudainement se mêler à cette liste ? Depuis le début de la saison, les résultats sont très largement au-dessus des attentes. Déjà dix victoires en championnat, et une cinquième place au classement (synonyme de qualification pour la C3) devant des écuries comme l’Inter, la Lazio, le Milan AC ou l’Udinese. Le secret ? Un peu le même que celui du Napoli lors de sa remontée en 2007-08 : quelques joueurs qui ont connu les années de galère et qui composent le noyau dur (le gardien Rafael, qui était sur la pelouse lors des barrages de la mort contre la Pro Patria, Jorginho, Maietta), des jeunes lancés dans le grand bain (Iturbe), et des vieux briscards (Toni, Donati). Un cocktail finement concocté par Mandorlini, qui peut aujourd’hui aborder le match face aux Partenopei la tête haute, avec la ferme intention de les battre. Ah, il est bien loin, ce 13 janvier 2007…
Eric Maggiori