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Hélder Postiga, le retour du mal-aimé

Par Alexandre Pedro
Hélder Postiga, le retour du mal-aimé

Il était promis à une retraite internationale anticipée après la Coupe du monde, Hélder Postiga est pourtant de retour pour affronter l'Arménie et l'Argentine. Et si le Portugal ne pouvait pas se passer de lui finalement ?

Winston Churchill a dit un jour que « la démocratie était le pire des régimes – à l’exception de tous les autres déjà essayés dans le passé » . Ce plaidoyer par défaut peut aussi s’appliquer à Hélder Postiga, avant-centre critiqué, mal-aimé et par défaut du Portugal depuis une décennie maintenant. Le natif de Vila do Conde est le pire des numéros neuf – à l’exception de tous les autres déjà essayés par Luiz Felipe Scolari, Carlos Queiroz et Paulo Bento. Absent de la première liste du nouveau sélectionneur, Fernando Santos, on s’était dit que la carrière internationale avait connu comme chant du cygne un claquage contre les États-Unis dans la moiteur de la nuit à Manaus. Parti par la petite porte, il est pourtant revenu par la fenêtre. « J’ai appelé Hélder Postiga parce qu’il a un style avec des caractéristiques différentes de nos autres attaquants et j’ai pensé qu’il pourrait nous apporter d’autres options offensives » , a justifié Santos au sujet du retour d’un garçon de 32 ans promis à une retraite internationale anticipée.

Eder, son meilleur avocat

Son début de saison ne plaidait pourtant pas en sa faveur. Après deux saisons à alterner blessures et séjour prolongé sur le banc de touche à Valence puis à la Lazio, le Portugais s’est arrimé à La Corogne, port d’attache cher à son agent, l’inévitable Jorge Mendes. Pour l’instant, Hélder cherche encore ses marques en Galice (1 but en 7 matchs) et a même trouvé le moyen d’être expulsé le week-end dernier contre Cordoue. Pas de quoi plaider pour un retour en sélection. Sauf qu’en son absence, le Portugal a découvert Eder. Et le Portugal pleure. Il pleure la misère technique d’un type qui court dans le vide à la recherche de cet objet qui se refuse à lui : le ballon. Toujours muet après 14 sélections, l’attaquant de Braga est le meilleur plaidoyer pour Postiga. Comme ce char de Hugo Almeida ou le naturalisé Liedson le furent, comme la fausse promesse Nelson Oliveira est parti pour l’être.

Faute de grives, on mange des merles et on rappelle Hélder. Et tant pis s’il n’a jamais tenu les promesses d’un début de carrière où il enchaînait les buts avec le Porto de José Mourinho. C’était avant de filer pour Tottenham et perdre le fil d’une carrière en club erratique entre Saint-Étienne, le Panathinaïkos, le Sporting et Saragosse où il atteint son climax de buteur avec une saison à 14 réalisations en 2012/2013. Une oasis dans un désert. Hélder est d’abord un patriote, un homme qui se sublime pour son pays. Sauf que la patrie n’est pas toujours reconnaissante envers celui qui affiche des stats plus que respectables avec 27 buts en 70 sélections. Mieux encore, avant l’Euro 2012, il présentait un meilleur ratio sélection/but que Cristiano Ronaldo (0,39 contre 0,35).

Un passé qui parle pour lui

Malheureusement pour lui, les Portugais préfèrent voir le verre à moitié vide. Hélder décroche trop, Hélder erre pendant 20 minutes pour toucher un ballon contre le Luxembourg (et marque dessus), Hélder marche. Tant pis. L’intéressé a appris à vivre sans l’amour des siens. « J’ai été habitué aux critiques tout au long de ma carrière. Elles me donnent de la force pour me dépasser. » Ceux qui ont peu de mémoire et de cœur n’ont pas oublié son égalisation de la tête contre l’Angleterre à l’Euro 2004 et la Panenka qui avait suivi lors de la séance de tirs au but. Il y a aussi eu des pions décisifs contre la Russie, le Danemark à l’Euro 2012 ou encore un doublé lors d’une gifle historique contre l’Espagne.

Postiga aurait pu revendiquer un statut, un peu plus de considération, il n’a jamais eu l’envie ou le tempérament. Il a préféré regarder ses concurrents étaler leurs insuffisances et attendre qu’on fasse de nouveau appel à lui. S’il débute contre l’Arménie aux côtés de Ronaldo dans le 4-4-2 instauré par Fernando Santos, il risque encore de rater la moitié de ses contrôles, de ralentir le jeu et donner l’impression à son équipe d’évoluer à dix. Et puis sur un malentendu ou une inspiration, il va peut-être finir par tirer une belle épine du pied à son équipe. L’histoire de Hélder Postiga est un éternel recommencement.

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