- Les restes du monde – Eredivisie
Heerenveen, le grand Frison
Cette semaine, coup de projecteur sur LE club en forme du moment aux Pays-Bas : Heerenveen. Ses cinq victoires lors de la phase retour l’ont propulsé sur le podium, à deux petits points des leaders, PSV et l’AZ. Le porte-drapeau de la Frise, province du nord du pays, séduit grâce à son jeu offensif et peut afficher de grandes ambitions. D’autant plus que le poste d’entraîneur sera occupé à partir de cet été par un certain Marco Van Basten.
Le SC Heerenveen c’est d’abord un maillot qui interpelle, rayé bleu et blanc avec des espèces de petites incrustations rouges en forme de cœur. Il s’agit en fait de l’emblème de la Frise, province du nord des Pays-Bas, qui a la particularité de posséder sa propre langue, le Frison, et d’être représentée politiquement à l’échelle nationale. Une province célèbre surtout pour ses nombreux moulins et ses patineurs de vitesse. Le club d’Heerenveen revendique ainsi son provincialisme et s’affiche comme le représentant footballistique de tout un peuple. Un peu à la manière du Stade Rennais, avec son maillot extérieur aux couleurs de la Bretagne.
Des buts à gogo
Le peuple frison n’a guère eu à s’extasier devant son équipe avant les années 80. Mais sous l’impulsion de deux hommes, le président Rimer van der Velde et l’entraîneur Foppe de Haan, Heerenveen gravit un à un les échelons, jusqu’à l’historique accession en Eredivisie au début des années 90. En deux décennies, les duettistes vont parvenir à installer durablement le club en élite, réussissant même l’exploit d’obtenir la deuxième place du championnat lors de la saison 99/2000. Mais la participation à la C1 à l’automne suivant (face à Lyon notamment) n’aura pas de suite et au tournant des années 2000, le club stagne, avec une tripotée de places d’honneur, mais sans plus (là encore un peu comme Rennes en France). Au point que Riemer van der Velde et Foppe de Haan finissent par laisser leur place. S’en suivent de nouvelles saisons mornes, seulement égayées par le premier titre du club, la Coupe en 2009 (comme… ah tiens non, pas comme Rennes).
Cette saison 2011/2012 démarre très mal pour Heerenveen, qui encaisse d’emblée deux violentes défaites 1-5 face à l’Ajax et Twente. C’est que l’ambitieux et offensif 433 mis en place par l’entraîneur Ron Jans n’est pas sans risque. Tant mieux pour les spectateurs, qui sont certains de voir du spectacle et des buts : un match d’Heerenveen ne se termine jamais par un 0-0. En décembre par exemple, les Frisons enchaînent une victoire 5-0 à Rotterdam face à l’Excelsior avec une déroute 1-5 à domicile face au PSV. Il s’agit là de la dernière défaite de l’équipe (et la seule depuis août), qui a depuis brillamment amorcé 2012 et la phase retour avec cinq victoires en cinq rencontres. 18e et dernière fin août, elle est progressivement montée en puissance, atteignant la 12e place mi-octobre, la 6e en novembre et la 3e aujourd’hui, à seulement deux unités des coleaders, le PSV et l’AZ Alkmaar.
Quatre fantastiques devant
L’effectif est jeune et réduit, mais il réalise actuellement des prouesses, grâce surtout à son quatuor offensif composé du milieu relayeur Filip Djuricic, de l’ailier droit Luciano Narsingh, de son pendant à gauche Oussama Assaidi et de l’attaquant Bas Dost. Les statistiques des quatre fantastiques sont remarquables : 19 buts et 6 passes pour Dost (meilleur buteur d’Eredivisie), 5 buts et 15 passes pour Narsingh (meilleur passeur), 7 buts et 3 passes pour Assaidi (gêné par une blessure et absent en 2012 pour cause de CAN avec le Maroc ; suppléé par l’ancien Caennais Rajiv van la Parra) et enfin 6 buts et 5 passes pour le Serbe Djuricic.
Avec de tels jeunes talents devant, Heerenveen peut nourrir de grandes ambitions. D’autant plus que le club, 7e budget d’Eredivisie, s’est constitué un joli magot ces dernières années, en revendant à bon prix quelques-uns de ses meilleurs joueurs : Huntelaar, Sulejmani, Alfonso Alves, Pranjic… En plus, l’arrivée de Marco Van Basten au poste d’entraîneur pour la saison prochain a été officialisée ces derniers jours. Il remplacera Ron Jans, qui avait annoncé son départ de longue date. Même s’il n’a pas encore totalement convaincu sur un banc, le triple Ballon d’Or est une belle tête de gondole pour la formation frisonne. Luciano Narsingh et Oussama Assaidi, deux des éléments les plus courtisés de l’effectif et qui étaient annoncés partants cet été, envisageraient d’ailleurs finalement de rester. Une qualification en C1 au printemps pourrait achever de les convaincre.
Par Régis Delanoë