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Hector qui perd

Par Antoine Donnarieix
Hector qui perd

Tombée sur la dernière marche avant de toucher le Graal, l’Égypte voit s’abattre sur elle le terrible sort d’un vice-champion de Coupe d'Afrique. Hélas, la malédiction des Pharaons trouve cette fois un coupable tout désigné : Héctor Cúper.

Son look d’ingénieur dans la force de l’âge ne trompe personne. Regard impassible derrière ses lunettes aux rebords noirs et aux verres optiques parfaitement nettoyés, Héctor Cúper attend. Il attend les questions des journalistes dans un premier temps, mais il attend par-dessus tout cette finale de CAN, prévue pour le lendemain. Une finale « particulière » selon le principal intéressé. « Le Cameroun a mérité sa place en finale, avoue l’entraîneur suivi par toute l’Égypte. Son grand mérite a été d’avoir joué en équipe. C’est une sélection très bien organisée et qui a une discipline tactique très bonne, en plus de ses bons joueurs. Nous avons des similitudes dans la manière de jouer. » Des mots lourds de sens puisque le jour suivant, le voilà battu en finale. Encore. Et malgré son énorme talent tactique.

Du sérieux aux larmes

Si le sort l’avait un peu plus aidé, Héctor Cúper pourrait être à l’heure actuelle l’un des grands entraîneurs à succès des années 2000. Avec des parcours homériques en Coupe d’Europe, le « Capello argentin » s’est toujours vu refuser l’obtention d’un titre européen majeur, malgré trois tentatives principales, entrées dans l’histoire. D’abord, une défaite face à la Lazio pour la dernière édition de la Coupe des coupes avec Majorque (1999), puis deux revers avec la mythique Valence. Face au Real Madrid pour la première finale de C1 du XXIe siècle (2000), et en finale de l’édition suivante contre le Bayern Munich, à la suite d’une séance de tirs au but interminable (2001). Trois années consécutives au cours desquelles Cúper, entraîneur à la réputation très défensive et disciplinaire, va séduire son public malgré ses idées conservatrices. Au Mestalla, la mayonnaise met pourtant un moment à prendre. Le public souhaite dans un premier temps voir El Cabezon partir, devant une frilosité criante et un jeu basé sur la contre-attaque. L’un des cadres de l’équipe, El Piojo Claudio López, va même jusqu’à expliquer aux médias qu’il s’embête aux entraînements. Résultat : six jours de repos forcé, et plus aucune déclaration de la sorte par un membre de l’équipe ensuite.

Voilà qui est Héctor Cúper. Un homme peu bavard, strict au possible, mais surtout très professionnel avec son effectif. Il ne dîne pas avec eux en dehors des repas collectifs, et se contente de les attendre à l’heure fixée sur le terrain pour les faire cravacher. « Ce que j’aime dans le football, c’est l’entraînement, explique l’admirateur de Sir Alex Ferguson. Le football, c’est de la passion. Si tu ne comprends pas ça, il te manque quelque chose. Le football me donne vie, me donne de l’oxygène. Cela me motive tout le temps. » Cette rigueur dans le travail, c’est évidemment la grande force de Cúper durant sa carrière d’entraîneur. Et même si cela peut faire du grabuge, comme lorsque Ronaldo avait annoncé avoir quitté l’Inter Milan pour le Real Madrid à cause des entraînements trop rigides imposés par Cúper, les équipes réagissent de manière positive à ces séances militaires et deviennent des forteresses impénétrables.

Le cauchemar Aboubakar

La dernière preuve, c’est celle de l’Égypte. Avant la finale, les Pharaons n’avaient encaissé qu’un seul but dans la compétition. « Quand je suis arrivé, j’ai trouvé un pays, une Fédération avec un vrai besoin, décrivait Cúper la veille du jour J. Et parfois, vous avez aussi besoin de cela. J’ai trouvé des joueurs avec ce désir de travailler et cet amour pour leur pays. J’ai des stars dans cette équipe, mais elles sont humbles. Elles écoutent, elles sont ouvertes d’esprit et intelligentes. » L’Égypte avait tout d’un futur champion d’Afrique. Cette fois-là, des signes sont apparus. La victoire face au Maroc du sorcier blanc Hervé Renard, double vainqueur en titre de la CAN en quarts de finale. L’exploit du portier Essam El Hadary en demi-finale, héros des tirs au but face au Burkina Faso à… quarante-quatre ans. De quoi faire passer Gianluigi Buffon pour un jeune homme. Mais malgré l’ouverture du score, la guigne aura à nouveau pris le dessus. Hier, Héctor Cúper s’est couché le visage fermé et sans écart de conduite. Un soir comme un autre, en somme.

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Par Antoine Donnarieix

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