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Hébri : « Le salaire est net d’impôt »

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Amine Hébri a 21 ans et déjà cinq clubs à son actif. Passé par les centres de formation de Nantes et du PSG, le latéral franco-algérien pige aujourd'hui à l'ES Sétif en Algérie. Quatre heures de route dans un taxi, ça lui laisse du temps pour parler salaire, jeu en altitude, JO 2012 et de la Suisse.

Comment ça se passe la vie à Sétif ?

Ben, ça reste quand même une petite ville, c’est pas la capitale, mais on y va pour le boulot (Rires). En comparaison avec la France, Paris c’est Alger et Sétif, c’est Auxerre ou Sochaux tu vois. Alors du coup, je découvre le pays. Chaque mois j’en profite pour visiter une nouvelle destination, je suis un peu un touriste en fait… J’ai pratiquement jamais été en Algérie avant. Depuis l’âge de 15 ans, je venais pour les rassemblements avec les équipes de jeunes mais je repartais immédiatement, j’avais pas le temps de visiter.

Comment s’est passée ton arrivée à l’Espérance Sétif ?

Je viens d’arriver dans un des plus gros clubs d’Afrique donc, pour le moment, je suis content. Par contre, j’ai peu de temps de jeu parce que la concurrence est rude. En principe, je dois être prêté cette saison dans un club de première division algérienne, je ne sais pas où encore. Mais l’idée c’est de faire une saison pleine, pour devenir compétitif.

Jouer à 1100 mètres d’altitude (altitude de la ville de Sétif, ndlr), c’est difficile?

Oui, c’est les hauts plateaux, quand il fait froid, on le ressent plus. Pareil quand il fait chaud. Et puis même par rapport à la respiration sur le terrain, les premières minutes sont toujours très difficiles. On est en manque d’oxygène et puis on finit par s’habituer.

Quel est le niveau en Ligue 1 algérienne ?

L’équipe de Sétif, c’est le niveau de la Ligue 2 française. Par contre, le reste de la Ligue 1 algérienne, c’est niveau CFA, National, pas plus. Tout simplement parce que les joueurs algériens n’ont pas eu une formation aussi riche que les joueurs en Europe.

Et l’ambiance dans les stades ?

En Algérie, c’est la folie, 40 000 ou 50 000 spectateurs à tous les matchs, on joue souvent à guichets fermés, les supporters craquent des fumigènes, même au Parc des Princes y’a pas une ambiance comme ça ! Les Algériens sont vraiment des amoureux de foot. Après je viens d’avoir 21 ans et je suis encore en train d’apprendre le monde professionnel, sur le terrain et en dehors par rapport à la notoriété et le fait que tu sois reconnu en étant un footballeur. Et franchement, je suis content parce que réussir dans le foot c’est vraiment difficile et aujourd’hui en Algérie, j’ai un contrat pro homologué FIFA, comme les joueurs de Ligue 1, les lois sont les mêmes et les salaires aussi.

« Aller à Londres en 2012 »

Niveau salaire justement, tu t’en sors bien en Algérie ?

Franchement oui très bien, le salaire à Sétif est équivalent à celui des joueurs de Ligue 2 française et surtout, c’est net d’impôt. Donc même s’il y a des inconvénients, il y a aussi des avantages.

Des inconvénients ?

Oui, le fait d’être loin de ta famille, te sacrifier et découvrir une autre culture du football. C’est autre chose et au début c’est pas évident. Mais bon, il faut s’adapter, c’est pour ça que j’ai signé un contrat d’une longue durée pour rester dans ce pays qui m’a adopté.

T’as passé une saison en 2ème division suisse, c’était comment ?

Ça a été un passage très court, j’ai pas eu vraiment de chance. Je suis arrivé en cours d’année, j’ai fini la saison et le club où je jouais (FC Beaulmes, ndlr) est tombé en 4ème division à cause de problèmes financiers. Exactement, comme Strasbourg cette année. Du coup, je me suis retrouvé sans club. Six mois après, je signais en CFA à Viry-Châtillon.

Le centre de formation de Nantes à 12 ans, puis celui du PSG à 15 ans, ça a été de belles expériences ?

Pour moi, ça a été une chance inouïe. C’est là que j’ai appris les bases du foot, mon hygiène de vie, avec à la fois des entraînements stricts, l’école, manger, dormir, la musculation. Mais à Nantes, ils ne m’ont pas fait signer pro, ça veut dire qu’ils n’ont pas cru en moi donc j’ai pas envie de leur faire de la pub ! A 15 ans, j’ai atterri à Paris, ça s’est bien passé. Le problème là-bas, c’était la forte concurrence avec des joueurs comme Mamadou Sakho ou Tripy Makonda à mon poste (latéral gauche, ndlr). Quand tu vois la carrière qu’ils font, tu comprends que mes chances étaient minimes…

A l’âge de 15 ans, tu as choisi la sélection algérienne. Pourquoi ?

Tout simplement parce que ce sont eux qui sont venus vers moi. Depuis j’ai fait toutes mes classes avec cette sélection et ça se passe bien. La preuve : je suis maintenant international espoir et j’ai été engagé par un club algérien.

Et l’équipe de France ?

Ben personne n’est venu me voir…

Paris ça te manque ?

J’essaie d’y aller le plus souvent possible, mais bien sûr que ça me manque. Athis surtout, ma famille et mes potes.

A 21 ans, t’as déjà fait 5 clubs différents. Déjà presque une carrière ?

En fait oui, ça m’a apporté beaucoup de choses parce que chaque expérience a été différente. J’ai fait les centres de formation, la Suisse, l’Algérie. Et peut-être que ça continuera. Mais en signant pour trois ans et demi ici, j’ai choisi un peu de stabilité. C’était enrichissant d’avoir tous ces clubs, mais le plus dur dans le football, c’est de retrouver un employeur à chaque fois.

Et dans l’avenir, tu te vois où?

D’abord en équipe d’Algérie. Il y a les Jeux Olympiques dans un an et je suis international espoir. On va tout faire pour se qualifier et aller à Londres en 2012. Et d’ici les trois ans à venir, l’objectif, c’est de progresser à Sétif et viser la sélection A de l’Algérie.

Et un retour en France ?Honnêtement, je l’envisage pas pour le moment, parce que je ne pense pas que je trouverai les mêmes conditions que j’ai en ce moment à Sétif. Et puis, je me sens bien en Algérie, mais plus tard peut-être. Un retour à Paris, par exemple, ça se refuserait pas…

Propos recueillis par Anthony Cerveaux

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