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Hayley, le cœur et la Raso de l'Australie
Victime d'une terrible blessure au dos il y a cinq ans, Hayley Raso figure aujourd'hui comme l'une des têtes d'affiche d'une Australie qui ne connaît pas encore ses limites. Boostée par une relation très forte avec sa famille, la nouvelle ailière du Real Madrid a de quoi faire trembler le Danemark.
« J’ai envoyé un texto à ma mère pour lui dire qu’il y avait une pleine lune, elle m’a répondu que c’était un signe et que nous allions gagner. » Avant même le début des hostilités face aux championnes olympiques canadiennes, l’Australienne Hayley Raso savait qu’il s’agissait d’un jour où elle allait briller. Durant l’échauffement des Matildas à l’AAMI Park, un regard jeté vers le ciel lui avait permis d’apercevoir une pleine lune dans le ciel australien. Mère et fille partagent cette petite superstition, au point de l’avoir tatouée sur leur bras gauche. « C’est notre truc : chaque fois qu’il y en a une, nous nous l’envoyons l’une à l’autre », a confirmé Renaye, la maman, au Daily Mail. La prophétie s’est concrétisée, Hailey a claqué un doublé en 40 minutes chrono avant d’être élue joueuse du match, plaçant l’Australie sur les bons rails pour aller valider son billet pour les huitièmes de finale de son Mondial.
La famille avant tout
Le clin d’œil est beau et en remontant dans le temps, l’histoire l’est encore plus puisque celle qui a signé au Real Madrid début juillet revient tout simplement de l’enfer. Il y a cinq ans, l’ailière n’était même pas sûre de pouvoir un jour remarcher, victime de trois vertèbres cassées à la suite d’une collision avec la gardienne Aubrey Bledsoe en août 2018. Mais l’Australienne s’est accrochée, comme toujours : suite à des mois de rééducation mentalement et physiquement éprouvants, elle a retrouvé son meilleur niveau. Au point de devenir l’une des forces majeures des Matildas aujourd’hui.
An emotional goal for @HayleyRaso. 🫶
Beautiful moments, presented by @Xero. pic.twitter.com/mgyArw7mGp
— FIFA Women's World Cup (@FIFAWWC) August 1, 2023
Entre-temps, elle a aussi eu le temps de s’adonner à d’autres choses. Comme à la parution d’un bouquin nommé « Hayley’s Ribbon » (les rubans d’Hayley, en VF), en référence à ces accessoires qu’elle porte à chaque match dans ses cheveux et confectionnés par sa grand-mère, qui souhaitait la reconnaître à la télévision. L’ouvrage, destiné à un jeune public, évoque l’enfance d’Hayley, durant laquelle elle n’avait pas une très haute estime d’elle-même. Ces rubans lui ont notamment permis de s’émanciper, comme s’ils étaient le signe d’un soutien familial inconditionnel lui offrant la possibilité de s’exprimer totalement sur les terrains de football. Et pour boucler la boucle de cette famille Raso hyper unie, Hayley reverse 50% des bénéfices des ventes de l’ouvrage à l’association HeartKids. La seule organisation, en Australie, qui se consacre au soutien des familles touchées par des maladies cardiaques congénitales ou acquises pendant l’enfance. Lachlan, son petit frère, avait lui-même été touché par l’une de ces maladies et avait dû être opéré à cœur ouvert en 2015.
Sale caractère et progression tardive
Cette capacité à constamment repousser les limites, et à se relever quoi qu’il arrive des déceptions, se ressent à l’évidence dans son style de jeu. Mark Parsons, son ancien entraîneur à Washington et à Portland, le raconte d’ailleurs dans les colonnes du média australien Keepup : « Elle a une mentalité qui lui permet de se donner à 100 % chaque fois qu’elle est sur le terrain, elle serait prête à rentrer dans un mur pour son équipe. Elle vous donne des maux de tête parce qu’elle est une joueuse difficile à gérer, mais j’ai tellement de respect pour elle et pour la qualité qu’elle apporte sur le terrain… Je n’aimerais pas jouer contre elle. » Belinda Wilson, responsable au sein du département développement du football féminin de la FIFA, n’est pas étonnée non plus par la progression récente de Raso, qui a dû bourlinguer avant de connaître Manchester City ces deux dernières années et prochainement la capitale espagnole : « Je ne suis pas surprise qu’elle soit partie et qu’elle joue dans les meilleurs environnements possibles, car c’est ce qu’elle recherche. Elle se nourrit de cela, parce qu’elle veut s’améliorer. Elle veut devenir l’une des meilleures joueuses, non seulement en Australie, mais aussi à l’échelle mondiale. La façon dont elle se place dans ces environnements est une vraie marque de son caractère en termes de qui elle est. » Et quoi de mieux, pour s’affirmer encore un peu plus, que d’avancer le plus loin possible dans cette Coupe du monde à la maison avant d’aller terroriser les défenses espagnoles à la reprise ?
Par Alexandre Lejeune