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Hatem Ben Arfa : la dernière promenade de l’Anglais
Après six mois cauchemardesques à Newcastle puis Hull City, Hatem Ben Arfa va tenter la relance à Nice, un club qui a tout autant besoin de rebondir que lui. Retour sur les raisons de son retour en France.
Le 1er septembre dernier, quand il signe en prêt à Hull City dans le money time du mercato, Hatem Ben Arfa est persuadé que tout ira bien. Il vient de quitter un calvaire nommé Alan Pardew et rejoint un coach qui croit en lui, un projet de jeu qui se veut ambitieux et un public curieux de le voir à l’œuvre. Tout semble réuni. « Juste après sa signature, il a eu une discussion avec Steve Bruce, nous expliquait son conseiller Michel Ouazine en septembre dernier. Avec Hatem, il a évoqué l’arrivée et l’impact d’Éric Cantona à Leeds puis Manchester, et lui a fait comprendre qu’il pouvait avoir la même importance pour Hull. Cela a vraiment été un moment fort. » Fort et fugace. Car si l’international français étrenne ses nouvelles couleurs avec sérieux et application pendant un petit quart d’heure contre West Ham le 15 septembre, il n’a jamais le temps de vraiment trouver ses marques.
L’occasion manquée à l’Emirates Stadium
Le 20 septembre contre Newcastle, il est inéligible, car malgré son statut de paria, les Magpies ont exigé qu’il ne puisse être aligné. Le 24 en revanche, il délivre sa première – et seule – passe décisive en League Cup contre Wolverhampton, un ballon en profondeur pour Brady qui prend à défaut quatre défenseurs sans pour autant permettre aux Tigers de se qualifier. Sept matchs plus tard, Ben Arfa fait une dernière apparition contre Manchester United : perdu sur le terrain – comme la plupart de ses coéquipiers -, le Français est sorti au bout de 35 minutes. La fin de l’idylle. Si l’on doit pointer une tournant, il s’agit probablement du match contre Arsenal le 18 octobre. À l’Emirates Stadium, l’ancien Lyonnais est positionné en numéro 10 derrière l’attaquant de pointe Hernandez. Le rôle plus ou moins promis par Bruce, et peut-être le match le plus abouti pour Ben Arfa : des replis défensifs pertinents, des choix collectifs intelligents à défaut de coups d’éclat individuels. Une nouvelle palette à son jeu : la passe efficace, « le domaine sur lequel il travaille le plus aujourd’hui et sur lequel il pourrait en surprendre plus d’un » rappelait Michel Ouazine à l’automne. Le fameux tournant, il se produit en fin de match, alors que Hull mène 2-1 et semble tenir son exploit : héritant du ballon dans sa moitié de terrain, Ben Arfa exécute une longue ouverture dans la profondeur pour le nouvel entrant Ramirez. Le ballon arrive où il le devait, mais l’attaquant perd son duel avec Szczezny… Arsenal revient à 2-2 et sans cette passe qui aurait pu être décisive, la performance de Ben Arfa reste correcte, mais finalement quelconque.
« Steve Bruce a assassiné Hatem »
La face du monde n’aurait peut-être pas changé avec une victoire à l’Emirates, mais Steve Bruce y aurait alors réfléchi à deux fois avant de déclarer le Français « indigne du club » suite à la déroute d’Old Trafford. Pour Michel Ouazine, « Steve Bruce a simplement assassiné Hatem » car il avait besoin d’un fusible pour se justifier des mauvais résultats. « Avec Hatem Ben Arfa, il faut toujours tout expliquer » avait déclaré l’ancien défenseur de Manchester United, « un hommage à l’intelligence » du joueur selon son conseiller. « Hatem a été recruté pour un certain projet de jeu, et en cours de route, Steve Bruce a décidé de répondre aux mauvais résultats en adoptant un jeu plus direct et aérien. Hatem, qui a toujours été honnête avec ses entraîneurs, lui a expliqué qu’il ne se sentait pas utile pour l’équipe dans un tel schéma, qu’il avait besoin de recevoir le ballon dans les pieds. »
La der de crédibilité à Nice ?
L’histoire se répète pour le Français, mis de côté par Alan Pardew en fin de saison 2013-2014 pour avoir été le seul à oser critiquer le système de jeu de son équipe, lors d’une causerie où le coach de Newcastle avait justement demandé à ses joueurs de faire part de leurs réserves. « Steve Bruce a su utiliser les problèmes d’Hatem à Newcastle, sa belle tête de coupable, pour lui faire porter le chapeau pour la plupart des maux de Hull en cette première partie de saison. On verra s’ils s’en sortent mieux sans lui » analyse Ouazine. Si Hatem Ben Arfa n’a probablement pas tout mal fait avec les Tigers, les chiffres lui donnent cependant tort : en neuf matchs disputés avec Hull, le Français a été absent lors de la seule victoire – contre Crystal Palace – et subi deux nuls et sept défaites. Pour une seule passe décisive et zéro but. À Nice, où il va s’engager cette semaine, Hatem Ben Arfa n’aura donc pas le droit à un nouvel échec. Sinon, sa cote pourrait définitivement chuter, alors que cet hiver de nombreux clubs, dont Hambourg et deux poids lourds brésiliens, sont venus aux nouvelles. Nul doute que Claude Puel ne l’a pas fait venir sur la Côte d’Azur sans une petite idée derrière la tête. Reste à savoir si, au soleil de la Ligue 1 qu’il avait quittée il y a plus de quatre ans, nous allons voir un Ben Arfa ne sachant pas faire accepter sa différence dans un vestiaire ou un Ben Arfa qui la crée sur le rectangle vert.
Par Nicolas Jucha