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Hatem Ben Arfa, en silence
Après un Euro à oublier, Hatem Ben Arfa est retourné dans son nouveau chez lui, au nord de l'Angleterre, où il a retrouvé son jeu. Mieux, après une saison dans le rôle de joker, il est devenu titulaire chez des Magpies qui ne sont qu’amour pour lui.
C’est peu dire qu’Hatem Ben Arfa a encore vécu un été compliqué. Revenu de l’enfer après le passage de la faucheuse De Jong, un Euro raté a suffi pour gâcher tous les efforts entrepris pour s’acheter une bonne conduite. Pas facile de faire croire qu’on a changé quand on balance du texto pendant qu’un sélectionneur vous cause. De quoi alimenter, pour un petit moment encore, le débat autour du garçon le plus clivant de sa génération.
Hatem le maudit, Hatem qui sourit
Pourtant, à Newcastle, c’est tout l’inverse. Hatem serait attachant, poli et gentil. Alan Pardew ne se modère jamais au moment d’évoquer son protégé. Au point d’en parler comme du « meilleur joueur de l’équipe » . Rien que ça. Au point même de continuer à chanter ses louanges dans le Guardian. « Il est très concentré, très appliqué et beaucoup devraient s’inspirer de son comportement. Cela ne l’empêche pas d’être un peu rebelle parfois. Mais vous ne savez jamais ce qu’il va faire sur le terrain. C’est le facteur X de l’équipe, et à ce niveau, c’est très important d’avoir quelqu’un comme ça. Je ne pense pas que beaucoup de joueurs aient cette capacité actuellement, mais Hatem l’a. Ferguson m’a dit un jour que c’était ça qui différenciaient des autres les deux meilleurs joueurs qu’il a pu entraîner : Cantona et Christiano Ronaldo. Tout est dit. » Oui, on parle bien d’Hatem Ben Arfa.
Quand il évoque le comportement des joueurs de la nouvelle génération dans le dernier So Foot, Didier Deschamps pense très fort à HBA . « Tout ce qui a été dit depuis 2010 autour du football français est exagéré. On a fait des joueurs des sales types qui ne pensent qu’à l’argent et qui se foutent de l’équipe de France. Alors que la quasi-totalité – pour ne pas dire la totalité – sont des bons gars. » Début septembre, son coéquipier Yohan Cabaye ne semblait pas dire autre chose : « Tu connais vraiment les personnes quand tu es au quotidien avec eux. Tu les découvres en dehors du football. C’est le cas, on se voit souvent en dehors. L’image qu’il a montrée pendant l’Euro, ce n’est pas Hatem Ben Arfa. Je l’ai connu pendant un an. Peut-être que la compétition, l’envie de bien faire, le stress, ont fait qu’il a réagi ainsi. » Après le défouloir collectif de juin dernier, ces deux témoignages permettent d’introduire une certaine mesure dans le débat sur le garçon. Les personnes qui côtoient Hatem en parlent donc comme d’un chic type, un bon gars.
Loin des yeux, loin du cœur ?
« Je suis vraiment content d’être de retour ici. J’adore ce club et les supporters. Je les aime et ils m’aiment. » Forcément, à Newcastle, où il est apprécié, Ben Arfa s’éclate et redécouvre l’ambition. « Tous les joueurs restent. Si nous nous sentons bien, nous pouvons peut-être terminer dans le top 4. Pourquoi pas ? Pourquoi ne pourrait-on pas dire que l’on sera champion ? Tout est possible. » Finalement, Hatem Ben Arfa a enfin trouvé ce qu’il lui fallait : un coach qui le comprend, un club qui se structure avec des ambitions, une équipe qui grandit, et lui comme pion central de cette croissance tout juste amorcée.
Titulaire ponctuel l’an dernier, il a cette fois démarré tous les matchs de championnat et les a presque tous terminés. Avec deux buts à la clé, dont cette frappe indécente contre Aston Villa. Mais qu’il se rassure, Didier Deschamps – avec qui il entretenait une relation tumultueuse du temps de l’OM – a affirmé qu’il serait, au même titre que les autres parias, sélectionnable. En attendant la main tendue du sélectionneur, Hatem peut enfin se construire, loin de la France. En silence.
Par Antoine Mestre