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Hasta siempre, comandante Lucho
Neuf ans après son arrivée sur le continent européen, Lucho González a fait ses valises. Direction le Qatar, où un contrat juteux l'attend. Il laisse derrière lui de beaux souvenirs, mais aussi un casse-tête...
Porto est en deuil depuis samedi. Son commandant, Lucho González, a précipitamment quitté le navire pour rejoindre le club d’Al-Rayyan au Qatar. Un départ aussi douloureux qu’imprévisible pour le peuple portista d’autant que quelques jours plus tôt, l’intéressé envisageait encore de terminer sa carrière chez les Dragons. Langue de bois, l’Argentin ? Peu probable quand on sait à quel point il aime le club et sa ville. De fait, Lucho lui-même ne s’attendait certainement pas à partir. Pas plus que Paulo Fonseca, qui l’avait convoqué pour la réception de Maritimo en Coupe de la Ligue ou ses coéquipiers, qui comptaient encore et toujours sur leur capitaine pour les guider vers de nouveaux titres. Mais malgré le brassard, malgré les attentes et l’amour du public – qui d’ailleurs comprend la décision du joueur -, l’Argentin ne pouvait pas refuser une pré-retraite d’un an et demi à 4,5 millions d’euros. Car il ne faut pas se leurrer. À 33 ans, l’ancien Marseillais arrive au crépuscule d’une carrière rythmée par des buts, des caviars, quelques sélections et surtout pas mal de titres.
Lucho et Lisandro comme « les deux doigts de la main »
Comme pour bien des gamins en Argentine, cette carrière commence sur les potreros de Buenos Aires, que Lucho qualifie lui-même de champs de patates. « Pour te donner une idée des conditions de jeu, il nous arrivait de jouer à 14 contre 14 sur un terrain un peu plus petit qu’un vrai terrain de foot » , racontait le commandant dans le numéro 103 de So Foot. Huracán le matin, potreros l’après-midi, telle est la recette qui permet au petit Luis Oscar de se faire un nom dans son pays. Après avoir gagné le championnat de D2 avec son club de toujours en jouant attaquant, El Comandante débarque à River Plate. Là-bas, il se sacre champion d’Argentine à deux reprises et se paie le luxe de planter quelques pions face à Boca. La classe et la vista du milieu de terrain séduisent le FC Porto, qui voit en lui le digne successeur de Deco. Pinto da Costa sort le chéquier et se paye une histoire d’amour à 3,6 millions d’euros.
La romance entre Lucho et sa nouvelle ville ne commence pourtant pas de manière idéale : « Peu après mon arrivée à Porto, on nous a donné une voiture à Lisandro et moi pour nous déplacer en ville un soir. Licha et moi, on en a profité pour faire un tour et visiter les lieux, sauf qu’on a fini par se perdre. On ne savait pas comment rentrer à l’hôtel, donc on a tourné en rond pendant plusieurs heures avant d’abandonner. On a laissé la voiture dans un parking et on est rentrés en taxi. Le pire, c’est qu’aujourd’hui, je sais où on s’est perdus. C’était à quoi… maximum 500 mètres de notre hôtel ! » Il ne le sait pas encore, mais le gars avec lequel il sillonne les rues de la cidade invicta va devenir son meilleur pote sur et en dehors du terrain. Entre 2005 et 2009 au Portugal, le football est un sport qui se joue à onze, où Lucho délivre des caviars pour Lisandro et à la fin, c’est Porto qui gagne. Le duo Licha-Lucho rafle quatre titres de champion du Portugal et finit même par s’en lasser. 2009 marque la dissolution du tandem, bien que ces deux-là demeurent en réalité inséparables. En quittant Porto, il se sont retrouvés en Ligue 1, et voilà qu’ils se croisent à présent en terres qataries.
L’héritier
Pendant que Lucho González et son vieil ami s’amuseront au Qatar, le FC Porto devra résoudre un problème (la succession) qui en sous-tend d’autres. Le premier concerne l’identité du digne héritier. Sur ce terrain, il devrait y avoir lutte entre Steven Defour et Josué, avec un léger avantage pour le premier, qui possède des capacités physiques et tactiques un poil plus intéressantes que le Portugais. Annoncé sur le départ avant la sortie de Lucho, le Belge a vu Porto refuser une offre intéressante de la part de Fulham il y a quelques jours. Tout porte donc à croire que Defour – qui pourra enfin évoluer à son poste de prédilection – sera chargé de substituer son ancien capitaine.
Vient ensuite le problème du brassard. Le défenseur Maicon, désigné capitaine lors du dernier match des Dragons, n’est pas une option viable. Il est en concurrence avec l’habituel titulaire Otamendi. Restent Hélton, Fernando, et Quaresma. Le premier a déjà porté le brassard mais se fait vieux et ne devrait pas tarder à retourner au pays. Il peut dépanner sur le court-terme, mais pas plus. Fernando a la gueule du patron, mais sauf miracle, il devrait s’envoler vers un grand championnat. Au final, Ricardo Quaresma pourrait bien hériter du statut de leader sur le terrain du fait de son ancienneté au club et de son âge. Mais Porto peut aussi craindre de ne pas réussir à remplacer son commandant. Ça ne serait pas la première fois que le champion en titre éprouverait quelques difficultés pour trouver un successeur à son maestro. Le FCP avait notamment dû attendre un an après le départ de Deco pour trouver Lucho. À Defour, Josué et compagnie de prouver que les supporters portistas n’auront pas à patienter autant cette fois-ci.
Par William Pereira