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Hassan Ahamada : « J’aime bien tailler des haies »

Propos recueillis par Marius Le Moual

Avant de sublimer des jardins, Hassan Ahamada (42 ans) a foulé ceux de la Ligue des champions avec le FC Nantes. Aujourd'hui paysagiste, l'ancien attaquant mène une vie assez proche de celle qu’il avait auparavant, où l'anonymat et le taillage de haies ont simplement remplacé les matchs face à Ruud van Nistelrooy et David Beckham.

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Hassan Ahamada n’est pas n’importe qui. Champion d’Europe U18 en 2000 (génération Nicolas Penneteau, Bernard Mendy, Philippe Mexès, Djibril Cissé et Hervé Bugnet), l’attaquant a également soulevé la Coupe de France avec Nantes en 2000 et le trophée de champion de France un an plus tard dans une équipe qui grouillait de joueurs formés au club. Parmi eux, Mathieu Berson, son grand ami, qui, bien des années plus tard, l’a contaminé de sa passion pour le métier de paysagiste. Entretien avec un homme qui a décidé que la deuxième partie de sa vie se passerait loin du football. Mais plus près que jamais des pelouses.


À quoi ressemble la journée type d’un paysagiste ?

En ce moment, je me lève le matin à 7h30 pour être chez le client sur les coups de 8h. On a une pause d’une heure à midi où on mange à la boîte, chez le client ou dans le camion pour terminer à 17h. On arrive en ce moment dans la période où il commence à faire à peu près beau et où on s’imagine un peu plus dehors. Les gens veulent que leur pelouse soit tondue, que les haies soient taillées, que les terrasses soient nettoyées pour recevoir du monde et profiter. Autant les équipes de création peuvent rester plusieurs semaines sur le même chantier, mais nous, on peut juste venir pour tondre. On est beaucoup plus mobiles.

Vous êtes donc exclusivement concentré sur l’entretien ?

Oui. J’ai aussi fait un peu d’élagage, mais sans monter dans les arbres, juste être homme de pied, c’est-à-dire aider le gars qui est en hauteur, dégager les branches ou assurer la sécurité. C’est assez varié, et j’aime ça. Parfois, on peut aller sur des surfaces énormes à la débroussailleuse… On ne reste pas sur la même tâche pendant plusieurs semaines parce que ça devient rébarbatif. C’est ça qui est intéressant dans la boîte où je suis, on touche à tout.

C’est mon meilleur ami, Mathieu Berson, qui m’a donné l’envie de faire ce métier-là. Il s’était lancé avant moi, et comme je ne savais pas trop quoi faire après le foot… Je ne voulais juste pas rester dans le milieu du foot.

Comment vous est venue l’idée de faire ce métier ?

C’est mon meilleur ami, Mathieu Berson, qui m’a donné l’envie de faire ce métier-là. Il s’était lancé avant moi, et comme je ne savais pas trop quoi faire après le foot… Je ne voulais juste pas rester dans le milieu du foot. Je suis resté presque deux ans sans rien faire, mais c’était un peu compliqué socialement, même si on apprécie dans un premier temps de se poser et de ne rien faire. J’ai eu l’opportunité de rapidement intégrer ce milieu-là. J’ai appris sur le terrain, et ça doit faire dix ans que je fais ça. Je voulais un métier en extérieur avec de la mobilité et du contact avec les gens, et ça me convient parfaitement.

 

Vous aviez déjà cette fibre manuelle avant ?

Non, je n’ai jamais été un grand bricoleur. Mais quand je faisais du foot, je prenais du plaisir à tondre, sans savoir que j’allais faire ce métier, mais finalement, j’aimais déjà bien le jardin. C’est un métier qui colle bien avec ma façon de voir la vie.

Il y a un engin que vous adorez utiliser ? 

Je dirais le taille-haie. J’aime bien tailler des haies parce qu’on voit tout de suite un résultat bénéfique pour le jardin. Quand on arrive dans un super jardin, on prend beaucoup de plaisir. Quand il est dans un état catastrophique, un peu moins.

Vous prenez du plaisir à travailler sur un terrain de qualité, c’est finalement un peu comme au foot où on va préférer jouer sur une belle pelouse que sur un champ de patates ?

Oui, c’est finalement tout un environnement : jouer dans un stade plein avec une ambiance de folie plutôt que dans un stade moribond où il n’y a personne et où le terrain est bosselé. Même si l’environnement est exceptionnel, on a toujours envie d’apporter sa petite touche et de le rendre encore meilleur. Mais on prend aussi un certain plaisir à travailler sur un chantier de mauvaise qualité parce que le résultat ravit les clients. C’est une fierté.

Votre père était joueur semi-professionnel à Brest dans les années 1970 et aussi soudeur à l’arsenal. N’y a-t-il pas un lien entre ses deux professions et votre reconversion ?

Au niveau du foot, c’est sûr ! Il m’a énormément suivi et poussé dans le foot quand j’étais jeune. Mais sur mon second métier, je ne sais pas. Je suis parti jeune de chez mes parents, je n’avais pas d’activité bricolage avec mon père, il ne m’a pas emmené sur ce terrain-là. Quand je leur ai dit que je voulais être paysagiste, il n’y a pas eu de surprise. J’étais assez atypique à travers ma façon de fonctionner quand j’étais joueur de football, puisque je n’étais pas forcément passionné. Ça peut paraître bizarre, mais quand on arrive au niveau professionnel, ce n’est plus vraiment un plaisir ou un loisir comme on peut le voir en étant plus jeune. Ça devient vraiment un métier à part entière. C’est limite chacun pour sa pomme. C’est pour ça que j’étais assez décalé, je faisais autre chose quand j’étais chez moi, je côtoyais des gens hors du foot.

Vous n’avez jamais tenté quelque chose dans le foot ?

J’avais supervisé des matchs d’équipes adverses, mais je n’ai jamais fait de coaching. On m’a proposé de reprendre l’équipe de mon fils à Carquefou, mais ça ne m’a jamais tenté.

Vous revoyez des anciens coéquipiers de Nantes ?

Hormis Mathieu, Sylvain Armand surtout. Ils sont mes deux amis les plus proches. J’ai aussi de très bons amis comme Nicolas Gillet, Frédéric Da Rocha. Tous ces gars-là sont à Nantes, donc on arrive à se voir assez souvent. C’est le fait de gagner des choses ensemble qui a marqué nos vies, ça crée des liens. Je dis souvent que je n’ai pas trop de souvenirs des matchs, même si le titre de champion de France m’a marqué. Mais ce sont tous les à-côtés vécus avec les proches, comme les mises au vert et le temps passé en dehors des matchs et des entraînements, que je retiens le plus. Le terrain n’était que la finalité du travail de la semaine.

Qu’est-ce qui vous déplaisait dans le foot professionnel ?

C’était toujours un plaisir de jouer, mais ce n’est pas la même chose que lorsqu’on est gamin. Après, c’est du jugement extérieur, ce sont des notes dans le journal, ce sont plein de choses qui ne sont pas toujours agréables à vivre. Ça t’enlève cette insouciance et ce plaisir. Tout ça dépend des personnalités, mais ça ne colle pas forcément avec la mienne. J’aurais aimé faire un match de football et que personne ne connaisse le résultat ou ma performance. Ça m’est déjà arrivé de jouer un week-end alors que je n’avais pas forcément envie d’y aller.

Je me souviens de l’équipe de Manchester United avec Beckham et Van Nistelrooy, c’était un autre niveau.

Parmi les grands rendez-vous de votre carrière, lesquels vous ont le plus marqué ?

Je me souviens d’un déplacement à Galatasaray avec une sacrée ambiance ou de l’équipe de Manchester United avec Beckham et Van Nistelrooy, c’était un autre niveau… À Galatasaray, c’était une ambiance très pesante, on savait qu’il ne fallait pas rigoler en regardant les supporters. Et pourtant ce n’était « que » Nantes, donc pas un gros match non plus. C’est comme quand j’ai joué à Bastia, c’est plus agréable de jouer pour eux que contre eux !

Il y a quelque chose qui vous a marqué depuis que vous avez commencé votre nouveau métier ?

Lors de mon arrivée dans ma première boîte, j’ai vécu un concours pour être meilleur maître-jardinier de France et j’ai assisté à leur victoire, un superbe titre. Et dans la boîte où je suis, ils ont gagné ce titre en 2019. Je considère, donc que j’ai deux titres dans le paysage !

Vous suivez toujours le foot ?

Je vais souvent à la Beaujoire pour y emmener mon fils. Mais je ne regarde pas vraiment les matchs à la télé, j’ai du mal à rester fixé devant un match, il faut que je sois avec du monde, qu’on discute et qu’on jette un petit coup d’œil de temps en temps. C’est parfois long 90 minutes…

Le jeu à la nantaise ? On le retrouve de moins en moins parce que même dans les grandes équipes, c’est beaucoup plus individualisé et athlétique qu’à l’époque.

On vous reconnaît lorsque vous allez à la Beaujoire ?

C’est assez calme et ça me convient. Quelques personnes peuvent me reconnaître et ça fait partie du jeu, mais on peut aussi être tranquilles et ne croiser personne. Au travail, les gens ne font pas forcément le rapprochement. Mais ça m’est déjà arrivé d’être reconnu, et les clients sont très agréables. Je coupe court lorsqu’ils essayent de parler de foot parce que j’aime bien qu’on fasse la part des choses.

Quel regard portez-vous sur le milieu du foot aujourd’hui ?

J’essaye de me mettre à la place des joueurs qui vivent avec leur temps, mais je n’aurais personnellement pas aimé jouer à cette époque-là avec les réseaux sociaux et tout le reste, même s’il y en a qui font avec et qui arrivent à garder leur intimité tout en étant connus.

Parlez-nous du FC Nantes de l’époque.

C’était clairement une famille. Le club était axé sur le centre de formation, et on se connaissait tous à travers les équipes jeunes. Les contacts étaient établis avant d’arriver en équipe première. Le jeu à la nantaise ? On le retrouve de moins en moins parce que même dans les grandes équipes, c’est beaucoup plus individualisé et athlétique qu’à l’époque. Nous, ça courait les uns pour les autres tout en sachant qu’on n’allait parfois pas toucher le ballon. On partageait cette vision du football. Aujourd’hui, on attend d’avoir le ballon, puis on essaye d’en faire quelque chose.

 

Le FC Nantes joue une finale de Coupe de France samedi contre Toulouse. Vous allez la regarder ?

Bien sûr ! Je pense inviter quelques amis, j’espère allumer le barbecue s’il ne fait pas trop mauvais, et on va regarder ça tranquillement. Avec une victoire puis le maintien, il n’y a pas le choix de toute façon.

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