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Hasan Salihamidžić, le retour aux sources
Un an après le départ de Matthias Sammer, le Bayern Munich a enfin nommé son nouveau directeur sportif : Hasan Salihamidžić. Un choix qui paraît surprenant, puisque l'ancienne gloire du club n'a aucune expérience dans ce domaine, mais qu'Uli Hoeneß assume à 100%.
« Je n’ai pas le sentiment d’être un choix par défaut. » D’emblée, Hasan « Brazzo » Salihamidžić a tenu à remettre en place les journalistes venus en conférence de presse pour le titiller sur le nombre de refus qu’aurait essuyé le Bayern Munich avant de le choisir comme directeur sportif. « Cela était très clair pour moi lorsque j’ai accepté ce poste, celui de mes rêves » , a-t-il même ajouté. Malgré ces belles paroles, Uli Hoeneß et Karl-Heinz Rummenigge, eux aussi présents lors de la conférence de presse, ont dû jouer la carte de l’honnêteté et avouer que, comme l’avait rapporté la presse allemande, de nombreuses personnes (dont Max Eberl et Philipp Lahm) avaient préalablement refusé ce poste. Mais une fois ces aveux formulés, les deux comparses ont tenu à rassurer. L’ancien joueur du Bayern, au palmarès long comme le bras (six Bundesliga, quatre Pokal et une C1), fera très bien l’affaire. « C’est un homme honnête, travailleur, loyal et qui est très sociable. Il est proche de nombreux joueurs, parle cinq langues et possède un super réseau. Nous sommes confiants. Il va faire un très bon boulot » , a assuré Rummenigge de son habituel ton sentencieux.
Le déclic en une nuit
Depuis le départ de Matthias Sammer l’an passé, le Bayern était en mal de direction. Remporter la Bundesliga a bien évidemment été une formalité, mais les échecs en Ligue des Champions et en Pokal ont laissé des traces. Au point de faire changer d’avis les dirigeants du club, qui n’étaient pas certains de vouloir le remplacer aussi vite. « Lorsque Matthias Sammer est parti, nous pensions que cela irait. Mais ces derniers mois, il est devenu clair que nous avions à nouveau besoin de quelqu’un à ce poste » , a résumé Uli Hoeneß. Ce quelqu’un sera donc Hasan Salihamidžić. Un choix surprenant compte tenu de son manque d’expérience à ce poste, mais qui s’est imposé aux hommes forts du Bayern comme une évidence lors de la tournée asiatique du Bayern durant laquelle « Brazzo » servait d’ambassadeur. « C’est Karl-Heinz qui a eu l’idée et je n’y ai réfléchi qu’une seule nuit. En me réveillant, cela a fait clic dans ma tête » , a affirmé le président du FCB. Jusqu’en 2020, le Bosnien sera donc le capitaine du vaisseau bavarois. Comme Matthias Sammer avant lui, son rôle sera capital. « Aucune décision ne sera prise sans son consentement » , a affirmé Rummenigge, qui n’a pas manqué de rappeler aux sceptiques que l’expérience n’était pas forcément gage de qualité. « Lorsqu’Uli est rentré dans la direction du club, il n’avait jamais été que joueur auparavant. Et regardez où nous sommes aujourd’hui. »
Revenir aux fondamentaux
Durant la conférence de presse, Karl-Heinz Rummenigge et Uli Hoeness n’ont cessé de rappeler le passé bavarois d’Hasan Salihamidžić. Comme pour légitimer leur choix, mais surtout mettre définitivement un terme aux années Guardiola. Certes couronnées de succès en Allemagne, ces dernières ont laissé un goût amer dans la bouche de certains supporters qui l’ont accusé, sans doute de façon trop virulente, de dénaturer l’ADN de l’Étoile du Sud. « Avec Hasan, l’idée est de revenir aux sources, auMia San Mia (Nous Sommes Nous, en français). Et qui connaît mieux le club que lui ?, a lancé Hoeneß. Pour moi, il est la pièce du puzzle qui manquait pour faire de nouveau une bonne saison. » Une bonne saison, comprendre gagner la Ligue des Champions. Gagner des trophées, faire peur à nouveau sur la scène continentale, et dans le même temps réanimer le centre de formation et l’identité bavaroise de l’équipe première, tel est le sacré boulot qui attend Salihamidžić. En nommant une personne assez jeune (40 ans) à ce poste, Hoeneß et Rummenigge préparent de toute façon déjà l’avenir. Agés respectivement de 65 et 62 ans, les deux hommes sont plus proches de la retraite que d’autre chose. Choisir un homme du sérail, comme eux ont été choisis pour les mêmes raisons en leur temps, perpétue en plus la tradition. Alors que tout le monde attendait un gros nom, le Bayern a surpris. Mais comme l’a expliqué Lothar Matthäus, « les choix surprenants peuvent devenir des coups de maître. » Encore plus au Bayern Munich qu’ailleurs.
Par Sophie Serbini