ACTU MERCATO
Harry Kane-Tottenham, rupture imminente ?
À Tottenham depuis 2004, où il court désespérément après un trophée sans jamais parvenir à poser la main dessus, Harry Kane semble décidé à quitter les Spurs et tourner une page dans sa carrière cet été. Attendu ce lundi pour reprendre l’entraînement avec Nuno Espirito Santo et ses coéquipiers, le buteur des Three Lions a semble-t-il séché. Après dix-sept ans d’une idylle sans concession, voilà une relation qui pourrait se terminer sur de bons gros éclats de vaisselle contre les murs.
Un club dont l’un des joueurs majeurs souhaite partir doit-il absolument le garder, quitte à aller contre sa volonté, ou bien respecter l’histoire et la relation qui les lie et le laisser partir en souvenir du bon vieux temps ? Dans son vaste bureau, Daniel Levy doit être en train de retourner ce dilemme dans sa tête. Depuis sept saisons et son explosion au plus haut niveau, le dirigeant des Spurs peut compter sur un Harry Kane qui s’est affirmé comme l’un des meilleurs buteurs d’Europe, et sans aucun doute de l’histoire du club londonien. Malgré les photos d’un autre temps qui montrent un jeune Kane rondouillard arborer le maillot de l’ennemi juré Arsenal, le natif de Walthamstow, en périphérie de Londres, est devenu au fil des saisons une légende absolue de Tottenham. Une légende qui, alors qu’il vient de fêter son 28e anniversaire, veut se faire la malle.
City en embuscade et prêt à faire sauter le PEL
Comme relevé ce lundi par les médias britanniques, le numéro 10 des Spurs, qui était attendu pour sa reprise de l’entraînement trois semaines après la désillusion d’une finale d’Euro perdue face à l’Italie, ne s’est tout simplement pas présenté. Un nouvel épisode inattendu pour enrichir le début d’une saga d’un transfert qui promet de rythmer le dernier mois de mercato. Depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, Harry Kane ne cacherait plus ses envies de départ de la capitale londonienne, dans un club où il a certes été formé mais où il n’a pas encore posé la main sur le moindre titre. Que l’un des meilleurs attaquants anglais de l’histoire affiche le palmarès d’un joueur de seconde zone est une anomalie dont, a priori, plus grand-monde ne peut se satisfaire, Kane en tête.
Visiblement prêt à faire exploser son record de transfert pour saisir cette opportunité, Manchester City (qui n’a jamais dépensé plus de 76 millions d’euros pour un seul joueur, en l’occurrence Kevin de Bruyne en 2015) est le club le plus fréquemment cité pour accueillir HK9, alors que les rumeurs faisaient état d’un transfert qui ne pourrait se régler qu’autour de 150 millions de livres (environ 175 millions d’euros, à en croire le plus récent taux de change livre/euro). Champions d’Angleterre la saison passée, mais incapables de se défaire de Chelsea en finale de la Ligue des champions, les Citizens ont également des vues sur le milieu offensif d’Aston Villa Jack Grealish, dont le price tag est relativement inférieur (100 millions d’euros). Que le transfert de l’un aboutisse ne serait pas une surprise, mais que City fasse sauter la banque pour boucler ces deux signatures le même été serait déjà plus surprenant. D’autant que les Skyblues n’ont pas vraiment eu pour habitude ces dernières années de s’entêter dans des négociations sans fin avec des clubs déterminés à leur faire payer la taxe « club pétrolier » .
Entre puissants
À part les finances qui ne sont pas sans limite de City, le seul obstacle entre Harry Kane, qui cherche « désespérément » à se tailler d’un club qui a la lose chevillée au corps, et Tottenham est la posture des dirigeants, qui n’ont absolument aucune envie d’être ceux qui auront laissé filer la légende du coin. Et encore moins pour le laisser entre les mains d’un concurrent. Particulièrement dur en affaires, le président Levy a réaffirmé à la fin de la dernière saison sa volonté de « défendre à tout prix les intérêts du club », en tête desquels conserver Harry Kane et avec lui les espoirs d’enfin arracher un trophée.
Après le départ en catastrophe de José Mourinho en pleine saison dernière, le président des Spurs a choisi de confier le destin de son club à Nuno Espirito Santo et surtout Fabio Paratici, ancien de la Juve et premier directeur du football de l’histoire de Tottenham. Deux hommes dont le travail sera décisif pour tenter de faire changer Kane d’avis. Avec un contrat le liant à son joueur pour encore trois saisons, Tottenham n’a pas l’urgence de vendre et peut demander une coquette somme. Mais en amorçant un petit mouvement de révolte ce lundi, Harry Kane a fait un premier pas vers une rupture en catastrophe avec son club de toujours et rappelé qu’aussi puissants soient-ils, certains clubs peuvent vite se retrouver affaiblis face à des joueurs de plus en plus puissants eux-mêmes. Que se passe-t-il quand une force inarrêtable rencontre un objet inamovible ? On va enfin avoir la réponse.
Par Alexandre Aflalo