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Happy birthday, Diego !

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Happy birthday, Diego !

53 ans pile, aujourd'hui. Diego Armando Maradona est toujours en vie. Un sacré miracle très rock'n'roll quand on y pense…

Diego « Keith Richards » Maradona

Comprendre que Maradona est encore en vie, c’est se souvenir des moments pénibles où le monde entier a bien cru qu’il allait y passer pour de bon. C’était en avril 2004, le Bibendum barbudos épuisé par tous ses excès avait lutté plusieurs jours entre la vie et la mort dans une clinique de Buenos Aires. En mars 2007, une autre alerte avait failli l’envoyer ad patres après un nouveau malaise dû à d’alcool, à la boulimie et à l’abus de cigares. Mais, là encore, il s’en était remis. Miraculé ou bien force de la nature ? Les deux… Pour le numéro Spécial Maradona (N° 50, novembre 2007), on avait rencontré Agustin Pichot, le grand capitaine rugbyman des Pumas argentins. Agustin, qui avait naguère croisé El pibe deux-trois fois au pays, nous confia, encore impressionné : « Si toi et moi, on avait pris tout ce que Diego s’est envoyé… Madre ! On serait déjà morts depuis longtemps. » Ceux qui ont lu l’autobiographie de Keith Richards (l’excellent Life) ne manqueront pas de faire le parallèle entre les deux monstres sacrés, l’un du rock et l’autre du foot, donnés plusieurs fois pour morts… Dans sa bio, Keith raconte les seventies où il était devenu le « walking dead » number one ( « le gars promis à une mort très prochaine » ) : toute la presse était prête à annoncer son décès, les paris officiels étaient même ouverts. C’est la même attente de charognards qui escorte depuis quelques années l’existence de Maradona, dont on guette parfois la fin avec diligence. Un truc pas facile à vivre, comme le confessait un Keith à la fois bravache mais quand même miné à son époque par cette pression morbide. Concernant Diego, comme pour pas mal de personnalités borderline (ou malades) sa nécro est déjà prête, y a plus qu’à dater et signer…

Déjà, en juillet 2009, un incident macabre avait mis en émoi les medias français : le site de L’Equipe avait annoncé la mort d’El Diez. Une bug informatique en avait été la cause, comme l’expliquera Stéphane Bitton, rédac’chef du site : « C’est un vieil article qui date de 2003. A l’époque, Diego Maradona était donné cliniquement mort par l’AFP, et comme tous les médias, quand quelqu’un de connu va mal, on prépare des nécrologies qu’on ne publie pas. Cette fois-là, c’est exactement ce qu’on a fait. Nous avons un système de publication à vide. L’article est publié, mais n’est pas visible sur le site. Les moteurs de recherche ont, malheureusement, moyen de faire remonter ces pages inaccessibles. » Avant-hier, un tweet a enflammé les réseaux « asociaux » ( « Maradona vient de nous quitter. RIP » , publié sur le site de microblogging mardi). Une info-rumeur immédiatement démentie par l’entourage du Pibe. En 2007, suite à une autre annonce publique de sa mort, Maradona avait tenté une mise au point que n’aurait pas reniée Keith Richards himself : « On m’a fait mourir de nombreuses fois. A aucun moment, je n’ai été sur le point de mourir. Et je ne veux pas mourir, je veux vivre. »

Diego rate le coach…

Pas facile d’être après avoir été… Comme pour Keith Richards et sa musique, c’est la passion pour le ballon qui a d’abord sauvé Diego du temps où il était joueur. C’est la suite, l’après-carrière, qui a été plus compliquée. Souhaitant rester dans l’univers du foot, Maradona s’essaye depuis presque 20 ans à faire le boulot de coach. Avec plus de bas que de hauts, n’ayant malheureusement pas comme l’autre génie Johan Cruyff la science pédagogique et la patience humble (savoir se mettre au niveau de joueurs qui n’ont pas son immense talent). Diego galère depuis sa parenthèse enchantée où il a drivé la sélection argentine (2008-2010). Le bilan n’était pas exécrable, loin de là (quart de finale au Mondial 2010), mais les doutes sur ses capacités à faire progresser un groupe et une raclée mordante face à l’Allemagne (0-4) ont eu raison de sa volonté de poursuivre. Son passage à la tête de l’Albiceleste a néanmoins contribué à sa résilience. Son vieil ennemi, l’immonde Julio Grondona, boss de la fédé argentine, lui aura au moins fait ce cadeau magnifique : coacher l’Argentine. Pendant deux ans, Diego a vécu pleinement, il a attiré à nouveau la lumière, jusqu’à éclipser parfois son équipe, à commencer par Messi… Diego aura donc réalisé l’un de ses vœux les plus chers en entraînant l’Argentine, un sacré truc qui prolonge la vie, délestée de cette frustration suprême (combien sont-ils en Argentine tous les techniciens ou ex-grands joueurs qui rêveraient de se voir confier les rênes de l’Albiceleste ?)

Depuis le Mondial 2010, on retiendra son passage foireux au club d’Al Wasl, à Dubaï (2011-2012). Une expérience qui n’aura pas vraiment satisfait son envie de coacher au plus haut niveau. Car Diego reste accro et souffre du manque… VRP de sa propre personne, il avait prospecté en Angleterre dès octobre 2010 à la recherche d’un club. Dans un pays marqué par la main de Dieu, une vague piste l’avait envoyé à Aston Villa. Après son éviction d’Al Wasl, il s’était même positionné pour coacher l’Irak, alors bien en vue pour la qualif au Mondial 2014 : Diego rêvait (rêve encore ?) d’être présent au Brésil l’an prochain ! En mars dernier, la France du Foot s’était agitée en découvrant que Maradona serait peut-être le successeur de René Girard à Montpellier. Une piste que confirmera Loulou Nicollin avant de rompre toutes négociations avec les « émissaires » de la star… En mai, une rumeur l’envoyait sur le banc du Napoli, à la place de Walter Mazzari, en partance pour l’Inter. En août, il s’est offert un intermède comique en devenant « coach mental » du Deportivo Riestra (D5 argentine) : engagé pour apporter son aura aux joueurs, il avait « fait gagner » son premier match au club. Champagne ! Et, sinon ? Rien, pas grand-chose… Il garde toujours un œil sur Messi, qu’il avait à nouveau plombé en février dernier, histoire de bien rappeler qui est le vrai boss : « J’aimerais que Messi donne à l’Argentine un nouveau titre mondial. Mais ce ne sera pas facile car, maintenant, tout le monde le connaît et son jeu aussi » … Diego est aujourd’hui en stand-by, il vit à Dubaï, salarié en tant qu’ambassadeur sportif des Emirats arabes unis.

Résilience publique

Lors d’un récent passage à Milan, le 18 octobre, dans les locaux de la Gazzetta dello Sport, il est venu présenter au cours d’une conférence de presse une collection de DVD sur sa carrière, El Pibe de Oro. Comme Pelé, il entretient bien sûr lui aussi sa légende. Il a aussi sûrement fait sa promo de coach dispo dans un pays qu’il rêverait sans doute de reconquérir. Problème : le fisc italien ne le lâche plus. Et la justice transalpine ne rigole pas vraiment : suite à son ancienne condamnation en 2005, il doit verser 37,2 millions d’euros, dont 23,5 d’intérêts pour fraude fiscale… Cette galère sans fin le rend a priori tricard pour toujours en Italie : tant qu’il n’aura pas remboursé, on le voit mal coacher en Italie, là où il conserve un semblant de crédibilité en tant que technicien (Diego sait parfaitement jouer de l’engouement toujours vif don il jouit à Naples auprès des supporters). L’idole n’a plus que ses yeux pour pleurer : « Je suis persécuté au pays des impôts. J’ai seulement offert de l’amour aux gens et du spectacle sans jamais faire de mal à personne, mais en subissant des méchancetés. Voilà la seule vérité, que bientôt tout le monde pourra lire dans le livre que je vais publier dans le monde entier. » On attend le bouquin avec impatience…

Mais le moment vraiment intéressant de la conf’ de presse qu’il a donné pour la Gazzetta, c’était l’évocation, à nouveau, de sa période trash, de la dope. Là réside également le secret de sa longévité : Diego a toujours assumé totalement ses penchants autodestructeurs. Sauf qu’à la différence du commun des mortels, sa résilience s’opère à travers une thérapie publique, touchante mais gênante : « J’ai fait pleurer mes filles et la compagne de ma vie qui est Claudia. J’ai fait du mal à beaucoup de gens. Mais je n’ai emmené personne avec moi. Tout le mal que je me suis fait, je me le suis fait tout seul. Je veux dire aux enfants qu’ils ne touchent pas à la drogue. C’est une addiction trop moche. Dans quatre mois, je fêterai mes 10 ans sans prendre de drogues » . Diego survit donc à coups de confessions impudiques, sachant qu’il est encore beaucoup aimé et qu’il lui sera aussi beaucoup pardonné. Il a la chance d’être aimé et de pouvoir gérer psychologiquement une exposition intime permanente (on sait tout de sa vie privée, qu’il étale parfois avec ostentation). Tant mieux pour lui… Et puis, à 50 ans passés, il est devenu père pour la quatrième fois. Un garçon, Diego Fernando. Un souffle de vie, une fenêtre sur l’avenir. « On m’a fait mourir de nombreuses fois. A aucun moment je n’ai été sur le point de mourir. Et je ne veux pas mourir, je veux vivre. » Qui en doute encore ?

– Par Chérif Ghemmour

PS : Pas de Qatar 2022 aujourd’hui. Juste une dédicace à Lou Reed. Le Velvet, Transformer, Berlin, bien sûr… Ecoutez son album New York (1988). Romeo had Juliette : première chanson, premiers accords et ça décolle direct sur ces mots : Caught between the twisted stars / the plotted lines the faulty map / that brought Columbus to New York…

Les notes du derby OL-ASSE

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