- Euro 2016
- Gr. B
- Russie-Slovaquie (1-2)
Hamšík, le Continental
Le virtuose du Napoli a sorti le grand jeu face à la Russie, avec une passe décisive géniale et un but venu d'ailleurs. Si la Slovaquie peut légitimement espérer une qualification face à l'Angleterre lundi prochain, elle doit remercier sa plus belle crête, Marek Hamšík, peut-être parti pour être l'un des gros bonhommes de cet Euro 2016.
« Aujourd’hui, sa performance a été superbe. » D’habitude, les entraîneurs préfèrent évacuer les questions d’ordre individuel pour recentrer sur les vertus collectives. Ce mercredi à Lille, Ján Kozák n’a pas osé. Parce que le sélectionneur slovaque ne sait que trop bien ce qu’il doit à son meneur de jeu à crête. Alors que la Slovaquie, supérieure dans le jeu, concédait malgré tout les meilleures situations à une pauvre Russie, le numéro 17 trouvait une passe lumineuse du rond central et emmenait Vladimir Weiss à l’ouverture du score après une demi-heure de jeu. Certes, l’ailier d’Al-Gharafa finissait le job avec la manière, mais l’inspiration du Napolitain était alors un éclair sous le toit rétracté du stade Pierre-Mauroy. Un délice pour les spectateurs, une libération pour les supporters slovaques, et une grosse claque dans la gueule pour le kop russe, beaucoup plus silencieux par la suite. Mais le meilleur – ou le pire pour les compatriotes de Vladimir Poutine – était à venir juste avant la pause. Sollicité sur corner, côté gauche de la surface, Hamšík fixait ses deux gardes du corps avant d’envoyer une mine. Poteau rentrant face à un Igor Akinfeev impuissant, et nouvelle explosion de joie pour les fans slovaques, massés derrière les cages. La réaction du buteur ? Lever les bras en croix et toiser toute la tribune comme pour dire « c’était prévu » .
Ján Kozák : « C’est un leader »
Auteur de l’un des plus beaux buts du tournoi, fort d’une prestation qui lui a valu le titre d’homme du match, Marek Hamšík a clairement assumé son statut de star slovaque. Pas une surprise pour son sélectionneur, qui le trouve au top avec le maillot national « depuis déjà pas mal de temps, c’est un vrai leader, comme Martin Škrtel » . Le joueur capable de magnifier l’équipe qui a cruellement manqué à Leonid Slutsky, le sélectionneur russe, au milieu de terrain décimé par les blessures. Avec un Hamšík à ce niveau, la Slovaquie peut nourrir quelques espoirs, de huitièmes de finale, déjà, voire d’un exploit un peu plus tard, même si Kozák préfère ne pas fanfaronner : « Je ne sais toujours pas combien de temps on va rester. » Son meneur de jeu n’y pense pas encore. Élu homme du match, il était radieux en zone mixte et salle de presse, préférant éluder les questions sur sa performance personnelle et souligner la force collective d’une équipe qui a proposé un bien meilleur football que l’adversaire russe.
Ján Kozák : « Marek est trop grand pour Naples »
La prochaine étape pour la Slovaquie consistera à arracher sa qualification face à l’Angleterre au stade Geoffroy-Guichard lundi prochain. « On essaiera déjà de faire bonne figure, d’être un adversaire digne » , a assuré un Kozák taquin. Car pour lui, l’effectif anglais « est extrêmement bien fourni en joueurs de haut niveau, donc c’est difficile de pointer des faiblesses » . Malgré tout, il y a bien un joueur qu’il n’échangerait contre aucun autre avec son homologue Roy Hodgson. « Marek est arrivé à maturité sportivement, mais aussi humainement. Je crois qu’il est devenu trop grand pour un club comme Naples. Il mérite de jouer pour un top club européen. » Encore deux ou trois performances de la sorte et nul doute que la crème du foot européen se bousculera définitivement au balcon.
Par Nicolas Jucha, au stade Pierre-Mauroy (Lille)