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Hamraoui : « Aujourd’hui, je suis la seule Française championne d’Europe »

Propos recueillis par Analie Simon
Hamraoui : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Aujourd&rsquo;hui, je suis la seule Française championne d&rsquo;Europe<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Récente vainqueur de la Ligue des champions avec le Barça, Kheira Hamraoui réalise la meilleure saison de sa carrière. Ce dimanche, elle peut aller chercher le triplé championnat-C1-coupe de la Reine, tout en gardant un œil sur OL-PSG et sur la liste de Corinne Diacre, elle qui n'a plus été appelée par la sélectionneuse depuis deux ans.

Tu as remporté ta troisième C1, la première avec le Barça, face à Chelsea (4-0). Est-ce que celle-ci a une saveur particulière, sachant que tu étais titulaire pour la première fois lors d’une finale ? Elle a une saveur particulière, car toutes mes finales ont été difficiles. J’ai été suspendue deux fois (2015 et 2019) et je me suis souvent dit que je ne jouerais jamais une finale de Ligue des champions. Mais je n’ai jamais perdu espoir, et je suis restée positive. Jouer cette finale et la gagner, c’est beau. Mais c’est encore plus beau parce que c’est la première pour les féminines de Barcelone. J’ai participé à écrire l’histoire du Barça, cela a une saveur encore plus particulière. J’ai un sentiment de fierté, envers l’équipe, mais aussi envers moi-même, car je n’ai jamais lâché.

Tu as été très expressive sur les réseaux sociaux. Cette victoire est-elle la plus belle de ta carrière ?Oui je pense, pour le moment. C’est la plus belle dans le sens où j’ai connu beaucoup de difficultés, notamment lors de la dernière finale en 2019, où je n’ai pas pu jouer contre Lyon.

Dirais-tu que c’est une sorte de revanche après la défaite en 2019 face à l’OL ?Ce n’est pas une revanche, car les deux fois où j’ai été suspendue, c’était de ma faute. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Je suis contente que ça me soit arrivé, car cela m’a permis d’être plus forte mentalement et d’encaisser plus facilement ce qu’il m’arrive. Je transforme tout ce que je fais de mal en bien. Je sais que tôt ou tard, les efforts paient, et cela a payé cette année.

Je transforme tout ce que je fais de mal en bien.

Qu’est-ce qui a changé entre les deux finales ?Quand on perd en finale contre Lyon en 2019 (4-1), on s’est pris une claque. On s’est rendu compte qu’on devait travailler plus, tactiquement et physiquement. Lyon était clairement au-dessus. Le coach (Lluis Cortés) a décidé d’en faire plus au niveau physique. Le Barça est réputé pour bien jouer au ballon, alors il a ajouté l’aspect physique. J’ai vu la transformation de l’équipe, et on est clairement plus fortes qu’il y a deux ans. En venant du PSG et de l’OL, j’ai pu apporter mon expérience.

En demies, vous sortez le PSG. Une part de toi ne voulait pas retrouver l’OL pour la revanche ?Je voulais simplement gagner la Ligue des champions, peu importe l’adversaire.

Avec cette victoire, le Barça entre dans l’histoire en devenant le premier club à remporter la C1 chez les hommes et chez les femmes. Comment a été accueillie cette victoire en Catalogne et en Espagne, notamment dans les médias ?Ici, le foot fait toujours la Une. Quand on est arrivés à l’aéroport, il y avait beaucoup de monde et une ambiance de folie. Le président était fier de nous, car nous sommes la première équipe espagnole à remporter la Ligue des champions féminine. Le foot est perçu différemment ici par rapport à la France. Ici, les gens vivent du foot, même chez les filles. Malgré la Covid-19, on sent la présence et l’apport des gens à l’extérieur.

On t’a vu aux côtés de Joan Laporta, le nouveau président du Barça. À quel point a-t-il été important pour l’équipe féminine ?Ça reste un président, et chaque président est présent pour son équipe. Il veut tout gagner avec toutes les équipes du Barça, on l’a ressenti dans son discours avant la finale de C1. Après le match, on l’a senti très heureux.

En tant que joueuse, comment as-tu vécu ces derniers mois au Barça, avec les nombreux rebondissements en interne ?On n’a pas du tout été perturbées, car les féminines n’ont pas été touchées par tout ce qu’il s’est passé. Honnêtement, je n’ai pas senti de différence.

Le championnat espagnol est longtemps resté dans l’ombre par rapport aux championnats français, allemand et anglais. Est-ce parce que les clubs espagnols n’étaient pas performants en C1 ?Je pense, car le championnat allemand a vite explosé avec les succès dès les premières éditions de la C1. Pareil pour le championnat français avec Lyon et Paris qui sont régulièrement en finale. En Angleterre, il y a l’émergence de clubs comme Manchester City ou Chelsea. Forcément, on parlait plus de ces clubs-là. Maintenant, le foot espagnol va commencer à se développer avec notre victoire en C1. C’est que du positif.
Ces dernières années, le championnat se développe avec cette rivalité Barça-Atlético et l’arrivée du Real Madrid…Exactement, les clubs commencent à se développer. Après, beaucoup de filles arrivent à vivre uniquement du football, d’autres non, c’est pareil en France.

En 2018-2019, il y avait 75 000 personnes lors d’un Barça-Atlético !

Est-ce que la performance de la Roja, huitième-de-finaliste face aux USA lors de la dernière Coupe du monde en France, n’a pas déclenché cet intérêt ? Il y avait déjà cet intérêt lors de ma première année ici ! En 2018-2019, il y avait 75 000 personnes (60 000 en réalité, NDLR) lors d’un Barça-Atlético. Il y a plus de monde en tribunes, peu importe le match. C’est quelque chose qu’on voit très rarement en France.

Quelles sont les différences entre le championnat français et espagnol ?En France, il y a beaucoup de licenciés qui viennent au stade sur invitation. En Espagne, les mecs paient pour venir voir les matchs, car ils vivent du foot. J’ai l’impression qu’en France, on ne ressent pas tellement ça. Après, cela a évolué, surtout après la Coupe du monde. J’espère qu’avec le temps, cela va continuer à se développer, malgré cette contrainte de la Covid-19…

Tu es au Barça depuis 2018, estimes-tu avoir progressé ?J’ai totalement progressé. Je ne suis plus la même joueuse. J’ai des qualités que j’avais acquises en France et j’ai beaucoup appris ici. Je suis plus calme dans mon jeu, je me force à poser le jeu. J’ai pris le jeu espagnol, en plus de mon agressivité.
Tu es bilingue maintenant ?Je parle espagnol comme si je parlais français. Quand je suis arrivée, c’était catastrophique, je savais juste dire « Holà ». (Rires.) Heureusement, j’ai passé quelques mois avec Elise Bussaglia, donc cela a facilité mon intégration. J’ai pris des cours pendant quelque temps, avant d’apprendre avec mes coéquipières. Plus on parlait, plus j’écoutais et j’arrivais à comprendre.

Le Barça, c’est le meilleur choix de ma carrière.

Ce départ en Espagne était-il nécessaire pour toi ?Je voulais tenter une expérience à l’étranger et ne pas rester uniquement en France. Je suis quelqu’un qui aime les défis. C’est le meilleur choix de ma carrière. Contrairement à de nombreuses joueuses, le rêve américain ne m’a jamais attirée. D’une part, parce que c’est loin. Ensuite, je suis quelqu’un de très familial, et l’Espagne est proche de la France.

Tu sors d’une saison pleine avec le Barça, tant personnellement que collectivement. Ça tombe bien, Corinne Diacre doit annoncer le 1er juin sa liste pour France-Allemagne. Tu penses avoir ta chance ? (Elle hésite.) Je ne sais pas quoi te répondre, honnêtement. Ça fait trois ans que je ne suis pas appelée (deux ans, NDLR). Je suis tellement concentrée sur mon club, je me dis que si ça se passe bien avec le Barça, le reste va venir. Si je le mérite, je le mérite. Si je ne le mérite pas, je ne le mérite pas. Je suis quand même la seule Française championne d’Europe.

Ta dernière sélection remonte au 4 avril 2019 face au Japon avec une entrée en jeu en toute fin de match à quelques mois de la Coupe du monde. As-tu été surprise de ne pas avoir été retenue par Corinne Diacre pour le tournoi en France ? C’est le choix de la sélectionneuse, il faut le respecter. Que je comprenne ou non, il faut accepter la décision. La réponse est sur le terrain, et si je réponds présente sur le terrain, c’est le plus important. Aujourd’hui, je n’ai aucun regret et je suis fière de moi. Je ne répondrai jamais à telle ou telle pique, car je le répète : la meilleure des réponses est sur le terrain.
Karim Benzema a été rappelé cinq ans et demi après sa dernière sélection, à 33 ans. Tu as 31 ans, c’est un motif d’espoir en vue du triptyque Euro-Coupe du monde-JO à venir ?Si je n’ai pas d’espoir, j’arrête le foot. Le travail paie, quoi qu’il arrive. Ça peut prendre dix ou quinze ans.
Tu as quitté la France depuis trois ans, continues-tu à suivre la D1 ?Je continue à regarder, car mes meilleures amies jouent là-bas. Je suis très attentivement leurs performances, elles font pareil de leurs côtés.

Ce dimanche, il y a OL-PSG, la finale pour le titre. C’est un match particulier pour toi…Je suis dégoûtée, car je joue la finale de la Coupe de la Reine en même temps ! (Face à Levante, NDLR.) J’ai demandé à quelqu’un du club de regarder le match pour moi pour qu’il me tienne au courant du résultat. J’anticipe ta question : que le meilleur gagne !

C’est l’occasion ou jamais pour les Parisiennes de mettre fin à l’hégémonie lyonnaise. Penses-tu que le PSG peut résister à la pression ?Je pense que oui, car aujourd’hui, le PSG a éliminé l’OL en quarts de finale de la Ligue des champions et l’a battu au match aller en championnat. Après, sur un match tout est possible. Les deux équipes veulent ce titre, j’ai hâte de voir qui sera champion. Je voulais vraiment regarder ce match, mais j’ai un triplé à aller chercher, ce n’est pas grave !

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Propos recueillis par Analie Simon

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