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  • France – Ligue 1 – Le joueur de la 27e journée

Hamouma Matata

Par Swann Borsellino
4 minutes
Hamouma Matata

Peut-être est-ce son parcours atypique qui pousse Romain Hamouma vers une discrétion presque maladive. Grand adepte du « vivons heureux, vivons caché », le Stéphanois ne peut plus se planquer. Après avoir connu bien des galères, le gamin de Franche-Comté est devenu l’une des valeurs sûres de la Ligue 1. Sans faire de bruit, évidemment.

Plus question d’être gêné. Plus de complexe, non plus. Si Romain Hamouma a toujours cavalé plus vite que la moyenne, il a souvent traîné derrière lui une caravane de remords et d’inquiétudes. Depuis sa formation au FC Sochaux voisin, le gosse de Lure, petit bled de Franche-Conté, s’excuserait presque d’être bon. Au vrai, il a même longtemps douté de ses capacités. À Geoffroy-Guichard, ce manque de confiance en soi pourrait en faire sourire plus d’un. Oui, là-bas, Romain Hamouma, c’est un type capable de faire Châteaucreux – Place Jean Jaurès plus rapidement que le Tramway numéro 2, en souriant et sans transpirer. Là-bas, Romain, c’est le petit gars accessible capable de passer en revue toute l’équipe de Monaco, d’effacer Toulalan d’un magnifique petit pont et qui a presque l’air étonné de ce qu’il vient de faire. Mais quand certains footballeurs sont devenus spécialistes dans l’art de la fausse modestie et aiguisent plus souvent leur sens de la formule que celui du but, Hamouma l’avoue bien volontiers au micro de Canal + : « Il y a des joueurs qui sont meilleurs que moi en communication, c’est sûr. » Mais si l’intéressé a pour devise « vivons heureux, vivons caché » , c’est aussi et surtout parce que le petit Romain de Lure aurait bien pu ne jamais être le « Hamouma 21 » floqué dans le dos des supporters de l’AS Saint-Étienne. Au fond, Romain Hamouma, c’est comme un réveil d’adolescent le samedi matin. Un truc programmé pour réussir, mais qu’on a longtemps repoussé.

« J’avais le chômage pour faire mes courses »

C’est un matin pas comme les autres dans une vie. Un matin dont on se souvient. Le calendrier indique le printemps 2005 et la ville de Sochaux sort péniblement de l’hiver. Arrivé au centre de formation des Lionceaux en 2001, Romain Hamouma termine son prestigieux cursus aux côtés de précoces comme Erding, Ménez ou encore Josse. Non loin de l’endroit où son père travaille comme ouvrier chez Peugeot, le fils Hamouma voit l’horizon s’assombrir brusquement. Ses potes signent avec les pros, pas lui. « Je suis tombé des nues. Je me retrouvais à poil, un BEP compta en poche, sans avoir ce que j’allais faire de ma vie » , se rappelle l’intéressé dans les colonnes de L’Équipe. La queue entre les jambes, le baluchon sur l’épaule, Hamouma rebondit chez le voisin Besançon, en CFA. Une période difficile pour le jeune homme, obligé de vivre au crochet de ses parents. « Mes parents réglaient mon loyer et j’avais le chômage pour faire mes courses. C’était galères et sacrifices, mais j’avais le principal : jouer au foot » . Matin, midi et soir. Bourreau de travail, Romain bouffe du ballon à l’entraînement, prend du rab en fin de séance avec Besançon et bosse dans le jardin familial où il enrhume les plots aussi tranquillement que les joueurs de CFA. Rapide comme l’éclair mais confiant comme Novak Djokovic au cinquième set, Hamouma se fait remarquer par Laval et découvre le professionnalisme il y a cinq ans, lors de la saison 2009-2010. Depuis, tout va aussi vite que ses contre-attaques.

Légitimité et efficacité

Réussir, Romain Hamouma devait y arriver. D’abord parce qu’il possédait les qualités nécessaires. Ensuite parce que voir ses amis du centre de formation percer chez les professionnels, ça donne envie. L’ailier old-school avait simplement besoin de passer un cap mentalement. De comprendre qu’il était capable, lui qui, à Laval en Ligue 2, puis à Caen au sein de l’élite, avait « l’impression de ne pas être trop légitime à ce niveau-là » . Simple et discret dans la vie, le personnage Hamouma a trop longtemps pris le pas sur le joueur sur la pelouse. De son propre aveu, le Stéphanois était tantôt trop gentil, tantôt trop timide. Du genre à se cacher quand ça devenait trop dur. Du genre à accélérer pour prendre son destin entre ses mains. Le déclic se fait en L1. Auteur deux bonnes saisons avec Caen, Hamouma est courtisé par le PSG – oui, le temps passe vite – et arrive à Saint-Étienne où le déclic se produit. À l’Étrat, Romain l’amoureux du foot rencontre Hamouma le footballeur de qualité. Il réalise qui il est, se débarrasse enfin de sa caravane de doutes. Après quatre ans de CFA, un an en Ligue 2, et deux ans de Ligue 1 en Normandie, Hamouma s’est trouvé. Auteur de 8 buts et 4 passes décisives cette saison, Romain colle sa ligne de touche, se fond dans le collectif, distribue autant qu’il prend et élimine les adversaires au bon souvenir des plots posés dans le jardin paternel. Devenu un incontournable en Ligue 1, l’homme discret est ambitieux mais demeure égal à lui-même. « On m’a élevé comme ça, donc je suis ma ligne de conduite. On peut réussir une carrière sans être sous le feu des projecteurs. » Ce qui ne l’empêche pas de faire bouillir le Chaudron.

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